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[Dossier] Discussion avec Smeels, un mois après « Par amour et pour le geste » !

 Par amour et pour le geste : une devise qui sied à la perfection à la démarche musicale de son auteur, Smeels.

Originaire de Bordeaux, le rappeur de 23 ans a sorti en avril 2021 ce projet de 13 titres, sans fil rouge évident mais avec une harmonie travaillée.

Cette harmonie s’invite d’elle-même dans nos oreilles, avec des prods toutes mélodieuses, et toutes en parfaite adéquation avec le timbre de voix de l’artiste. Comme Smeels me le confie lui même, « il n’y a pas une prod’ utilisée où je n’étais pas sûr que ça allait matcher avec ma voix », ce projet a été un réel travail d’orfèvre de sélection pour créer une alchimie entre chaque titre.

Grâce à ce travail minutieux et de longue haleine, nous entrons véritablement dans une parenthèse de douceur, de proximité et de réflexion sur soi, sur nos liens avec les autres. 

Cette intimité avec ses auditeurs a été recherché par le rappeur, notamment grâce à différents procédés linguistiques, comme « quand je parle à la deuxième personne, j’ai envie que la personne qui l’écoute se sente concernée donc beaucoup d’utilisation du Tu ».

Après une productivité régulière, avec deux projets récents Very Bad Drip, en octobre 2020 et Selfmade parût en novembre 2019, le rappeur nous prouve avec ce projet là qu’il a bel et bien mûrit dans son travail artistique. Smeels a en effet toujours fait preuve de singularité dans sa démarche artistique, notamment en choisissant le risque d’une autonomie nette depuis ses débuts.

Une volonté personnelle et déterminée d’éviter les travers éventuels d’un droit de regard extérieur, afin de pouvoir « je dois m’exprimer sincèrement, il faut que je sois tout seul : pour qu’aucune maison de disque ne m’impose tel ou tel titre et continuer à faire ce que j’aimais ». 

Une réelle autonomie, un travail particulier sur l’harmonie du projet, un univers intimiste qu’aucun feat ne vient contrecarrer, Smeels crée avec aisance une bulle d’introspection avec ce projet.

Cette recherche d’autonomie, de contrôle sur sa création artistique, Smeels la partage tout de même avec les beatmakers présents sur le projet tels que 9AM, ou encore Benjay et Noxious, montrant que ce self made man sait également bien s’entourer.

Mais si cette autonomie semble avoir bien fonctionné pour lui, il reste prudent sur ce choix de trajectoire, en précisant bien que « ce n’est pas donné à tout le monde de se déterminer et charbonner tout seul de son côté ».

En échangeant à propos de ces différents projets, le rappeur observe de lui-même son évolution personnelle en détaillant « C’est le seul projet où j’ai stressé avant de le sortir, pour celui là : j’avais tellement transpiré que ça aurait été trop décevant si les gens ne se prennent pas la gifle que j’ai imaginé. Ca a été vraiment un casse tête perpétuel qui a duré un an, et c’est pour ça que je dis que c’est mon meilleur projet, là où je me suis vraiment cassé la tête ».

Un projet dont l’écriture était déjà achevée avant le confinement, ce qui lui a permis de ne pas être en panne d’inspiration et d’expériences vécues, dans une période où les contacts et les échanges humains manquaient. Mais si la manière de travailler a pu évoluer, le partage de l’artiste envers ses fans est resté le même : le titre en est la preuve même, qui représente la conception du projet, ainsi que sa volonté de le partager.

Smeels est parvenu alors à proposer un projet personnel, où les thèmes universels qui lui sont habituels à savoir le cash et l’amour sont traités avec justesse, sans jamais tomber dans le cliché.

Puisant dans son vécu et ses ressentis, l’artiste a toujours revendiqué ce côté introspectif et sincère dans l’ensemble de ses sons, comme il me le confie en disant « mais si j’avais écrit en période de Covid : je n’aurais pas eu la même inspiration : le fait que le projet date un peu, de ma confection, ça m’a aidé à avoir un bon résultat. »

Ne pas simuler une vie qu’il n’a pas, un quotidien dont il est étranger, ce souci de transparence permet à son public et à d’autres, de pouvoir déceler chez l’artiste certains traits de caractère, des qualités insoupçonnables parfois.

En effet, notamment au sein des relations amoureuses, le rap permet de se dévoiler, comme l’artiste l’a bien compris « il y a des choses que les gens ont besoin de savoir : certains ne savent pas comment je suis en amour, sur quel piédestal je mets l’amour et la femme. Je pense que ce genre de sujets va permettre de te rapprocher de ton public ».

Un artiste inspiré par l’amour et le cash, qui forment selon lui « deux sujets inépuisables » mais sensible également au monde dans lequel il évolue.

L’art peut être un moyen d’engagement, et ça Smeels l’a bien assimilé : « sans trop s’engager politiquement car nous ne sommes pas politiciens mais rappeurs, mais donner son avis et ne pas rester silencieux ».

La dénonciation et le rap ont souvent allé de paire, N.O.S l’a bien montré en dénonçant la situation des palestiniens, comme tant d’autres avant lui et Smeels a peut être participé à cet élan sans toutefois nous le dévoiler … pour le moment.

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