A quelques mois du début de mandat de Nicolas Sarkozy en 2006, Akhenaton dévoilait « La fin de leur monde« . Un morceau polémique de dix minutes où le rappeur pourfend avec un ton très sarcastique les acquis de notre société. Au titre des observations du rappeur fondateur on trouve : « c’est une révolution cette fois elle est de droite« , et surtout : « est-ce que c’est les barbus qui jetaient l’agent orange sur le Nord Vietnam, non ce sont les boys ! Mais qui peut m’indiquer la justesse d’une cause« .
En mettant en balance, la grande misère dans le monde, les guerres de toutes sortes, le morceau d’Akhenaton a jeté un pavé dans la marre à l’époque. Non le rappeur ne justifie pas le terrorisme devenu depuis plusieurs années dans tous les pays dit « occidentaux » des USA jusqu’à la Russie un épouvantail fourre tout dans lequel on intègre toute formes de rébellion (même certains écologistes sont fichés S en France), mais il précise que c’est dans cette grande misère économique et intellectuelle que l’on trouve le terreau des futurs propagateurs de terreur.
Moins de 20 ans plus tard, il fait son retour sur un titre éponyme et pour ainsi dire voisin. Car en 20 ans rien n’a changé. Le Covid-19 fait désormais trembler ces colosses aux pieds d’argile. Notre société, après sa révolution numérique, plus rapide, plus informé ne tient en réalité sur rien. Provoc, intelligent, le rappeur dépeint en 19 minutes une situation mondiale à la fois atroce et grotesque. Akhenaton te fait recracher la pilule. Composé par ses soins, le rappeur rétablit le véritable rôle d’un rappeur, conscient ou inconscient, qui déclare, obtempère et réfute car quelque part il est le meilleur représentant de la minorité muette.
C’est un titre qui laisse un goût amer dans la bouche, comme un vent glacial qui rappelle au promeneur inconscient par une douce journée ensoleillée que l’hiver n’est pas encore terminé.