En 2024, Rohff a dévoilé l’album Fitna, un mot qui désigne la scission au sein de l’islam, notamment entre chiites et sunnites, ou plus largement les conflits internes au sein de la communauté musulmane. Dans ce projet, qui n’a bénéficié d’aucune promotion particulière – comme le souhaitait son auteur –, figure un titre éponyme de 14 minutes.
Dans ce morceau, à l’instar de Regretté, qui demeure un grand classique de Roh2F aux côtés de Génération sacrifiée, l’artiste revient à ce style introspectif qui a forgé sa signature dans le rap français. Il y évoque ses doutes, ses réussites, mais aussi la mélancolie de l’artiste qu’il est : un rappeur qui a traversé les époques, de l’âge d’or du rap jusqu’à aujourd’hui, à une époque où la musique urbaine est devenue le genre le plus écouté en France.
Récemment, Rohff a dévoilé un nouveau single en collaboration avec Lyna Mahyem. Pour l’occasion, le « cauchemar du rap français » délaisse le ter-ter pour une ambiance musicale aux influences orientales. Les connaisseurs ne s’y sont pas trompés : le morceau débute sur des percussions de derbouka et un sample de nahir, un instrument à vent typiquement arabe. On se souvient d’ailleurs que l’un de ses titres phares, Le son qui tue, en featuring avec Natty, comportait déjà des sonorités orientales.
Rohff et Lyna Mahyem chantent pour Madame !
Le ton est à la fête. La composition est signée par Franco III et Abdelkarim El Zaoui. Franco III avait déjà collaboré avec Rohff, notamment sur les morceaux Official et Classic Man (extraits de Grand Monsieur), ou encore sur le titre Loyauté. Entre derbouka, nahir et rythmes orientaux, le rappeur du 94 sort ici de sa zone de confort pour livrer un tube ensoleillé qui dépasse aujourd’hui les 1,4 million de vues sur YouTube.
Pas de punchlines corrosives, ni d’egotrip dopé à la testostérone et à la salle de muscu : ici, c’est que de l’amour.
« Elle a trop de style, la cla-cla-classe, même en jogging
Fini d’jouer les gros mâles aguerris mais trop mal, mais pas dans les dramas
Ce n’est pas une khedema entre les hauts et les bas, j’la chéris comme Baba »
Lyna Mahyem, à l’aise dans tous les styles, s’impose ici comme une partenaire idéale pour ce featuring. La chanteuse, dont le titre 92iveyron vient d’être retiré de YouTube après avoir été signalé par Booba — en raison de son feat avec Rohff, qu’il n’a pas digéré —, est sans doute l’une des artistes féminines qui incarne le mieux une jeunesse de quartier, féminine et fière, qui s’est reconnue en elle et l’a choisie comme porte-voix.
Les thématiques de ses morceaux, qu’il s’agisse de l’amour toxique dans Plus jamais ou des relations à distance dans Jamais, montrent qu’elle sait pointer les vrais problèmes du doigt.
Le visuel, teinté de fête, est signé Nono. Le réalisateur a déjà collaboré avec Gims sur le titre Contact, ou encore avec GLK sur Mehlich.