Youssoupha entame sa grande saga familiale avec Polaroïd Experience.Il évoque son amour pour ses enfants dans le titre :
« J’suis un père de famille, je suis le père de Malik
Et puis maintenant, imagine que j’suis le père d’Imany. »
Le projet suivant, Neptune Terminus, est carrément dédié à son fils. Il pose avec lui sur la couverture de l’album. Malik lève bien haut son poing, tout comme Youssoupha l’avait fait auparavant. Puis vient le titre Mon Roi. Comme Rudyard Kipling, prince de la poésie anglaise, avait écrit Tu seras un homme, mon fils, Youssoupha dédie quelques précieux conseils à son enfant dans un remake poignant :
« J’vais pas t’mentir : face à l’argent, on n’est pas tous pareils / Vu qu’c’est pas en travaillant dur qu’on devient riche, en vrai / Sinon, toutes les daronnes africaines seraient millionnaires. »
Cette année, il dévoile le formidable Zequin Theory :
« Avec la famille, en c’moment, c’est pas trop ça / Grande famille, c’est pour la vie mais, en c’moment, c’est pas trop stable. »
Et ce vendredi, il sort l’incroyable Amour suprême, son tout nouveau projet. Youssoupha ne s’est pas autoproclamé « Prim’s Parolier » pour rien.
Il égratigne la bonne conscience masculine avec le titre extraordinaire Dieu est grande, dédié à sa fille Imany. Sur une composition gospel magistrale, avec des paroles dignes d’un « poète noir » (Kery James) ou du père sacré de la NGRTD, Youssoupha redonne ses lettres de noblesse au rap. Ce genre, qualifié de « sous-culture d’analphabète » par des figures comme Éric Zemmour, trouve ici une réponse puissante. Rappelons qu’il avait déjà répondu à de telles critiques dans son titre Menace de mort.
Youssoupha affirme que « Dieu est grande »
La composition instrumentale de ce morceau est signée Cehashi, un beatmaker luxembourgeois qui accompagne Youssoupha depuis Polaroïd Experience, en passant par Mon Roi, Avoir de l’argent, et même Noir Désir. Signé chez Bomayé Music, Cehashi s’éloigne ici des codes de la drill ou de la trap pour proposer une douce mélodie portée par une chorale gospel.
Youssoupha, fidèle à son style incisif, déclame des paroles profondément poétiques et engagées :« N’écoute pas les hommes, n’écoute pas les ordres, n’écoute pas les codes qui disent de la merde / Apprends encore à aimer ton corps, à aimer tes formes, à t’aimer toi-même. »Ce morceau, un hommage vibrant à sa fille, reprend aussi des thèmes déjà abordés dans Mon Roi, dédié à son fils, où il martelait :« Si vous sortez, c’est toi qui invites / Les bails de « chacun paie sa part », ça fait radin et puis ça tue l’charisme. »Le grand final de Dieu est grande fait écho à Rudyard Kipling :
« Tant que tu peux, il faut défier les lois, tant que tu peux, il faut défier les rois / Et, s’ils te demandent c’que ta foi représente, réponds simplement que Dieu est grande, Imany. »
Cela rappelle les mots immortels de Kipling :
« Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire / Seront à tous jamais tes esclaves soumis, / Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire / Tu seras un homme, mon fils. »
Un clip magistral pour un titre iconique
Malgré une annonce initiale selon laquelle le titre Dieu est grande n’aurait pas de clip, Youssoupha a surpris sa fille Imany le jour du tournage, lors d’une séance photo supposée. Accompagné d’une chorale spectaculaire, ce clip est une œuvre visuelle grandiose.
La réalisation, signée par Youssoupha et Kounythemanse, est éblouissante. Ce dernier, connu pour ses collaborations avec Suspect 95 (Y le sang et Soumanleh), a su sublimer l’univers visuel du rappeur. Fidèle à ses racines africaines, Youssoupha continue de repousser les limites artistiques.
Une prestation hors normes
Avec Dieu est grande, Youssoupha prouve une fois de plus qu’il reste un maître dans l’art du storytelling musical. Cet hommage à sa fille mêle profondeur, émotion et critique sociale. En renouant avec ses inspirations littéraires et poétiques, il élève encore une fois le rap à un niveau supérieur.
Un projet à ne pas manquer !