AccueilClipsRohff - Fitna

Rohff – Fitna

En 1998, Rohff fait ses débuts dans un clip de rap avec les Neg’ Marrons, Mystik, et Pit Baccardi sur « On fait les choses », extrait de la mixtape « Première classe ». La même année, l’emblématique « Le combat continue » de Ideal J sort. Rohff y fait une apparition sur le titre « L’amour » en compagnie de Demon One. Plus de 25 ans après la création de la Mafia K1 Fry qui a honoré le triangle d’or Orly – Choisy – Vitry, Rohff vient d’annoncer la fin de sa carrière avec l’album « Fitna ». Et pour conclure, il clôt sa carrière sur un titre fleuve de 14 minutes.

Rohff fait ses adieux sur un titre fleuve intitulé « Fitna » !

La « Fitna » est un terme arabe désignant la guerre intérieure dans la religion. Généralement, cette expression est utilisée pour qualifier la guerre entre les sunnites et les chiites au sein de l’Islam. Toutefois, ce n’est pas le sens que Rohff souhaite lui donner à travers son morceau éponyme. Il semble que pour lui, cette « Fitna » signifie plutôt « rupture ».

Quoi qu’il en soit, le titre « Fitna » se classe aux côtés des classiques de Roh2f tels que « Regretté » ou « Génération sacrifiée ». Le titre « Regretté », par exemple, est également un titre fleuve. Dans l’un des derniers gros titres de sa carrière, « Fitna », le rappeur du 94 commence par un égotrip qui retrace sa carrière et son influence sur le rap français avec des punchlines détonantes :

    "Génération confondue se réforme et me récite,
    Mes classiques immortels, pas besoin d'album posthume,
    Suffit pas d'être le padre, au sommet faut qu't'assumes."

Rohff regarde le monde et sa « Fitna » !

Dans un second temps, le cauchemar du rap français pose son regard de rappeur assagi sur le monde sur une composition instrumentale signée BXL Beats. Notons que le beatmaker accompagne Rohff depuis son album « Grand Monsieur » sur lequel il signe « Ne me juge pas », « Hall Of Fame » et « Tout passe ». Sur « Fitna », il signe aussi le titre « Ogee ». La composition, galvanisée par quelques notes de piano, est classique. Rohff ne pouvait pas quitter le rap sur un titre Trap. Il revient à ses classiques pour un brûlot anti-système.

Dans la seconde partie du morceau, Rohff juge en près de 5 minutes la situation explosive du monde aujourd’hui. Et tout y passe. L’artiste de Vitry ne prend pas de pincettes pour explorer la modernité, et une forme de moralité religieuse l’accompagne dans ses versets :

    "Tenez l'coup, à trop vivre dans l'haram on y prend goût,
    J'vais pas faire la morale c'est comme un fou qui parle aux fous."

    "Ils ont créé le féminisme pour que hommes et femmes se querellent,
    Que des couples d'animaux, y aura pas d'arche sous l'arc-en-ciel."

    "Comme Poutine, valeurs familiales on prône,
    Ils veulent te réduire à leur modèle qui échangent les femmes dans les baisodromes."

    "Réfus d'obtempérer ou refus de tempérer ? Ils ont tué Nahel,
    On confie des flingues à des flics mal dans leur peau."

Et bien entendu, il évoque plusieurs fois le conflit israélo-palestinien.

Cependant, à l’heure où le Rassemblement National est aux portes du pouvoir, et que la parole raciste se libère de plus en plus en France, on ne peut pas reprocher la teneur des propos de Rohff. Le rappeur est le témoin d’une société. Sans nulle doute, l’artiste vient de signer son titre sur le modèle du « Hardcore » de Kery James. Derrière lui, défilent les images qui marquent ses influences : « American History X », « Scarface » de Brian de Palma ou encore la série « Peaky Blinders ».

Rohff fait ses adieux dans une bronca générale avec un titre ultra polémique qui vient même discuter de certaines thèses noires sur le COVID.

ZeZ XXI
ZeZ XXI
@zez_xxi
Articles similaires

TOP 5