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Dinos – 93 bpm & La Janaza d’un frère

Cette année, Dinos a dévoilé son opus Kintsugi. Après une première semaine d’exploitation à 20 000 exemplaires, l’album est certifié disque d’or en avril. Le rappeur vient de sortir deux nouveaux titres extraits de ce projet : 93 bpm et La Janaza d’un frère. Et tous deux ont quelque chose de particulier.

Le premier, plutôt boom bap, reprend le sample et le principe de Une époque formidable de Sinik. Le second, quant à lui, est construit sur une boucle jazz. Le Dinos de Imany (son premier projet) s’adonnait déjà à ce genre d’exercices. Depuis Stamina, et surtout Taciturne, le rappeur s’est orienté vers des morceaux plus actuels, un virage qui l’a propulsé sur le devant de la scène. Pourtant, tout au long de sa carrière, il a su conserver cette fibre introspective, comme en témoignent ses trois EPs sortis avant Hiver à Paris, notamment les morceaux Deido et Amaru.

« Ne me parle plus jamais comme si j’étais le Dinos d’Imany », comme dirait le rappeur du 93. Pourtant, l’artiste reste fidèle à son goût pour l’écriture, une qualité qui fait de lui l’un des derniers représentants d’une génération dite de l’âge d’or, celle qui a toujours privilégié la plume — une génération dont le testament a été trahi.


Dinos signe son biopic, comme Sinik avec 93 bpm

Le titre 93 bpm rend hommage à une époque marquante du rap français, notamment à Une époque formidable de Sinik, mais aussi au morceau de Dinos 93 Mesures, dans lequel il se demande s’il doit aller voir un « boumarra » ou un psy :

« J’peux pas aller chez l’bout-mara parce que j’ai peur du ciel
J’peux pas aller chez l’psy parce que j’suis un mec de tess »

Dinos répond dès la première mesure de son morceau :

« J’suis pas allé chez l’bout-mara, j’suis allé chez l’psy
Mais lorsqu’il a appelé mon nom, j’étais déjà parti
Contradictoire car c’est comme ça qu’Dieu m’a créé »

L’idée est claire : l’artiste réalise son propre biopic, ou peut-être même son requiem, après le succès. 93 bpm s’inscrit dans la lignée des morceaux-confessions de Dinos, où il met de côté l’égotrip pour se concentrer sur sa vie et ses ressentis. On pense notamment à Helsinki, Deido, 93 mesures, ou encore Amaru.

Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le morceau est produit par Steph One, beatmaker déjà derrière Helsinki. Le compositeur travaille aussi régulièrement avec Benjamin Epps, un rappeur qui affectionne les prods à 90 bpm et les textes soignés.

Le titre reprend même le refrain emblématique de Sinik :

« Rappelle-toi, on était jeunes, on n’avait pas la haine
On n’avait pas d’label, encore pire, on n’avait pas d’tals
J’repense à toutes les fois où j’t’ai pas rappelé »

Dinos revient ici sur ses succès, sa nouvelle vie, loin du quartier et des problèmes d’antan :

« On était insolvables, maintenant, on pète les capots
On était des soldats, maintenant, on est des capos »

Mais avec Dinos, il y a toujours une part d’amertume :

« Le poids d’la famille sur l’dos, l’hernie f’ra mal
Parce que même quand on souffre, on fait blehni ça va »


Dinos livre un titre jazzy à la Kendrick Lamar

Le second visuel, La Janaza d’un frère, a été produit par TenBillion Dreams, beatmaker basé à Londres dont la notoriété est croissante. Il collabore notamment avec des rappeurs britanniques comme Ghetts. Le morceau, jazzy, rappelle l’univers actuel de Kendrick Lamar, dans la lignée de ce que Guru avait initié avec ses sessions Jazzmatazz.

Morceau mélancolique, Dinos y exprime une certaine fatalité :

« J’suis déjà mort avant de naître, j’suis déjà vide avant de ken
J’suis déjà ivre avant de boire, il fait déjà nuit avant le soir »

Il répond aussi à son premier morceau, celui où il évoquait sa réussite. Mais ici, il rappelle que ni l’argent ni le succès ne guérissent les cicatrices profondes. Certaines douleurs restent gravées dans l’âme. Et l’argent n’achète pas tout.


Des visuels signés Steven Norel, en noir & blanc

Les deux visuels sont réalisés par Steven Norel, dans un style sobre en noir & blanc, à l’image de Helsinki. Dans 93 bpm, l’artiste déambule dans les rues de Paris après avoir arpenté son 93. Dans La Janaza d’un frère, l’ambiance est plus détendue, installée dans un studio. Steven Norel s’était déjà illustré sur le sublime Sorcière de Tuerie, ou encore sur T’as pas la ref de Benjamin Epps.

ZeZ XXI
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@zez_xxi
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