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Jok’Air – Prends moi cadeau

A défaut de jouer de jouer dans des films, Jok’air nous régale en faisant des clips qui prennent des allures de courts métrages. En effet, le dernier en date est le clip du single Prends moi cadeau, extrait de son troisième album solo Jok’Chirac sorti le 20 Mars. Ce clip fait référence au film Queen & Slim qui raconte un contrôle de police qui vire au drame et est réalisé par Michaël Tavernier qui officie plutôt dans le cinéma, ce qui prend tout son sens lorsqu’on regarde le clip.
Big Daddy Jok est un artiste qui met un point d’honneur à l’esthétique, au sens du visuel dans son travail, il aime également placer des références américaines car c’est ce qui l’a construit. Quand tout le monde portait des TN Jok’air portait des air Force, quand tout le monde faisait du foot, il jouait au basket ; cette culture américaine est omniprésente dans son œuvre et elle apparaît dans ce clip avec la référence au film américain Queen & Slim. Ce film reprend le thème du film Thelma & Louise c’est-à-dire une fuite de deux personnages à cause d’un crime commis dans un état de légitime défense et qui se retrouve à fuir pour éviter la justice, on peut également dire qu’il s’agit d’une réécriture afro américaine de l’histoire de Bonnie & Clyde, ce couple de gangster vivant de braquages et contraints de fuir à travers les Etats-Unis pour échapper à la justice.
Pour Queen & Slim qui sont représentés ici par Jok’air et la rappeuse le Juiice (sélectionnée dans la relève de Deezer), ils se retrouvent impliqués dans le meurtre d’un agent de police lors d’un contrôle arbitraire et injustifié, la référence est encore plus claire à 2 minutes 05 lorsqu’on voit un extrait du film sur une page Youtube. Cette scène permet de dénoncer la discrimination dont sont victimes les personnes racisées par la police, Jok’air qui porte le tee shirt « Justice pour Adama, sans justice vous n’aurez pas la paix » permet de montrer que ce n’est pas une réalité propre aux Etats-Unis mais qu’elle existe également en France.
Pour rappel Adama Traoré est décédé en 2016 suite à un contrôle réalisé par des gendarmes qui, avec la technique du placage ventral, ont entrainé sa mort par étouffement. Et après de nombreuses tentatives de cacher les raisons de sa mort, une récente contre expertise met en lumière la véritable raison, la famille est toujours en attente d’une décision de justice juste.
Jok’air & Le Juiice, tout comme dans le film, ont agi en état de légitime défense et se retrouvent contraint de fuir au cours d’un road trip endiablé car la scène du meurtre a été filmée et ils savent que la justice peut être arbitraire. Ce road trip va permettre de dévoiler les paysages américains désertiques, les longues routes interminables (ce qui peut faire penser au titre Las Vegas de Big Daddy Jok). Malgré cette histoire dramatique, il y a un esthétisme important notamment avec l’utilisation du noir/blanc qui peut également faire référence au système racial avec d’un côté le peuple majoritaire blanc et le peuple minoritaire noir. Comme dans le film ils deviennent le symbole de la lutte raciale et sont pris en modèle par les habitants noirs qui décident de les aider dans leur fuite. Jok’air, qui ne donne que très peu d’interview expliquait sur Clique Talk qu’il souhaite que sa musique lui ressemble et cela signifie ne pas faire des albums politiques, la chanson Prends moi cadeau se concentre plutôt sur la relation qu’il a avec la fille avec laquelle il entreprend cette fuite.
Sur une prod de Shadow prod qui collabore souvent avec Jok’air, c’est une véritable déclaration d’amour, il s’abandonne à sa dulcinée « N’aies pas d’inquiétude, j’irais où tu iras, bébé monte dans l’véhicule ».  Dans ce clip, il met également deux extraits d’autres morceaux de l’album car au début du clip on peut entendre le son Nuit et Jour et à la fin on peut entendre le son Quai de la gare.
Le clip qui se présente comme un véritable court métrage vaut le détour, il permet à Jok’air de se positionner sur des sujets très graves comme les violences policières l’air de rien, en utilisant pour modèle un film américain. Sa musique sert à son image et son image sert à sa musique parce que qu’importe qu’on ait été voir le clip par curiosité ou parce qu’on aime la musique de Big Daddy Jok car au final, on en sort en aimant les deux.

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