Tiitof, qui fait parti de ceux qui poussent les portes pour mettre les Antilles sur la carte du rap français, en rajoute une couche avec un cinquième son clippé extrait de son premier album Tout à gagner. Après sa Triste mélodie avec Hornet la Frappe qui reste en tête, puis le mélancolique Comme papa il envoie Adieu qui se situe en dernier dans la tracklist de l’album et peut faire office de conclusion musicale.
Pour Adieu, il est entouré d’une équipe d’habitués, la composition est signée SLK et Katrina Squad qui est un groupe de beatmakers toulousains ayant travaillé notamment sur JVLIVS de SCH et qui sont très présents sur cet album de Tiitof. Sur cette composition, on entend une mélodie au piano renforcée par une rythmique harmonieuse composée de snare, de kick, de clap etc… Ce qu’on entend surtout c’est la souffrance que Tiitof éprouve en se remémorant le fait qu’il n’a pas pu dire au revoir à son ami qui est décédé. Il se livre à cœur ouvert en faisant fi du modèle traditionnel de la masculinité qui est qu’un homme ne pleure pas. Il s’affranchit de ces codes ce qui lui procure une certaine grandeur « J’ai pleuré tellement tu le vois pas, j’ai pas pu leur dire adieu ». Le rappeur s’en veut de ne pas avoir exprimé ses sentiments amicaux à son ami de son vivant « Si t’entends mes prières tu sais comment je t’aime mais je te l’ai pas dit mon pote ». C’est un positionnement très courageux car dans notre société où la virilité va de paire avec l’absence de sentiments, sauf que Tiitof s’affranchit de tous ces codes ancestraux et cette sensibilité qu’il affiche lui confère une virilité encore plus grande. Il est très touchant quand il se rend compte qu’il est en train de réussir et que son ami ne le vois pas « Et là je suis bien placé mais tu me vois pas, bien placé mais tu me vois pas / Je suis démarqué mais tu fais pas la passe, et tu fais pas la passe, si c’est bon tu le verras », il finit par espérer que de là où il est, il le verra.
Dans cette chanson il réaffirme également l’essentiel pour lui qui sont sa mère, qu’aucune femme ne pourra égaler et Dieu qui est le seul patron. Le choix du clip est un scénario réalisé en dessin par Lerikal Bless, peut être qu’au vu du thème il était trop difficile de le réaliser en vrai. Les dessins permettent de transmettre les émotions en appuyant sur certains détails comme l’ange dans le ciel qui le regarde lorsqu’il prie et qui va lui donner la force d’accomplir ses rêves de musique. On le voit également pleurer devant la tombe du défunt et cette même force donnée par cet ange va lui permettre d’arriver là où il en est aujourd’hui c’est à dire, dans une salle remplie de gens venus écouter son rap.
Tiitof est un véritable artiste avec une épaisseur, il est capable de livrer des sons ou il raconte un quotidien de bandit, mais également des sons plus mélancoliques et de véritables sons où il se met à nu sans concession. Pour lui qui n’avait rien à perdre mais tout à gagner on lui souhaite d’aller encore plus loin.
