Cela fait maintenant deux ans que Youssoupha n’a pas sorti de projet. Celui qui, dès son deuxième album, était déjà « Sur les chemins du retour », a désormais posé ses valises en Afrique pour y vivre. Le Prim’s Parolier a construit une carrière extraordinaire, marquée par des punchlines gravées dans le marbre. Lorsqu’il envoie une pique à Éric Zemmour dans son morceau « À force de le dire », il écope d’un procès pour « menace de mort ». Il réunit tous les rebelles du rap dans le titre « Menace de mort ». Ironique, car si « seuls les c.* vont dire que Youssoupha fait du rap conscient », l’artiste originaire de Kinshasa maîtrise à la perfection les lettres et les références. Après de nombreuses hésitations, il rend hommage à la « Négritude » d’Aimé Césaire dans un titre éponyme.
Avec « Neptune Terminus », l’artiste pose avec son fils, poursuivant ainsi sa saga familiale amorcée avec « Polaroïd Experience ». Dans le titre « Mon Roi », il lui transmet quelques précieux conseils, tout comme Orelsan dans « Notes pour plus tard » pour les générations à venir, ou encore à l’image de Rudyard Kipling, qui l’avait fait dans son poème universellement reconnu. Youssoupha vient également de dévoiler son single « Zequin Theory », un « faux » featuring avec Zequin, qui avait promis sur les réseaux sociaux d’envoyer « un classique ». Pari tenu, même si Zequin ne chante pas réellement. Il accompagne toutefois les pensées du rappeur de Colombes, en jouant un rôle clé dans ce morceau.
Youssoupha évoque la « Zequin Theory »
La composition instrumentale du morceau est signée par Tudoben, un beatmaker reconnu qui collabore avec les grands noms du rap français, tels que Kery James sur « Trop Bizarre » et « Je peux », ou encore Stavo sur « Calcio ». Il a également produit pour Naza. Cette composition, portée par un sample old school qui tourne en boucle, offre à Bakary Potter l’occasion de déployer sa plume comme il sait si bien le faire. Quelques lettres, quelques mots, un sursaut d’amour, de respect et de tolérance, alors que la météo politique ne cesse d’annoncer des catastrophes.
Les punchlines de Youssoupha sont pleines de sagesse : « La sagesse n’attend pas le paradis », ou encore « La haine, c’est la version caïra de la tristesse », et « Je mérite des Oscars tellement je me fais des films ». C’est du pur Youssoupha dans le texte. Il fait même référence à l’un de ses premiers projets : « Désormais, j’ai assez d’argent pour voir un psy ». À l’époque, dans le titre « Mourir mille fois », il déclarait : « Je vous laisse croire en vos psys, laissez-moi croire en mon prophète. »
Dans le clip, Zequin incarne Youssoupha, jouant le mime et l’accompagnant dans une vie éloignée du bling-bling souvent mis en avant par d’autres rappeurs. Le clip, réalisé par Giovanny Scott, Youssoupha, et Axel Lauhon, est une œuvre visuellement soignée. À noter que Giovanny Scott est également à l’origine du clip « Crazy » de Lil Baby, tourné à Paris.