Depuis quelques années, le rap belge écrit ses lettres de noblesse. Damso subversif et bankable donne la réplique à un Hamza ultra chill derrière Caballero & JeanJass, deux rappeurs complètement décalés. Oui le rap en Belgique est plus créatif qu’en France, car les rappeurs de Bruxelles manquent cruellement de visibilité comparés à leurs coreligionnaires français. Sabri appartient à ce mouvement de libération artistique de la Belgique. A 23 ans, d’origine marocaine, le rap ne verse pas dans Trap, la Drill, ou la Cloud. Il refuse de suivre les tendances, nouveaux diktats de l’industrie musicale, dans un rap Game monocorde qui tourne en rond aplati par les influences américaines.
Sabri se retrouve surtout avec le R’n’B américain, un style que les rappeurs européens n’ont jamais réussi à importer en Europe. Ses parents lui font aussi découvrir à l’époque quelques titres de Vitaa et Diams. Selon cet esthète, il n’est pas nécessaire de verser dans le rap conscient pour transmettre des émotions : « Dans mes chansons, je peux m’inspirer de ma vie personnelle, des histoires de couple tout ça. Mais je peux aussi aborder la tristesse, les trahisons, ce qui arrive à mon entourage. Je fais du Rap conscient à ma manière« . Unique dans la francophonie, Sabri est arrivé dans la musique par hasard. Il ne regrette pas d’avoir délaissé sa carrière de basketteur professionnel du haut de son mètre 84.
Avec « Bendo« , il lance son cinquième titre en attendant un projet qui devrait voir le jour en 2021. La production instrumentale du morceau, on la doit à un certain Joé Dwèt Filé, rappeur « nostalgique aux accents bucoliques » (Pit Baccardi) qui a consacré son confinement à rendre hommage à une certaine Eira, déesse nordique que nos religions ne comprennent pas ici dans le Sud. Joé Dwèt Filé apporte une pointe de douceur à la Pop lancinante du rappeur. C’est une combinaison parfaite après les 4 premiers titres du rappeurs « Doucement« , « Maintenant« , « Elle m’a piqué« , et « C’est Nous« .
Dans « Bendo » comme dans les autres titres, personne ne trouvera d’égotrip gonflé aux protéines de la salle de sport, le rappeur veut avancer sans mentir : « Je veux chanter sans mytho« . Comme les plus belles voix de la francophonie pourtant, ils aiment « les femmes » : « J’aime chanter pour les femmes« . Un projet qui arrive en 2021 pour un rappeur qui refuse de suivre le système, l’industrie, et les tendances.
