Arte qui avait déjà consacré des épisodes d’une websérie documentaire à l’histoire du rap français de ses débuts avec NTM jusqu’au très récent Damso, publie le 2 août une vidéo intégrale des épisodes Saveur Bitume. Saveur bitume va se concentrer sur le rap qui vient véritablement de la rue, comme son nom l’indique, le sous genre que l’on appelle « Rap Engagé » de son origine jusqu’à son apogée et de tous les changements qui s’ensuivent.
En 50 minutes sont condensées 40 années d’histoire musicale entremêlée de revendications politiques et sociales avec des images d’archives de l’époque, des déclarations des politiciens, des interview anciennes et actuelles etc… La websérie dont l’auteur est Adrien Pavillard (auteur de plusieurs documentaires) qui a co-écrit avec le très engagé rappeur Rocé et Alexandre Lenot, est découpée en 10 parties reprenant des grands thèmes et est ponctuée de punchlines « C’qu’on dit c’est c’quon vit ma parole c’est pas du vent » Fabe.
« On pense que le rap est automatiquement engagé alors que le rap est automatiquement une musique de club », c’est sur ces paroles d’Akhénaton (IAM) que s’ouvre le documentaire ; et pourtant le rap en étant la musique des invisibles va devenir le porte-parole d’une jeunesse qui va mal dans ces années 90 où on est face à un contexte politique particulier, les échecs politiques des villes, le libéralisme sont autant de causes qui mettent ces jeunes banlieusards au ban de la société. La parole devient donc politique sans le vouloir, comme dirait Rockin’ Squat qui illustre parfaitement ce propos « Je ne veux pas faire de politique, ma mission est artistique, mais quand je vois tout le trafic, on ne peut pas rester pacifique ».
Dans ce sens les rappeurs vont s’organiser, se fédérer et unir leur force pour protester contre le racisme constitutionnel par exemple dans le projet 11.30 contre les lois racistes en 1997. Par la suite ils vont utiliser cet aspect conscient, dénonciateur pour lutter contre la mainmise des majors, en effet, les grosses maisons de disques sont détenues par une minorité étrangère à ce que vivent les rappeurs et qui exploitent une triste réalité ; ils font donc le choix de l’autoproduction. C’est dans cette même logique que beaucoup vont boycotter Skyrock qui va amener la popularisation du rap mais également son formatage pour pouvoir être audible de tous, pour Kery James c’est le moment où « le rap est passé d’un art de passionné à un business mercantile ».
Ces rappeurs engagés vont être victimes de critiques récurrentes car on va les accuser, et notamment les politiciens, d’être anti-France car ils dénoncent le système, les institutions comme la police à cause, par exemple, des violences policières… Le rap va muter et le rap conscient ne va plus être qu’un sous genre moins vendeur que le rap grand public mais finalement l’héritage de ce rap dépasse le simple fait de dénoncer le système dans une chanson car il résulte dans le fait d’être indépendant, de raconter son quotidien dans une réalité sociale compliquée, de se fédérer entre rappeurs, de refuser les diktats de la radio et de demeurer la musique que les politiciens déplorent (ex : le refus de la présence de Black M à la commémoration de Verdun alors que Black M est un rappeur mainstream).
Que vous préférez écouter Kery James ou Koba Lad on vous conseille de regarder ce documentaire qui nous en apprend plus sur notre musique préférée !
IAM, Youssoupha, Kery James… : Arte nous livre un excellent documentaire sur l’histoire du rap conscient !
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