À la rencontre d’Hylda Gbenou, directrice artistique de Solidays

Hylda Gbenou
@Marina_Viguier

Hylda Gbenou, directrice artistique de Solidays, est une passionnée de musique qui a suivi un parcours atypique entre l’art et les métiers de l’art. Elle a consacré dix ans de sa vie à l’apprentissage du piano classique au conservatoire et a, parallèlement, fait une école de commerce.
Son parcours a connu un mélange entre projets musicaux – compo, chant, solo, tournée, collab dont une avec Manu Chao – et missions en entreprise dans l’industrie musicale.
Après avoir nourri l’ambition initiale / le projet de monter sur scène, elle a fait le choix de passer de l’autre côté, en se consacrant à la gestion et à la programmation musicale. Hylda a saisi une offre d’emploi qui correspondait parfaitement à ses aspirations. Son poste chez Solidays cochait toutes les cases de sa « Check List »
Ce poste, initialement prévu pour huit mois est devenu son engagement sur le long terme. Comme elle le souligne, « il existe mille façons de s’épanouir dans le monde de la musique lorsque cela nous intéresse ».
Ce qui devait être une expérience de huit mois s’est transformée en quinze années d’implication passionnée. La programmation musicale l’a véritablement séduite, car elle fait appel à de nombreuses compétences et permet d’explorer différents domaines.
Solidays étant un festival généraliste, elle affirme qu’il y a « des projets dans le projet ». Chaque année, il faut proposer une nouvelle programmation, sans aucune case prédéfinie. Tout recommence à zéro. Ainsi, l’année précédente, les têtes d’affiche étaient Damso, Ninho et Orelsan. L’objectif principal est de proposer la meilleure programmation possible pour chaque édition. Hylda reste à l’écoute de la jeunesse, qui est aujourd’hui très attirée par le genre urbain. Et cela tombe bien, car « nous adorons ça ».
En dehors du festival, Hylda se consacre à la préparation de la programmation de l’édition suivante. La musique est un mouvement permanent. Actuellement, elle travaille sur la programmation de 2024. Il y a également tout un accompagnement lié à l’accueil des artistes, ainsi que d’autres événements tels qu’un gala qui s’est tenu au Cirque d’Hiver en février de cette année. La programmation est également un aspect important de ce type d’événements.
La programmation d’un festival nécessite des échanges. La musique étant universelle et transgénérationnelle, il est essentiel de se rendre à des concerts et d’écouter les projets qui sortent. La programmation découle de cela, mais aussi d’échanges avec une équipe de bénévoles dédiés. Parmi eux, il y a des personnes de tous âges et de toutes cultures. Il ne faut pas oublier que Solidays est un festival généraliste, ouvert à toutes les générations.
Au fil des années, les têtes d’affiche du festival ont évolué. Aujourd’hui, la plupart des artistes en tête d’affiche en France sont issus du milieu urbain. En 2009, cette tendance n’était pas encore aussi marquée. Hylda souligne qu’ils ne font pas uniquement ce qui est populaire auprès des jeunes, mais qu’ils cherchent à ne pas se limiter. Leur objectif est d’offrir un spectacle à leur public, dont l’âge moyen est de 23 ans. Leur programmation ne relève ni d’une volonté politique ni d’une contre volonté politique ; il s’agit de capter l’air du temps, de l’accueillir avec bienveillance et de faire des paris artistiques.
Depuis toujours, Solidays est un festival généraliste qui mise sur la jeunesse, un créneau correspondant à l’engagement de « Solidarité Sida ». Dans toutes les actions menées, « Solidarité Sida » s’adresse aux personnes habituellement exclues. Ils prennent en compte les problématiques touchant des populations que l’on a tendance à oublier.
Entre 2009 et 2023, l’engagement des artistes n’est pas le même. À tort ou à raison, Hylda estime que les artistes s’impliquent moins sur les problématiques actuelles, ce qui reflète une réalité générale. Aujourd’hui, le rôle du festival est de créer une synergie autour des valeurs défendues par « Solidarité Sida ».
L’édition de 2023 marquera l’anniversaire de Solidays, et de nombreuses surprises sont attendues.
En tant que femme racisée, évoluer dans un milieu qui n’est pas forcément ouvert a pu représenter un défi pour Hylda. Elle affirme que ce que les autres pensent ne doit pas être un frein, elle se concentre sur son travail avec passion et conviction.
Elle reconnaît qu’il y a un manque de représentativité, mais constate également des améliorations. Elle serait honorée si son parcours pouvait inspirer quelqu’un, car à l’époque, il y avait peu ou pas de représentativité.
Hylda souligne qu’il ne faut pas se brider, qu’il faut foncer sans se mettre de barrières. Si quelqu’un a un problème avec une femme racisée, c’est avant tout le problème de la personne en question.
Si elle devait donner un conseil à la Hylda de 2009, qui commence sa carrière, elle lui dirait : « Ose ». Solidays a programmé dès la 1ere édition en 1999, MC Solaar – toujours parrain de Solidarité Sida actuellement. Mais aussi Saian Supa Crew (2002), et dès le début des années 2010 :Diam’s, IAM, OrelSan, 1995, NTM… À l’époque, cela lui semblait évident, même si le genre urbain n’était pas aussi populaire.