C’est assez paradoxal non ? En France, le rap dans sa grande globalité (Pop Urbaine, Afro Pop) est devenu le genre le plus écouté depuis 2019. En revanche, le 7ème art et la série ont toujours eu des réticences à laisser les rênes à des personnalités issues du milieu urbain. Le parcours de Kery James avec son long métrage « Banlieusards« , qui dresse un état des lieux de la périphérie, en développant des thèses qu’il a étayé jusque là dans ses morceaux (« L’impasse« , « Constat Amer« ) ou dans sa pièce de théâtre en atteste. C’est finalement la plateforme de distribution digitale Netflix qui laissera sa chance au « Mélancolique« .
Depuis ses débuts sur Canal +, Franck Gastambide est un véritable iconoclaste. L’autodidacte fait ses armes avec la mini série « Kaira Shopping » en usant d’un humour décalé, d’un humour de « cité » pour utiliser un raccourci connu mais sans véritablement de sens. L’homme se lance ensuite dans le long métrage avec « Pattaya » notamment puis l’immense « Taxi 5« . Car depuis les débuts de la série produite par Besson avec Samy Nacéri, Taxi et la culture urbaine sont intimement liés.
Pour s’en convaincre il suffit de jeter un œil sur la bande originale de Taxi avec les fondateurs marseillais de l’époque : le 3ème oeil, IAM et beaucoup d’autres. La franchise a fini par s’essouffler avec le temps. C’est ici qu’intervient l’acteur réalisateur. En changeant l’équipe du film et les codes de Taxi, le nouveau golden boy du cinéma français insuffle de l’énergie et l’ambition à une franchise vieillissante. Après une semaine d’exploitation, il réalise 1,5 millions d’entrées.
Lorsque « Validé » débarque sur Canal +, la France va mal. Macron vient de décider de mettre le pays en quarantaine. La France est privée sortie. La série raconte l’histoire d’une success story dans le rap sur fond de rivalités entre deux rappeurs joués à l’écran par Hatik et Sam’s, deux rappeurs très respectés par le milieu et les insiders, mais qui ne bénéficient pas encore du statut de star.
Pour réaliser son petit chef d’oeuvre Franck Gastambide s’inspire d’anecdotes réelles, de France ou des Etats Unis, et les adaptent dans sa petite série. L’imaginaire du réalisateur prospère au milieu du véritable monde du Hip-Hop qui participe également à la série. Lacrim ou encore Bosh sont des figurants extraordinaires qui donneront vie à la série de Gastambide. Après quelques semaines d’exploitation, les résultats sont à l’image des efforts entrepris par le réalisateur qui sans jamais tomber dans le pathos et la caricature réussit malgré tout à illustrer l’esprit hip-hop et les affres de ce qu’on appelle le Rap Game. Il réalise 6 millions de visionnages en 5 jours.
Comme toute série ou comme tout film d’esprit Hip-Hop, « Validé » c’est aussi une bande originale. Franck Gastambide vient d’annoncer sur Instagram qu’il vient d’être certifié disque d’or. Il annonce la nouvelle en compagnie de Sam’s. Sur l’une photographies du shooting, on retrouve aussi Screetch de Daymolition qui a beaucoup oeuvré aussi pour la réussite de la série et du film. C’est toute une équipe qui est récompensée car « Validé » c’est aussi la victoire de deux rappeurs remplis de talents, Hatik et Sam’s, qui sont désormais sous le feu des projecteurs, et obtiennent enfin toute la réussite qu’ils méritaient. Franck Gastambide aura réussi à transgresser toutes les lignes, et prouvent avec sa réussite, que le Rap n’est pas mort, surtout pas dans les arts visuels, il attend juste qu’on lui ouvre la porte ou sinon, « on va péter un carreau, faire ter-sau la fenêtre et incruster nos négros » (Ärsenik feat Passi – Par où t’es rentré).
