L’affaire de l’aéroport a donné une image plutôt néfaste de Booba dans les médias. Le Rap en général, et l’oeuvre de Booba en particulier a été réduit à une rixe dans un aéroport parisien entre deux molosses. Car si B2O est le chantre du Gangsta’ Rap, sa discographie ne se limite absolument pas à la violence. A ses débuts avec le groupe Lunatic dans lequel il évoluait avec Ali, le Duc déployait de véritables concept. Dans « Lunatic », Ali représente la conscience de la jeunesse, ses états d’âme, Booba pour sa part sa hargne, son mal être, sa rébellion. Le morceau « Pas le Temps pour le regrets » est à ce titre révélateur.
Pour le reste, le Duc de Boulogne malgré son arrogance avérée n’a jamais cessé d’être dans l’avant garde du Rap français notamment lorsque qu’il sort l’album « 0.9 » et crée un véritable taulé à cause de son utilisation intensive de l’autotune. Ce sens de l’anticipation vient surtout de sa proximité avec les US. Depuis qu’il s’est installé à Miami, le rappeur du 92 arrive à voir évoluer le Rap français. Aujourd’hui, le vocoder est à la base du Rap français, même son ennemi intime Rohff pas très friand de ce genre de procédé, l’utilise de temps à autre.
« ils critiquaient mais ont tous saigné l’autotune »
Booba – Trône
Il y a plusieurs années, la mère de Booba a été kidnappé par des criminels. Au même moment, un jeune homme d’origine juive Ilane Halimi piégé par le Gang des Barbares de Youssouf Fofana était victime de la folie meurtrière d’un homme qui a tout confondu dans la vie. B2O est métisse, tout le monde le sait. Certains rappeurs lui ont même reproché de ne pas mettre les deux aspects de sa culture en avant au même titre.
« Hey, si t’es métis, t’es forcément un peu babtou »
Sinik – L’homme à abattre
Jusqu’ici, personne ne s’était posé la question du « judaïsme » de B2O chez les insiders puisque ce n’est vraiment pas ce qui compte aux yeux des professionnels et du public. Mais interrogé par le très sérieux magazine « M » du quotidien « Le Monde », le fondateur de Tallac Records raconte l’expérience effroyable qu’a été le kidnapping de sa mère, selon lui, l’agression dont elle a été victime était fondamentalement antisémite.
« Quand on a récupéré ma mère, c’était au moment où les flics essayaient de sauver Ilan Halimi. Ils m’ont demandé si je n’avais pas entendu parler d’une autre histoire du même genre. Ils se disaient peut-être que les deux affaires étaient liées, vu que pour ces mecs tous les juifs sont riches. Moi, je reçois tout le temps des messages qui me traitent de “sale j**f,”, de “sale sioni***”, qui me menacent, genre “On va mettre ta fille dans un four !”
« Même La Fouine l’a dit sur le mode “t’es j**f, assume”. Moi, ça m’intéresse pas, ces histoires d’origine. C’est une façon de me discréditer, j’ai même entendu que ma mère était juge, qu’elle pouvait me faire sortir de prison et que j’avais refusé pour soigner ma “street credibility”
BOOBA – ENTRETIEN AU « M »
Au début de sa carrière, B2O avait dénoncé la situation dans les territoires palestiniens dans le morceau « Destinée » extrait de « Temps Mort » son premier album solo un peu à sa manière : « Ma Life est d’humeur palestienne ». Puis quand l’Intifada faisait rage, il avait critiqué le grand n’importe quoi des réseaux sociaux. Il est vrai que la crise dans la région avait réveillé des instincts primaires chez les « défenseurs 2.0 » des deux camps, et que les réseaux sociaux avaient été pas mal pollués. De fait, il avait reçu les brimades de Tarek Ramadan et Saïd Tagmahoui. Il avait répondu aux deux hommes dans le morceau « 3G ».
C’est la première fois que la question des « origines » de Booba fait surface. Et sans outrepasser « l’objectivité » journalistique à laquelle nous sommes tous soumis, il ne faudrait quel que soit nos opinions, nos croyances religieuses ou politiques, que ce débat bien réel sur l’état des peuples du Proche Orient ne viennent « interférer » avec le Rap en particulier qui après tout n’est que de la musique, et avec le climat en France car c’est est notre pays à tous.