Après avoir essuyé d’importantes désillusions avec les producteurs français, Kery James a réussi son pari en diffusant « Banlieusard », premier du nom, sur Netflix. Le film a rencontré un succès absolu sur la plateforme de streaming américaine. Le second volet du film va être dévoilé ce 27 septembre. Et selon toute vraisemblance, il ne se contente pas d’être une simple suite du premier. En réalité, le long métrage réalisé par Leila Sy relate l’histoire de trois frères ayant emprunté des chemins différents.
L’aîné est un criminel, le cadet est travailleur, tandis que le plus jeune semble s’engager dans une voie dangereuse. Au milieu de cette fratrie divisée, une mère tente de recoller les morceaux en préservant son héritage culturel. La seule chose qui rapproche « Banlieusard 2 » de son prédécesseur est sans doute la présence des ingrédients d’une tragédie, semés par Kery James. À l’instar de Romain Gavras, qui a dévoilé « Athéna » sur Netflix, Kery James approche son récit comme une tragédie grecque, en y intégrant cette fatalité et ce déterminisme qui étaient l’essence même des Atrides de Sophocle, et qui sont désormais le dénominateur commun des quartiers d’aujourd’hui. L’homme qui a porté la voix des quartiers sur les planches illumine désormais le paysage du rap français par son intelligence, à une époque où les polémiques dictent leur loi.
Le titre « 6 du mat » constitue le premier extrait de la bande originale de « Banlieusard 2 », et par conséquent, le premier avant-goût du prochain projet de Kery James. L’artiste se distingue par son caractère inimitable, car il échappe à toute classification. Sur cette production instrumentale quelque peu hybride, où se mêlent les tonalités du rap et la voix fuyante de Kalash, Kery James multiplie les variations de flow et évoque des images ainsi que des métaphores parfois cruelles pour la jeunesse. En confrontant l’image d’une mère travailleuse à celle d’un jeune voyou, il énonce des vérités que bien des gens préféreraient éviter d’entendre : « Je roule en ML, je la croise à l’arrêt de bus« .
Le clip, chargé de symboles, est signé par la talentueuse réalisatrice Leila Sy. Ce tour de piste de l’équipe de « Banlieusard 2 » laisse présager un petit chef-d’œuvre, une nouvelle tragédie qui définit les quartiers, et donc qui définit la France.