Mehdi YZ a accordé un entretien à Rapunchline et revient sur sa mixtape, son univers et ses futurs projets.
A 27 ans, Mehdi YZ écrit ses textes en détaillant la rue, sa rue et y inclut ses propres codes musicaux. Originaire du 5ème arrondissement de Marseille, il est remarqué pendant un Planète Rap sur Skyrock et enchaine avec plusieurs titres clippés et une série de 11 freestyles, atteignant rapidement des millions de vues sur Youtube. Par la suite, il créera son propre label « La puenta records », épaulé par deux amis puis signera sur le label 13ème Art en collaborant régulièrement avec le réputé producteur et beatmaker marseillais, L’Adjoint.
Eminent espoir du rap français, Mehdi YZ mérite aisément le succès qu’il rencontre : la tête sur les épaules, Mehdi YZ sait que seul le travail paye et a la ferme intention de prouver au monde que sa place est bien dans le rap.
R : Comment te présenterais-tu (ta musique et toi) à quelqu’un qui ne te connait pas ?
Mehdi YZ : « Je me présente en tant qu’artiste malgré moi puisque, de base, ce n’était pas prévu du tout. J’ai fait des sons pour rigoler et 5 ans plus tard, lors d’un débat entre amis, je suis devenu rappeur. Je me considère comme quelqu’un d’assez réservé et trop pensif mais avec le temps, je me suis plus ouvert au monde. J’ai toujours été discret donc au départ ce qui m’arrive était un peu bizarre. Par la suite, j’ai su mûrir et développer mon image, je suis toujours resté le même, je fais passer le bon message pour les nouveaux et je rends nostalgique les anciens. J’aime la vie, j’aime la simplicité. Ma musique décrit la réalité de la vie (amitiés, parcours de vie dans la rue, déceptions, victoires, défaites…). »
R : Tu as sorti ta mixtape en mars dernier, est-ce un avant goût d’un éventuel futur album ?
Mehdi YZ : « J’ai sorti ma mixtape « FPVS » en Mars 2021 alors qu’elle devait déjà être sortie il y a un an. J’ai perdu un an pour des raisons personnelles mais mieux vaut tard que jamais ! La suite est déjà prête, je me languis de voir ce que ça va donner. Je me sens, désormais, plus à l’aise dans les mélodies et dans les textes depuis. »
R : D’ailleurs, quels enseignements en tires-tu (maintenant que nous sommes quelques mois plus tard et que tu as plus de recul qu’a sa sortie) ?
Mehdi YZ : « J’ai pu tirer de bonnes leçons grâce à cette mixtape, j’ai pu voir les points positifs et négatifs. Donc, la prochaine recette sera meilleure et ainsi de suite. »
R : As-tu des envies de featurings ?
Mehdi YZ : « A l’avenir, j’espère faire des feats avec des artistes que j’aime bien comme Angèle par exemple ou d’autres artistes étrangers pour agrandir mon public, je pense être capable de grandes choses. »
R : Quel est ton processus d’écriture ? Ton texte vient-il avant ou après la prod’ ?
Mehdi YZ : « Je n’ai pas de processus d’écriture précis, je peux très bien commencer sans l’instru et coller mes phrases. Comme je peux me laisser inspirer par la vibe. Je pense qu’il ne faut pas forcer. Ca vient comme ça vient. »
R : On t’a connu grâce à tes freestyles où tu kickes vraiment. Sur cette mixtape, tu introduis des tracks avec plus de mélodies. Penses-tu, qu’aujourd’hui, c’est indispensable d’ajouter « du chant » et de présenter plusieurs univers sur un projet ?
Mehdi YZ : « Lors de mes débuts, j’avais une envie farouche de kicker, je prenais un certain plaisir à appuyer des phrases poignantes pour faire comprendre que ce n’était pas pour rigoler si je devenais rappeur. Depuis, je dis toujours la vérité dans mes textes, c’est le plus important pour moi. Mais par la suite, beaucoup de gens me disaient qu’ils aimaient mes sons mais qu’ils ne pouvaient pas s’ambiancer dessus. C’était un nouveau public, qui maintenant, se retrouve plongé dans mon univers notamment grâce à des sons comme « Défoncer » ou « Madame » par exemple. Je pense qu’il faut varier les sons sans se perdre : du rap pour les puristes, du rap un peu ambiancé pour les uns et du chant pour les autres. Il y en a pour tous les goûts. »
R : Tu as lancé sur Instagram un concours pour clipper un de tes sons, peux-tu nous en parler ? C’est un concept qui prouve à quel point tu fédères ton public. Comment t’es venu cette idée de clipper dans plusieurs villes de France et pourquoi ?
Mehdi YZ : « Jusqu’au Freestyle 4, j’avais clippé seulement sur Marseille. Donc, je me suis dit qu’il fallait élargir mon public. C’est comme une société qui vend des biens mais qui n’envoie rien par colis, ça ne sert à rien. Ma musique devait dépasser les frontières de ma ville petit à petit. Donc pour l’épisode d’après (le Freestyle 5), je me suis rendu à Toulouse avec mes frères de La Puenta Records pour faire le clip et ce jour là… Bingo ! A notre agréable surprise, plus de 400 personnes nous attendaient, on a compris que toute la France allait écouter du Mehdi YZ. C’est l’un de mes meilleurs souvenirs en trois ans. »
R : D’ailleurs, as-tu un souvenir de tournage marquant à nous partager ?
Mehdi YZ : « Mes souvenirs sont devenus des photos, j’ai du en faire plus de 1000 avec toutes les villes où je suis passé. Par exemple, à Toulouse, je ne peux plus me balader dans le centre ville sans faire de photos. On dirait que j’ai vécu là-bas, c’est un délire. Je me souviens aussi que dans les autres villes, les gens tiraient avec leurs armes pour représenter leurs zones. Y’a que des dingues mais j’ai bien rigolé. »
R : Tu as beaucoup évolué depuis la sortie du Freestyle 0 et « Arrah », aujourd’hui tes ambitions ont-elles changées ?
Mehdi YZ : « Quand j’ai commencé à rapper, je me disais qu’il fallait que je fasse quelque chose de bien dans ma vie et pour mon avenir. C’est chose faite, je ne vais plus faire de choses illégales comme dans mon passé. Aujourd’hui, j’espère juste envoyer mon père et ma mère dans les îles, au moins une fois dans leur vie et leur payer une belle maison à chacun. Après ça, j’aurai une tranquillité d’esprit, espérée depuis un bon moment. »
R : Tu as des concerts/showcases de prévu ?
Mehdi YZ : « Pour l’instant, je ne peux pas divulguer certaines dates mais mon public pourra me voir sur scène prochainement. »
R : Actuellement, tu écoutes quoi ? Peux-tu nous faire découvrir ou redécouvrir un artiste que tu apprécies ?
Mehdi YZ : « En ce moment, j’écoute Morad pour l’été. C’est un artiste marocain espagnol qui représente bien la rue. Il y a de l’ambiance. Sinon, j’écoute vraiment de tout mais j’ai surtout une oreille tendue sur les sons d’avant (les années 90 – 2000). Les mélodies sont indémodables. »
R : Qu’est-ce que l’on peut te souhaiter pour la suite ?
Mehdi YZ : « Souhaitez-vous et souhaitez-moi une longue vie avant tout. Pour la musique, souhaitez-moi d’arrêter la cigarette car je n’ai souvent plus de souffle (rires). Et un aller simple vers le sport, une bonne hygiène de vie et beaucoup de disques d’or. »
R : C’est tout ce que l’on te souhaite. Merci beaucoup Mehdi, pour cette interview.