Avant de devenir l’un des stylistes de renom de la scène rap en France, Dada Ink a connu un parcours agité. Bien que le Toulousain ne fût pas destiné à une carrière de styliste à l’origine, il fait désormais partie de ceux dont la présence et l’expertise vestimentaire sont convoitées. Retour sur le parcours de Dada Ink.
Tout commence pour Dada dans la ville rose, Toulouse, ville située en Haute-Garonne et fort de près de 500.000 habitants mais qui très vite, paraitra trop petite pour celui qui se définit comme « incompris » par ses pairs « Je portais des kilts, les gens me prenaient pour un fou ! » Un décalage qui se manifeste dès sa scolarité, puisque Dada n’apprécie pas l’école et abandonne dès la 4e au collège.
Il se tourne d’abord vers l’entreprise familiale, puis travaille dans un second temps au KFC, où il s’occupe de la plonge de nuit. « Ce n’est vraiment pas un travail que je recommande aux gens. » Un travail pénible certes, mais nécessaire pour acquérir des vêtements de luxe, des achats qui deviennent rapidement une obsession pour Dada. « Mon argent ne reste que 24 heures sur mon compte, j’ai reçu mon premier salaire de 1300 euros et j’ai acheté une veste Gucci du même montant. »
Afin de se rapprocher de sa nouvelle passion, Dada décide de quitter le secteur de la restauration pour se lancer en tant que peintre en bâtiment à Toulouse. Il apprécie ce travail et en parallèle, il commence à collaborer avec un ami possédant un grand complexe sur Toulouse, où de nombreux artistes et rappeurs viennent se faire couper les cheveux. C’est un endroit où Dada peut rencontrer des gens et peu à peu se faire des contacts. Son apparence atypique et son corps déjà largement tatoué lui confèrent une dimension avant-gardiste et une crédibilité auprès d’artistes déjà plus en phase avec sa mentalité.
Son apparence singulière ne passe pas inaperçue auprès de Guilty (Katrina Squad), qui l’encourage à se rendre à Paris afin d’appliquer sa vision et sa direction artistique. À l’époque, Guilty est proche de Leto et place Dada dans l’un des premiers clips en solo de ce dernier, « Trapstar ». Ce clip marque également la première expérience de Dada dans le domaine du stylisme. Cependant, à cette époque, Dada ne connaît pas encore le métier de styliste.
« Guilty me met dans le clip, mais je n’ai aucune directive, je ne connaissais pas les différents showrooms et il n’y en avait pas beaucoup à Toulouse. Même mon ami du complexe n’était pas très au fait. J’ai donc décidé de perfectionner et de personnaliser des vêtements. »
Sans avoir le temps de trop réfléchir, les voilà tous les deux dans un avion en direction de Paris. C’est sa première expérience et il plonge directement dans le grand bain. « J’arrive et je vois le réalisateur, les personnes qui travaillent pour Rec.118, les caméras, j’étais comme un enfant à Disneyland. » Le tournage se déroule et même si Leto n’approuve pas toutes les tenues, le courant passe bien entre les deux et Dada semble avoir trouvé sa voie. Quelque temps plus tard, il est rappelé par l’équipe de Leto, mais cette fois-ci pour collaborer avec Ninho. Dada prend de l’élan et, en plus de bien s’entendre avec les artistes, ses talents de styliste sont unanimement salués.
Sa confiance grandit, son train de vie s’accélère et il finit par croiser la route de PLK et SCH pour le clip de « Hier ». Un nouveau défi pour le styliste toulousain, qu’il réussit également en très peu de temps. « Ils ne m’ont donné que 4 jours pour le faire, et il faut savoir que PLK était sous contrat avec Puma, donc je ne pouvais pas tout lui mettre. »
Après ce clip, tout s’accélère pour Dada : Niska, Alonzo, Dinor, Franglish, Gazo, Liim’s, Rohff, Kaaris, Lartiste, etc. Il déménage à Paris et exporte ses talents à l’international. Car Dada n’est pas seulement un simple styliste, il ne peut se contenter de cela. Chacune de ses apparitions dans des clips est accompagnée d’un photographe afin de mettre en valeur son travail sur les réseaux sociaux. Le Toulousain de naissance ne se limite pas à une simple présence sur les plateaux pour ajuster les vêtements des artistes, il n’hésite pas à passer devant l’objectif. Cette initiative suscite des réactions, certaines personnes considérant qu’il se surexpose et qu’il ne sait pas rester à sa place.
Très tôt, il a investi en lui-même pour préserver son image de personnalité à part. « J’ai au moins 30 000 euros de tatouages sur moi, je suis tatoué de la tête aux pieds, mais grâce à cela, je sais que je suis atypique. Quand un artiste a besoin de quelqu’un de tatoué dans un clip, pourquoi refuserais-je ? »
Ce côté de sa personnalité pourrait également trouver sa place dans l’industrie cinématographique, un domaine que l’intéressé apprécie et dans lequel il envisage de s’épanouir dans les années à venir…