Il y a des artistes qui mériteraient plus de considération de la part de l’hexagone. L’ancien rappeur de la Mafia zetrei fait partie de ceux là. Sans doute, Jok’Air est sur le point de clore sa trilogie qui a commencé avec son album « Jok’Rambo » avec « Jok’Chirac » qui sortira le 20 Mars prochain. Ce triptyque artistique avec « Jok’Rambo », « Jok’Travolta » et « Jok’Chirac » représente peut être l’évolution de Jok’Air lui même. Le style de l’artiste originaire du 13 ème arrondissement de Paris est tout simplement indéfinissable. Le seul point commun entre ses titres sont leur énorme richesse musicale. Si Jok’Air définit le mouvement des Lascars dans le titre « Scarla », il s’envole pour un mariage club à « Las Vegas » dans le même album (« Jok’Travolta »). La plupart des artistes contemporains sont amenés à être polyvalents. Mais pour Jok’Air, cette polyvalence n’est pas forcée, elle coule de source. Il fait parfois titres engagés, comme sur « TSN » réalisé par Kévin Still. Un titre fabuleux sur la condition des Afro Français.
Pour le nouvel an dernier, Jok’Air, installé sur un fauteuil en osier, mime l’allocution que tous les présidents français ont effectué depuis le début de la V ème République. Assis devant un poste de télévision il laisse défiler les images traitant des violences policières et de l’islamophobie. Puis il explose son poste illustrant peut-être le malaise de la jeunesse de quartiers qui ne se reconnaît pas dans les diatribes d’Eric Zemmour ou d’Elisabeth Lévy. Un malaise qu’en son temps, JoeyStarr avait déjà exprimé dans le titre « Affirmative Action » en featuring avec Nas : « il y a même plus rien qui nous implique ». Ces sociétés « parallèles » ont même été représentés par Jean-Pierre Raffarin, ancien premier ministre dans sa métaphore de « la France d’en haut et la France d’en bas ».
A ce moment-là, tout le monde imagine que Jok’Air est devenu un rappeur conscient. Non, le rappeur dévoile un posse cut avec Sadek et Alkpote sur « Sa maire aux Mères » à quelques semaines des municipales. Un titre complètement inconscient mais finit sur « Jok’Chirac » dans le clip pour pourfendre les certitudes de la France. Et pour finir depuis quelques heures, le clip de « Pleure pas » a été dévoilé sur le net.
Composé en mode reggaeton par un Medeline qui a la cote, le titre est une ballade amoureuse au pays du soleil. Jok’air usant de quelques notes d’autotune raconte une rupture sans jamais user d’agressivité. Il y a une douceur dans ce « Pleure Pas » qui est aux antipodes de l’énergie et de la brutalité déployée pour « Sa Maire aux Mères ».
Changement radical de style donc pour Jok’Air qui au passage a été nommé au BET Awards aux côtés d’une certaine Aya Nakamura et c’est totalement mérité ! Deux artistes que la France devrait protéger. Le clip réalisé par Julien Gauthier et Skyso dans une ambiance de paradis sur les îles françaises illustre le professionnalisme dont le rappeur fait preuve dans sa direction artistique. Désormais plus rien n’est laissé au hasard.