Pare Baal dévoile le projet « Ne Pas se Fier à la Couverture » (NPSFLC) !
En 2022, Pare Baal a présenté « Fortitude Sud », un projet à l’esthétique très originale qui détonnait dans le paysage rap actuel, largement influencé par les codes américains. Aujourd’hui, avec « Ne Pas se Fier à la Couverture » (NPSFLC), l’artiste rend hommage à Philip K. Dick, auteur culte de science-fiction des années 60-70. Ce dernier était connu pour ses textes profonds explorant l’identité, la conscience et la nature humaine, bien souvent publiés avec des couvertures aux illustrations énigmatiques. Comme pour les œuvres de Dick, il faut « ouvrir le livre » pour découvrir toute la substance de ce projet, où Pare Baal mêle des sonorités futuristes à une réflexion engagée.
Le premier titre éponyme du projet donne le ton immédiatement. Pare Baal y reprend même la voix off des Psy4 de la Rime dans « Le Message » (extrait de Les Cités d’Or) qui elle-même a été samplée sur le film du même nom, tout en adoptant une posture critique vis-à-vis de l’industrie musicale et de ses représentants. Le deuxième titre, « M.A.O », est tout aussi percutant, marqué par des punchlines mémorables comme : « Ils prendront jamais leur retraite comme Attali depuis Mitterrand » ou encore dans « Anticythère » : « J’leur tire dessus avec des balles antistress. »
NPSFLC : Un opus hétérogène animé par une seule substance : la révolte !
Contrairement à la majorité des rappeurs émergents qui suivent les tendances dominantes comme la trap, la cloud ou la drill (popularisée par Gazo), Pare Baal se distingue par son éclectisme. Chaque composition explore une influence différente, refusant de s’enfermer dans une case. Les beatmakers impliqués dans le projet incarnent cette diversité : LDonthebeat, Hikitaï, Nabil Ifourah, TheNite, Igniti0nbeats, auxquels s’ajoutent des compositeurs plus jeunes comme Lahuissen8 et Wy’zat. Le tout est mis en valeur au mixage par Boris The Blade et sublimé au mastering par Giobbe, contribuant à des arrangements à la fois modernes et vintages.
Mention spéciale à « M.A.O », aux rythmiques changeantes et aux ambiances futuristes évoluant tout au long du morceau, et à « Anticythère », avec un tempo plus posé mais toujours imprégné d’un style ultra moderne.
NPSFLC : Des références puissantes et un discours engagé
Pare Baal est connu pour son franc-parler et sa capacité à aborder des sujets variés avec audace. Impertinent et piquant, il n’épargne ni l’industrie musicale, ni la société, ni les idéologies. Dans « Nouvelle Jérusalem », il lâche : « Faut croire qu’jsuis tout seul donc j’boxe contre l’arbitre. »
Il multiplie les références littéraires et politiques, s’en prenant même aux islamistes dans « Parasympathique », et explore la dualité intérieure du personnage de Fight Club entre Edward Norton et Brad Pitt. Il cite également Le Petit Prince de Saint-Exupéry avec la phrase : « Dessine-moi un mouton électrique », en clin d’œil à Philip K. Dick et sa nouvelle Les Androïdes rêvent-ils de moutons électriques, adaptée au cinéma avec le film Blade Runner.
Entre critique de la société, dénonciation des travers de l’industrie musicale et réflexion sur des thèmes universels comme l’amour ou la vérité, l’album distille une philosophie marquée par la désillusion. Si Kery James décrit la « déception » de la France dans « Meilleurs Vœux », Pare Baal, avec son ton ironique, semble avoir pris la pilule rouge de Matrix : « Je suis dans une forme paralympique » ou encore « C’est en enfer que se trouve le paradis. »
Un projet ambitieux et libéré des contraintes commerciales
L’album est accompagné de clips sombres et conceptuels qui renforcent l’atmosphère du projet. Que Pare Baal, encore en développement, injecte autant de créativité et de profondeur dans son travail prouve qu’il s’affranchit des impératifs marketing pour privilégier l’authenticité. Dans cette quête insensée de vérité au milieu des codes commerciaux et de la musique de consommation, Pare Baal touche un sommet artistique en refusant tout compromis.
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