En 2003, Eminem, peu après sa signature sur le label « Aftermath » de Dr Dre et la fondation de sa propre structure « Shady Records », tient le premier rôle dans un long métrage qui ressemble beaucoup à sa propre histoire. Dans « 8 Miles », la légende de Détroit joue le rôle de rabbit, un rappeur prolo qui vit dans la caravane de sa mère (incarnée par Kim Bassinger à l’écran) et qui tente de remporter un Battle Rap au Shelter contre un collectif très ressemblant au « Badboy Records » de P.Diddy (la ressemblance entre le personnage de Future et Puff Daddy a fait polémique à l’époque) baptisé dans le film « The New World ». Au programme, Freestyles et Battles endiablé de l’un des plus grands rappeur micro en main et une bande originale récompensée aux Oscars avec le mythique « Lose Yourself ». Pourquoi s’intéresser à ce film ? Car Eminem qui vient d’obtenir un disque d’or pour son dernier album « Kamikaze », avec en toile de fond ses clashs et particulièrement celui avec MGK, vient de ressusciter à nouveau.
Eminem a toujours été un « OMNI » (objet musical non identifié) dans le paysage musical rap. Ce n’est pas sa couleur de peau qui en fait une véritable exception. Le rappeur a toujours été sujet à des influences multiples. Depuis ses début avec « The Slim Shady LP » et le titre « Rock Bottom » samplé sur le « Starway To Heaven » de Led Zeppelin, en passant par « Beautiful » extrait de « Relapse » ou encore « Berzerk » extrait de « The Real Slim Shady LP 2 », le petit protégé du véritable roi de la Westcoast sample a sa guise du Rock ou Hard Rock, et le résultat est plutôt détonnant. Eminem n’a jamais arrêté de s’ouvrir à des genres musicaux différents délaissant quelques fois les tendances clouds ou trap qui ont pu aliéner certains rappeurs.
L’autre caractéristique du fondateur de Shady Records, c’est son engagement artistique et politique. Pour ce qui est de l’engagement politique, Eminem a tapé un portrait de deux présidents républicains au vitriol : Bush et Donald Trump. Ces Freestyles irrévérencieux lui ont d’ailleurs valu une visite des services secrets américains. Rabbit le révèle dans son album « Kamikaze ». Mais le E ne s’acharne pas sur la politique, c’est la société du spectacle dans son ensemble qui en prend pour son grade. Entre Britney Spears, victime favorite de The Real Slim Shady qui la pourfend dans le titre éponyme, ou les stars en général qui meurent sous les coups des lyrics de l’artiste dans le superbe titre « We Made You », le rappeur ramène le rap à sa source en mettant en avant son côté anticommercial. Eminem ne sera jamais un rappeur comme un autre.
Dernière caractéristique du rappeur de Détroit, ses grandeurs et sa décadence. L’histoire du rappeur est faite de gloire et de désillusion. Après une longue traversée du désert il revient épaulé par Dr Dre et 50 Cent avec le titre « Crack a Bottle » extrait de « Relapse ». Il renaît et meurt à nouveau avant son featuring avec Rihanna sur « Monster ». Puis meurt encore une fois et revient avec « The Marshall Mathers LP 2 », un album fondateur dans l’oeuvre du Kid de Détroit qui reprend les bases d’une recette qui a toujours fonctionné.
Alors lorsqu’il sort « Revival » qui signifie « Renaissance » en français, le rappeur ne s’attend vraiment pas à la pluie de critiques qui va s’abattre sur lui. Que ce soit les insiders, les médias ou les fans, personne ne comprend le virage pop et mainstream emprunté par le grand Eminem. Les chiffres de vente ne sont pas si catastrophiques que ça mais l’opus suscite une incompréhension générale. Fallait-il enterrer Eminem pour autant ? Non. Le rappeur revient avec « Kamikaze », un album purement rap sans fioritures sans sonorités over-mainstream, sans pop. Eminem revient à ses sources et pourfend au passage tout le Rap américain de Tyler the Creator, à Drake (même s’il s’en défend) en passant par Machine Gun Kelly avec lequel il joue au jeu de la Diss Track depuis une semaine générant des centaines d’articles dans tous les pays et des centaines de millions de vues.
Ce opus est une véritable bombe que le rappeur lance dans le Rap comme un « kamikaze ». Certains rappeurs meurent et renaissent, ils agonisent dans la lumière pas dans les ténèbres. Avec son disque d’or pour « Kamikaze » Eminem a bientôt 47 ans vient de F*** le rap game.
Eminem : morts et renaissances d’un éternel Phoenix ! (Dossier)
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