Dika, ce rappeur marseillais de 26 ans, fait parti de ceux dont le destin a basculé de manière si inattendu qu’il n’aurait pas pu le présager. En effet, il est devenu en peu de temps une des valeurs montantes du rap marseillais et depuis le 17 Avril son premier album La rue scolarise est disponible. Ses premières armes, il les fait depuis 2014 avec les autres artistes du label 13ème Art dont Naps sur son titre Pochon Bleu qui apparaît à l’été 2016 ou encore Pow Pow Pow qui dépasse les 7 millions de vues. Fin 2018, on le retrouve sur ses « Dikargaison » où les titres comme Illégal, Narcotrafiquant, Trahison ou Danger cumulent des milliers de vues. Il était donc logique de le retrouver sur son premier album La rue scolarise avec en top de la tracklist un titre éponyme.
L rue scolarise est le troisième extrait clipé de son album et fait office de présentation de l’album, de ses featurings et du tracklisting.
Le clip réalisé par Slam Créations, qui s’est également occupé de Sousou de Jul, apporte un concept original car c’est en fait une sorte de bande dessinée animée. Dika est représenté dans une salle de classe avec tous les featurings de l’album Sadek, Omar Santana, AM La Scampia, YL, Fianso et Naps. La salle de classe a l’air en très mauvais état, le mur comporte un gros tag Dika qui empiète sur le tableau et sur le pupitre de ces élèves si particuliers, pas de cahier, ni de trousse mais une arme pour Dika, un plat pour Sadek ou encore une bouteille pour Naps. On voit également la tracklist avant que les personnages s’animent pour représenter le quotidien qu’il décrit, on le voit au quartier face à la police, se faire arrêter par celle-ci ou encore en train de compter l’argent. Le clip se termine sur une marelle un peu spéciale où il s’agit en fait du dessin d’une scène de crime reprenant les contours de la personne qui est décédée, le ciel se trouvant au niveau de la tête. Cela permet de nous montrer que la rue scolarise car c’est un endroit au même titre que l’école où on apprend sauf que c’est un endroit un peu particulier. Sur une instru de RJacks Prodz & Masta, présents dans la discographie de Naps pour Elvira ou encore Drôle de caractère, Dika avec un couplet unique sans refrain va présenter l’album ce qui revient à présenter sa vie, qui il est et ses galères.
Il explique la situation financière précaire difficile « Galérien, on a connu la crise, les fins d’mois : affamé »; Les bagarres, les décès « Tu fais l’voyou avec untel, ils vont revenir à dix heures / Et c’est le drame, quand les daronnes pleurent car leurs fils, ils partent » ; le code de la rue, le fait de pas balancer ; la fume, la prison « Huit heures du mat’, j’ai les idées claires, c’est l’premier pétard / J’pense au poto, il a prit vingt ans mais j’le citerai pas » puis l’escalade dans la violence « (…) à treize ans sur la moto / À seize sous la cagoule »; les contradictions « Jeune démon, on veut la vie d’ange ».
Dans ce morceau, il utilise deux flow différents, un flow plus rap quand il explique les heures difficiles puis, lorsqu’il passe en mode bilan, il s’adoucit et prend un flow plus mélodieux, pour marquer une certaine nostalgie. Parce qu’au final même si il n’était pas bon à l’école il a choisi l’alternative de l’école de la rue pour réussir sa vie et il ne s’en est pas mal sorti « Mauvais élève au fond de la classe pour pas longtemps / J’vais prendre tes lovés et ta place dans pas longtemps /J’vais te prouver d’quoi j’suis capable et pour longtemps ».
Comme il le dit lui même, comment imaginer que le DZ qu’il est, sortirait un jour un album. Tout ce qu’il raconte il l’a vécu et ça vaut le coup d’écouter son récit, ça tombe bien parce qu’on a un album de 17 titres à (ré-)écouter.