Dans le rap français, on loue souvent la « SACEM de Soprano« . Depuis son opus Cosmopolitanie, celui qui souhaite toujours être qualifié de « rappeur », malgré ses incursions dans la pop musique, enchaîne les disques de diamant. Et pourtant, sa carrière solo a commencé humblement avec le titre Moi j’ai pas, véritable cri de détresse d’une « Jeunesse France » en crise. Soprano, c’est une carrière immense, empreinte d’engagement artistique et politique. Avec Hiro, l’un de ses premiers titres, il réécrit l’histoire de la culture à travers les yeux d’un homme qui croit pouvoir tout changer. De Millionnaire à Everest, le petit gamin des quartiers Nord de Marseille a conquis la France et rempli le Vélodrome sans effort, comme les « gars de l’équipe » que le 3ème Œil honorait dans Hymne à la racaille de France. Et c’est en leader de sa génération qu’il a posé sur 13 Organisé avec un Sous le soleil qui plane comme une ombre sur la ville où veille Notre-Dame de la Garde.
Après des années à dominer les charts, tout en conservant sa bonne humeur et sans jamais céder aux excès du bling, Soprano décide de revenir avec un album plus « rap » que d’habitude : Émancipation. Après tout, les Psy 4 de la Rime avaient fait leur premier hit avec Le son des bandits. Lors de son passage chez Laurent Ruquier, il raconte que son père l’a sévèrement rappelé à l’ordre après son premier succès : « Je me suis sacrifié pour que tu dises aux gens que t’es un bandit ? » Mais loin des commérages sur sa SACEM ou sa vie privée, il reste avant tout le rappeur marseillais qu’il a toujours été. Du rap, il a atteint le sommet avec Everest. Aujourd’hui, il dévoile Faux Paradis en featuring avec PLK.
Sorprano et PLK te parlent des « Faux Paradis » !
La composition instrumentale du morceau est signée par Djaresma, une autre figure incontournable du rap marseillais. Ce beatmaker prolifique compte à son actif des titres comme Mon Everest, Roule, En feu ou encore Mon précieux de Soprano. Habitué à collaborer avec des artistes majeurs comme Alonzo ou BigFlo & Oli, il livre ici une production rap avec un refrain entraînant où Soprano chante. Avec Gims, ils figurent parmi les deux plus grands chanteurs français.
Sans vouloir être trop explicite, le rappeur marseillais semble évoquer une relation passée :
« À chaque fois que j’ai morflé, c’était à cause de tes mots doux / À toutes tes caresses au sens du poil, tes promesses, à tes techniques d’vaudou, hey / T’as fini par m’envoûter, par m’ensorceler, j’avais ton nom, ton visage dans mon cervelet. »
PLK lui répond en écho avec une mélancolie similaire :
« J’reste avec ceux qui m’ont connu à terre, y a du monde derrière moi, [j’suis la d’venture ?] / Toi, ils dégoûtent tes potos, ils cachent des tas d’deux-trois soucis. »
Soprano et PLK livrent un morceau chargé d’émotion, évoquant le poids des relations passées avec sincérité et mélancolie, offrant un moment de vulnérabilité rare dans leurs carrières respectives.