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Sur les traces de l’obscure histoire du premier morceau de rap et du secret du premier hit… [Dossier]

« Le rap est aujourd’hui un style musical reconnu et largement médiatisé en France. Il y a seulement 30 ans, ce n’était encore qu’un élément d’une contre-culture ignorée du grand public et des institutions. » (Piolet, 2016)
En moins d’une décennie, une subculture (et non sous-culture, clin d’œil) s’est développée de manière indépendante. Et c’est précisément, il semblerait, cette marginalité culturelle qui aura permis d’amorcer le développement du rap, en toute authenticité. On se rebelle, on conteste, sur fond musical. Les règles du jeu changent. Jusqu’en 1979, le rap n’était que scénique, une musique d’ambiance et concert qui se retrouvait, tout au plus sur cassette. En quelques années, le rap devient vraie revendication, un réel mouvement artistique complètement imprégné des phénomènes sociaux et sociétaux contemporains.
Top départ ?
Contexte.
Fin des années 1970. Ghettos noirs. Black panthers. New York. Guerres des gangs et … Block Parties.
La toute première Block Party est organisée en 1973 à New York par le DJ jamaïcain Kool Herc. Le but de ces rencontres dans les quatre coins du Bronx et de Harlem était clair : organiser des battles de danse et de DJ, danser, bouger, et faire oublier les guerres de gang.
 
Kurtis Blow, number one.
Kurtis Walter (1959) vient de Harlem. D’abord danseur de break Dance et DJ, il devient directeur des programmes de la station de radio du City College of New York. Fin 1970, il rejoint « The Force », devient MC, sous le pseudonyme Kurtis Blow, se fait repérer par un journaliste du magazine Billboard avec lequel il écrira la chanson « Christmal Rappin ».
Convaincu par son talent, J.B Moore finance son premier rap. Résultat : 500000 exemplaires vendus. Rebelote avec « The Breaks », 500 000 exemplaires, élue chanson de l’année. Avec « The Breaks », Kurtis Blow va être certifié disque d’or, et là encore, sera ainsi le premier à l’être en tant que rappeur. Fort de ses différents succès, Blow devient le premier rappeur à signer avec une major (1979) et le premier donc à sortir un album avec cette dernière (Mercury).
Dans la lignée, il sera également le premier à partir en tournée. Il devient ainsi le premier rappeur à jouer à l’international.
Un groupe.
En parallèle de Kurtis Blow, il y a un groupe, les Sugarhill Gang, et un morceau, « Rapper’s delight ». Ce morceau, funky festif, fera connaître le rap au grand public. En France, le titre se place en tête des ventes des 45 tours dès le début des années 1980.
« Rapper’s Delight » c’est un enregistrement d’un budget de 750 dollars, avec les rappeurs Big Bank Hank, Master Gee et Wonder Mike, intervenant à tour de rôle, sur plus de 14 minutes. « Rapper’s Delight » se vend à plus de deux millions d’exemplaires aux USA en quelques mois et devient ainsi le maxi 45 tours le plus vendu de tous les temps.
« Rapper’s Delight » c’est aussi l’histoire d’un « emprunt » de textes… Curtis Brown, alias Grandmaster Caz affirme en effet que certains passages de « Rapper’s Delight » ont été écrits par lui. Henri Jackson, AKA Big Bank Hand, manager de Grandmaster Caz, serait l’auteur de ce larcin, larcin qu’il nie néanmoins.
« Personne ne rêvait de commercialiser cette musique… nous n’imaginions pas qu’il y avait de l’argent à gagner » raconte Grandmaster Caz. S’il n’existe aucune preuve de ce vol, l’entourage des différents rappeurs tendent à abonder dans le sens de Grandmaster Caz, dont le talent d’écriture ne faisait à l’époque dans le milieu aucun doute…
 
Un morceau oublié.
Quelques mois avant la sortie de « Rapper’s Delight », le morceau « King Tim III », de Fatback Band, est commercialisé. Il ne connait pas le même succès que « Rapper’s Delight » et est finalement assez peu connu comparé au single « Rapper’s Delight ». Il est pourtant officiellement le premier morceau rap à être commercialisé.
Une influence.
A la base du rap, le « spoken word », apparu dans les années 1930. Un groupe et un morceau font particulièrement référence, au point que certains y voient le premier morceau rap de tous les temps :  The Golden Gate Quartet, et leur titre « Preacher and the Bear » (1937). Avec leur phrasé particulier, le groupe de Gospel innove et dénote complètement avec les musiques des années 1930.
 
« Don’t push me ‘cause I’m close to the edge, I’m trying not to loose my head » : une musique engagée.
Les années 1970 sonnent donc le début du mouvement rap. The Last Poest et ses revendications politiques se font connaître. En 1982, Grandmaster Flash, son mouvement contestataire et sa chanson « The message », révolutionne le concept. Ce morceau, vrai hymne de la culture rap et hip-hop, dépeint la vie d’un habitant du Bronx et en cela introduit, pour la première fois, un vrai discours politique. A partir de là, le rap, ça sera ça. De la musique, de la revendication politique, des paroles fortes, imagées, des métaphores puissantes pour décrire la réalité des quartiers oubliés.
Fin des années 1990, la revendication politique laisse peu à peu place au gangsta rap, à l’égotrip, aux textes abordant la violence, les guns, les femmes et les embrouilles.
La culture rap évolue, le mouvement se diversifie, et s’ancre ainsi, grand bien nous fasse, dans le paysage musical mondial.
 
By Claire G.

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