Par une frêle matinée d’hiver, Saïd (Saïd Tagmahoui) ouvre ses yeux sur un monde qui « brule » dans une cité comme la France en connait beaucoup. On est en 1995. A cette époque, sombre moyen âge de notre mouvement hip-hop, la France ne connaissait pas grand chose aux quartiers. En réalité, elle ne se connaissait pas elle-même.
Bien sûr, « Le Thé au Harem d’Archimède » avait déjà tenté de peindre le portrait de la France qui souffre. Aussi l’hexagone avait connu la « Marche pour l’égalité et contre le Racisme » signal d’alerte pour un gouvernement de gauche apathique. Mais on était loin de la France « Black, Blanc, Beur« , du pain au chocolat de JF Copé et des émeutes de 2005.
Mathieu Kassovitz sort « La Haine« . Le film dépeint le quotidien de trois jeunes de quartiers perturbé par une énorme bavure judiciaire. Dans un contexte franco français pourri par l’affaire Adama Traoré, l’histoire de Hubert Kondé, Vincent Kassel, et Saïd Tagmahoui est un rappel. Oui en 25 ans les choses n’ont pas vraiment changé.
Effectivement, beaucoup de longs métrages viendront dépeindre la réalité des quartiers après « La Haine » avec plus ou moins de réussite cependant. Mais le film récompensé à Cannes comme aux Césars avant même d’être une réalité catapultée aux yeux du monde est aussi un chef d’œuvre autant dans sa mise en scène chronométrée en noir & blanc que dans le choix de ses thématiques aussi loin de l’angélisme et de la sacralisation que d’une damnation de principe des jeunes en question.
Il sort au cinéma pour une dernière tournée le 5 Août.
