Demi Portion appartient à la génération de rappeurs français qui a émergé après IAM et la Fonky Family. Il a connu le succès auprès du grand public avec la sortie de l’album « Dragon Rash » en 2015. L’artiste a occupé pendant quelques jours les premières places du classement des ventes de disques, surpassant même les Majors. Il continue de rapper « à l’ancienne » avec des textes engagés et soigneusement écrits. Jusqu’à présent, il refuse de céder aux tendances de la Trap, de la Drill ou de la Cloud. D’autres artistes de sa génération, comme Rim’K, ont su s’adapter avec succès aux sonorités modernes, ce qui leur a bien réussi. Mais dans ses textes comme dans sa démarche, Demi Portion défend la « bonne école » du rap français, notamment à travers l’organisation du Demi Festival, véritable temple de l’esprit Hip-Hop, un esprit que même les pionniers du rap américain ont parfois laissé derrière eux.
Il se positionne volontairement comme un vestige du temps où le rap français appartenait à une bande de connaisseurs et de passionnés. Depuis 2019, la musique urbaine est devenue le genre le plus écouté en France. Si c’est une bonne chose pour la popularité du rap, le corollaire évident est que cette musique urbaine actuelle est bien éloignée de ce qu’était le rap français des années 1990. Aujourd’hui, le genre s’inspire davantage des influences américaines. Dans ce contexte, Demi Portion dévoile le single « Ça parle de ». Dans ce titre, il rend hommage à tout le rap du Sud, de Marseille à Sète, dont il est originaire. Sur un remix d’un morceau de la Fonky Family, il arpente le Sud avec un flow percutant et revisite ce qu’a représenté le rap durant son âge d’or.
Demi Portion rend hommage au rap marseillais avec « Ça parle de »!
La composition instrumentale de ce morceau est un remix du titre « Filles, Flics, Descentes » de la Fonky Family, produit à l’époque par La Rat Luciano. Membre incontournable du groupe FF, La Rat Luciano est une légende du rap français. Sur une production boom bap, Demi Portion déroule sa poésie. Ce n’est pas seulement de la punchline : c’est un véritable requiem pour le rap du Sud.
« On joue le match de sa vie, y a que les envieux qui nous sabotent / Je m’en fous d’être un artiste, on partira comme Coluche »
« Ouais, ouais, on fait du rap qui se transforme en poème / Ça va avec comme les quartiers Nord ou le club de l’OM (Han) / Dédicace aux gars de l’ombre qui méritent le soleil / On trouvera des solutions là où tu vois des problèmes. »
Dans le clip, on aperçoit Boss One du groupe 3ème Œil, qui a officié à la même époque que la Fonky Family. Les interprètes de « Hymne à la racaille » (samplé en fin de morceau) ont d’ailleurs sorti un nouveau projet il y a quelques années. Visuellement, c’est une balade dans le Sud, dans cette ville que Jul a popularisée et à laquelle Demi Portion rend hommage dans le clip. Musicalement, il revisite le rap marseillais de la fin des années 1990.
À la fin du morceau, on entend les voix d’Akhénaton et de Keny Arkana, ainsi qu’un extrait du 3ème Œil. Le clip a été réalisé par Léo Htag, graphiste et réalisateur, connu notamment pour avoir conçu la pochette de « Mange tes morts » de Seth Gueko.