À l’occasion des 1 an de de la mort de l’artiste, hommage chez Rapunchline à Népal. On revient sur la conclusion de la discographie du rappeur, avec les 5 derniers morceaux publiés par ses proches. En collaboration avec l’équipe de Népal, retour sur la fin d’une carrière musicale.
Népal avait déjà prévu la suite musicale de son premier album Adios Bahamas, sorti en Janvier. La 75e Session a publié il y a quelques semaines, les dernières pièces de l’œuvre musical de l’artiste, enregistrées avant son décès. Dans une époque où l’œuvre musicale des rappeurs défunts est bien trop souvent mise au service du marketing et du business (les derniers albums de XXXTentacion en témoignent), le label underground parisien a décidé de suivre à la lettre la direction artistique de Népal. Pas de compilations best-of, d’album posthumes ou de feats imaginaires, les morceaux ont été publiés un à un, comme le souhaitait Clément Di Fiore aka Népal.
La vibe lo-fi propre au style de Népal
La mélancolie et l’émotion de ses textes sont l’une des caractéristiques majeures de Népal, en témoigne son premier grand succès avec le morceau lunaire Rien d’Spécial. Le rappeur s’est aussi démarqué par son cachet musical, son flow doux et ses ambiances « chill » aux sonorités lofi, qui émanent de nombreux de ses morceaux. Le titre Cheddar s’inscrit pleinement dans cet univers musical.
L’instrumentale groovy et minimaliste composée d’une mélodie à la guitare sèche et d’une rythmique boom-bap, se marient parfaitement avec le calme de Népal. Telle une balade, l’artiste dépose sa plume sur la douceur de la composition de Willy H.O.G et Sheldon. Il y prône la combativité, l’éveil intellectuel et l’ouverture d’esprit, face aux « chaînes » de la société et de la bien-pensance.
Benji, dernier clip publié, rejoint la vibe lo-fi affectionnée par Népal. L’artwork représente un chrysanthème, fleur symbole d’immortalité au Japon. Un pays chéri par Népal, auquel il rend hommage à de très nombreuses reprises sur ses projets. Sur une prod chaleureuse produite par Diabi (Les Etoiles Vagabondes, Adios Bahamas, UMLA…), Népal conclut sa discographie avec un morceau empli d’espoir et de positivité. Les lyrics du morceau concordent avec celle de Cheddar : s’extirper du système, s’émanciper et obtenir une liasse de Benji, en référence à la figure de Benjamin Franklin présent sur les billets de cent dollars.
Le single est accompagné d’un clip tourné dans les décors paradisiaques du Sri Lanka et répond au désir de Népal de s’éloigner et partir vivre au bord de la mer : « Après le rap j’irai faire du surf » (la phrase postée sur le compte Instagram de l’artiste après l’annonce de son décès, ndlr). Le morceau aurait d’ailleurs dû faire parti d’Adios Bahamas, comme Diabi l’a expliqué dans un tweet.
Retour aux sources du flow « KLM ».
Le premier morceau dévoilé, Dans le fond, est un banger nouvelle génération dans lequel Népal s’amuse en enchaînant les mesures avec une aisance déconcertante. Tantôt aérien sur le refrain, tantôt rapide et sec sur l’unique couplet, il manie un texte épais, presque indéchiffrable à la première écoute. Avec cette proposition innovante, le rappeur insiste une fois de plus sur l’originalité de sa démarche dans le rap français. Quand la majorité des rappeurs suivent les règles dictées, lui préfère rester Dans le fond, pour construire son propre univers.
Pour renforcer cette atmosphère, KLM a fait appel à ses Gars Laxistes pour le réalisation d’un clip futuriste qui n’est pas sans rappeler celui de Niveau 1, réalisé en 2017 par le même collectif. L’outro de la vidéo, montrant une cabane au milieu d’une île déserte, fait quant à elle référence à l’univers d’ Adios Bahamas et au clip du titre Benji, paru vendredi. Comme si ce titre était le lien entre les différents projets.
Mercredi 30 septembre, la sortie du titre Coach K a redonné le sourire aux nostalgiques du Grandmaster Splinter, découpeur d’instrumentales. Avec ce titre très rappé, Népal rappelle qu’il n’a plus rien a prouver dans l’art du kickage et propose même de « coacher » tout ceux qui n’ont pas les bases.
La figure du coach n’est pas choisie au hasard. Coach K fait référence à Mike Krzyzewski, entraîneur mythique de l’équipe de basketball Blue Devils de Duke, aux États-Unis. Népal se présente donc comme coach KLM, plus connu sous le nom de Grandmaster Splinter. La cover n’est en effet pas anodine. Elle représente Splinter, le mentor et le père spirituel des Tortues Ninja. Une figure qu’il utilisait déjà dans la série de trois titres, Medleys Grandmaster Splinter, publiée entre 2012 et 2014.
Enfin, dans le titre Même vie, paru jeudi 1er octobre, Népal revient avec un flow plus nuageux sur une instrumentale planante. Il y décrit l’antagonisme de nos sentiments, pouvant passer d’un extrême à un autre. Pour lui, même si l’amour et la haine peuvent nous déchirer, ils nous rapprochent malgré tout, car ils définissent le fait d’être humain.
Un texte touchant, accompagné d’un visuel en forme de mandala, réunissant différents éléments constitutifs de l’univers Népal. On y retrouve par exemple un micro, un sablier ou encore la porte de Torii en référence au Japon.
Un dernier au revoir
Ces cinq singles étaient censés être une transition vers la suite, juste quelques morceaux pour vous faire patienter. On a choisi de les sortir tous d’un coup. Malheureusement, la vie a fait que ce sera les derniers. » 75e session.
Cette démarche témoigne du respect humain et professionnel du collectif pour l’artiste. Ils poursuivent ainsi son œuvre sans en pervertir sa logique artistique au profit d’un quelconque business. La mort d’un artiste rime en effet aussi avec la mort de sa science et de sa façon de penser sa musique. L’œuvre musicale de l’artiste est ainsi parfaitement respectée par ses proches, nos échanges avec l’équipe de Népal pour réaliser cet hommage en témoigne. À nous de continuer à transmettre et partager son œuvre, d’une richesse poétique et musicale unique.
« Népal s’arrête ici, mais ce qu’il a à nous apporter est infini… »