Vin’s est l’un des derniers survivants de cette époque… Car si le Rap américain a débuté dans les soirées de DJ Kool Herk dans le Bronx, lorsque « le Bronx brûlait » et c’est loin d’être une figure de style, les premiers rap n’étaient pas des rap à message. Le contexte hautement social et politique dans lequel le Rap est né dans la périphérie newyorkaise est indissociablement lié à la question du message. Mais le Rap à texte, le Rap à message, c’est bien une exception culturelle française qui est née avec les grands fondateurs du Hip-Hop français du Secteur Ä, à IAM, en passant par NTM, et qui s’est tut à leur mort. Chez les anciens, Kery James et Youssoupha par exemple font revivre ce Rap là. Chez les jeunes un Vin’s a repris le flambeau.
Après une trilogie très politisée « Liberté, Egalité, Fraternité« , l’un des seuls rappeurs masculins (avec un certain Kpoint) à avoir épousé la cause des femmes avec son fabuleux #METOO se lance dans un remake. Le « Sur Mon Trottoir » de Vin’s ressemble comme deux « gouttes d’eau » au « Dans ma Rue » de Doc Gyneco qui avait défrayé la chronique pendant les années 90′. Mais si le « Dans ma Rue » était plutôt sarcastique et bonne ambiance, le « Sur mon trottoir » de Vin’s est mélodramatique portée par une instrumentale piano de toute beauté réalisée par Calme Prod / Citizen Ken (homonyme du « Citizen Kane » d’Orson Wells).
Le rappeur commence sa sentence sur « Tu trouves que mes écrits sont sales c’est encore pire sous mes ratures« . Il expédie son opinion sur la prostitution toujours dans son style Boom Bap de kickeur improbable : « avec une mini jupe, même une mineure a l’air adulte« . Il embraye sur la drogue : « La mort sous les petits sachets« .
Le clip est réalisé par Explore 314 dans lequel on voit Vin’s décrire ce qu’il voit par sa fenêtre Sur son trottoir. Une belle leçon de Rap dans une superbe chronique de quartier.
Vin’s – Sur Mon Trottoir
