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[Chronique] Vald – Ce monde est cruel

Alors qu’il était hier sur la scène de l’AccorHotels Arena, Vald a pu exploiter le potentiel de son dernier projet : Ce monde est cruel. Si Xeu était déjà impressionnant de niveau, on vient de monter encore d’un cran avec ce projet. Alors dans ce nouveau format que l’on vous propose aujourd’hui, tentons d’éclaircir un peu la cruauté de ce monde telle que l’entend l’artiste d’Aulnay-sous-Bois (93), en apportant quelques éléments d’analyse.
 
Si vous vous êtes déjà demandé pourquoi le simple fait de vivre était payant, alors que si l’on réfléchit vous n’avez pas réellement choisi de vivre, alors vous comprendrez aisément le titre du dernier album de Vald. Car oui mesdames et messieurs Ce monde est cruel, et c’est le moment de l’accepter.
La première chose intéressante, c’est que le rappeur d’Aulnay (93) se place des deux côtés du phénomène et apporte donc deux visions différentes de ce même fait. En effet, pour la majorité de la population qui bosse tous les jours pour tenter de ramener un salaire qui, dans la plupart des cas, n’est pas à la hauteur du travail fourni, il est assez « logique » de trouver que le monde peut être cruel. Car oui l’argent est un thème assez récurrent du projet, et ce n’est pas anodin si le premier morceau s’appelle Poches pleines. Mais c’est bien en ce sens que Vald apporte deux visions à cette cruauté, affirmant que même avec le succès et ce qui va avec (argent, pouvoir, sexe, etc…) il peut continuer de trouver notre monde cruel. En effet on pourrait penser qu’avec le succès qu’il connaît et la vie qu’il mène, tout va pour le mieux et le monde est merveilleux. Cependant, il reste persuadé malgré la réussite que le monde n’est pas parfait, il est même cruel et c’est ce qu’il nous explique dans le projet. On retrouve cette idée dans plusieurs morceaux et notamment dans Journal Perso II avec cette belle phrase « le sexe et l’argent ça fait tout, j’ai les deux et pourtant ça fait rien ».
Mais peut-être que ça ne fait pas rien finalement, et que c’est ce qui lui permet d’appeler son album ainsi. Car contrairement à ce que l’on pouvait penser au départ, ce n’est pas un album triste et dépressif qui dit que le monde est cruel et qu’on ne peut rien y faire. En effet, on est davantage sur une démarche de dire que oui le monde tel qu’on le connaît est cruel parce qu’il existe un tas d’absurdités auxquelles on doit faire face, mais admettons-le et concentrons-nous à passer au-dessus. Il n’y a qu’à voir le morceau éponyme, où il répète que le monde est cruel avec un flow très mélodieux, limite ensoleillé et joyeux, comme pour dire arrêtons de chercher des explications à tout ce qui nous arrive de malheureux (si malheur il y a) et acceptons : « Ce monde est cruel, j’nai pas trouvé d’autre conclusion ».
On retrouve cette idée dans d’autres morceaux, comme Keskifonver où il semble tenter de se convaincre que même dans le pire des cas les gens ne peuvent finalement pas grand-chose contre lui, ou J’pourrai où il expose tout ce qu’il pourrait faire sur un ton joyeux, comme pour dire qu’il n’a pas besoin de faire tout ça, sa situation lui convenant parfaitement. C’est enfin le message qu’il nous laisse à la fin avec le Rappel, où il nous liste toutes les raisons qui l’ont poussées à dire que ce monde est cruel, mais sur un rythme joyeux et entraînant accompagné par la prod de Zeg P. Terminer ce projet avec ce morceau montre aussi toute la cohérence de cet album car c’est l’idée générale, celle qui a guidé tout le propos de l’album.
Musicalement parlant, on a un album plus aéré, plus ensoleillé que ce que pouvait l’être Xeu. Et c’est amusant cette sorte de contradiction dans le sens où Xeu, avec sa pochette blanche et Désaccordé en premier extrait ne laissait pas présager un album aussi sombre, avec des morceaux comme Seum, DQTP, Chépakichui, ou Réflexions basses qui étaient très agressifs et sombres dans les propos. Là à l’inverse on a une cover très dark, un premier extrait Journal Perso II encore plus dark et finalement un album assez coloré dans les sonorités (même s’il reste toujours un côté sombre bien entendu). Vald en avait d’ailleurs déjà parlé au moment de la sortie de Xeu lors de son passage dans l’émission La Sauce avec Mehdi Maïzi. Lorsque Amin du duo Amin&Hugo lui demande quels axes d’amélioration il envisage pour le prochain projet il avait déjà exprimé l’envie de proposer plus de mélodies. Très cohérent le bonhomme.
On sent également un artiste plus mûr, plus « sérieux » que sur les deux albums précédents. Il garde toujours son humour et son côté décalé qui sont une vraie force chez lui, mais s’éparpille moins. En fait on sent chez lui une réelle envie de parler de sujets qui lui tiennent à cœur, mais sans jamais être lourd par peur d’ennuyer les gens. C’est quelque chose que l’on retrouve souvent chez Vald et c’est là où son côté décalé est une arme, lui permettant d’aborder toute sorte de sujet. En voulant à tout prix éviter de tomber dans un côté dénonciateur ou moralisateur, il trouve toujours des moyens originaux de dénoncer de vraies réalités, comme il fait sur Pensionman.
Cette peur d’être lourd ou ennuyeux pour son public pouvait déjà se ressentir sur Xeu avec Deviens Génial, qui est un morceau très touchant dans le texte et le thème. Une succession de conseils et de préventions sur le monde extérieur, avec forcément une interprétation liée à son fils : « J’vais changer les règles mais tu grandis vite ». Et comme s’il ne voulait pas être lourd en faisant ça sur un piano ou une mélodie assez triste, il nous pose ce texte sur une prod type eurodance. Logique. Et c’est presque plus touchant, car on a l’impression d’une personne gênée d’exprimer ses sentiments et qui passe par des procédés humoristiques et décalés pour en parler.
Il y a en tout cas une grosse progression chez Vald qui a atteint un très très haut niveau sur ce projet. Il ne cesse de gravir les échelons (d’ailleurs le nom de son nouveau label) et nous encourage à en faire de même, d’une bien belle manière.
Essayons de regarder ça plus en détail en discutant de 4 aspects qui rendent cet album excellent.
Et puis comme il dit dans No friends, « le rap c’est la philosophie pour les nuls », alors à défaut de lire des textes qui parlent de métaphysique ou des propriétés de notre inconscient, analysons un peu la philosophie des nuls, et regardons pour ce monde, n’est pas si cruel.
 
 « Je joue pas les rappeurs j’suis vraiment un rappeur » – Ignorant
Si quelqu’un pouvait encore en douter, on ne peut qu’être d’accord avec ça. Car si cet album est une telle réussite, c’est évidemment dû (en partie) au niveau de Vald, qui n’en finit pas de progresser.
Il est difficile de toujours s’améliorer et il peut arriver qu’un projet soit moins bon que les autres. Pourtant on a l’impression d’être sur une pente ascendante depuis Agartha, et on ne sait pas quand ça va s’arrêter. Que ce soit dans les flows, dans les mélodies proposées, dans les thèmes abordés et la manière de les aborder, ou encore dans l’interprétation on sent qu’il y a un vrai step-up depuis Xeu, qui était pourtant déjà très bon.
Il est rare qu’il garde le même flow sur un morceau entier. Et ces variations permettent de ne jamais décrocher et rend l’album très varié. Dès la première piste, on comprend que le bonhomme est à l’aise avec le kickage. Le morceau est placé en intro comme pour dire voilà ça c’est fait maintenant laissez-moi tenter des trucs et m’amuser. Du coup l’album devient passionnant parce qu’on ne sait jamais à quoi s’attendre avant d’écouter un morceau. Il propose constamment des nouvelles mélodies comme sur Ma Star où on ne l’avait jamais entendu dans ce registre-là.
Pour mieux comprendre ça, on va s’arrêter sur 3 morceaux de l’album qui montrent pourquoi Vald est un des meilleurs aujourd’hui.
Le tout premier c’est assez logiquement Pensionman. Assez logiquement car c’est un morceau qui a été beaucoup salué par les fans et par les rappeurs eux-mêmes (on pense ici à Niska ou Damso). C’est le Vald humoristique mais qui rappe, qui soulève avec dérision un sujet pourtant bien concret et surtout jamais évoqué auparavant. Il faut admettre qu’il n’y a que lui pour inventer le super-héros de la pension, et répéter sur la prod « qui veut un salaire je lui fais un gosse ». Magnifique.
Ensuite il y’a Pourquoi. Avec Ponko et Nico Bellagio (producteurs d’Hamza), on a un Vald qui ne rigole plus du tout et qui nous fait un morceau très fort de sens. Là c’est toute l’interprétation qui est importante, car c’est aussi une de ses grandes qualités. Peu de rappeurs seraient capable de faire un morceau comme ça, avec des propos très durs mais très réels, et des mélodies qui traduisent une souffrance profonde. Évoquant une relation compliquée avec une femme manipulatrice, il règle ses comptes avec elle assez violemment en s’adressant directement à sa personne avec des injonctions assez fortes « pleure salope, meurs salope ». Le parallèle avec le titre Kim d’Eminem est ici assez logique, les deux étant des sons rendus puissants par l’interprétation des artistes et les propos forts employés. Si dans son morceau Eminem était plus violent dans les cris et dans la détresse, la même souffrance est présente chez le rappeur d’Aulnay avec cette voix faible et pleine de détresse. On remarquera aussi que la collaboration entre les producteurs Belges et Vald est très intéressante dans le sens on a l’impression d’entendre des vibes propres à Hamza sur le morceau, dans les intonations de voix notamment, et c’est très fort.
Enfin, et c’est plus personnel, mais je voulais évoquer Royal Bacon. Premièrement car c’est l’outro de l’album, Rappel étant par définition un rappel qui vient après, comme il a eu l’occasion de l’expliquer en interview. Le morceau est rempli de tristesse et de mélancolie, bien aidé (encore une fois) par la prod assez aérienne de Seezy, avec toujours ces drums qui viennent apporter pus de profondeur et de puissance à cette tristesse. Le couplet unique donne l’impression d’être craché sur l’instru, avec un flow assez rapide. On termine l’album sur une note assez sombre avant de passer au rappel, avec des doutes, des questions : « combien de trophées pour résoudre cette vie ? », mais aussi de la fatalité « vise la sévérité du dieu qui t’a mis bas ».
Bien entendu les autres morceaux sont tout aussi excellents (voire plus) et chacun d’entre nous aura ses préférences, mais cet échantillon est assez représentatif de l’immense palette de Vald et son équipe qui sont désormais capable de nous proposer toute sorte de morceau et de nous surprendre à chaque fois.
Pour résumer la performance de Vald sur cet album, on peut dire que le step-up le plus important se voit au niveau des mélodies qui sont extrêmement variées et toujours justes (merci Sirius), que les thèmes abordés sont toujours variés, comme les flows, ce qui fait qu’on n’a jamais un sentiment de redondance dans sa musique et qu’il a enfin accepté de contacter des rappeurs pour proposer un featuring, ce qui nous permet de retrouver des collabs inédites avec SCH et Maes sur lesquelles on va revenir.
On peut donc dire un grand bravo à notre cher Valentin.
 
 
« De-Val et Samuel comme les nouveaux Marvel » – No friends
Dans la vie, il y a des gens qui font la paire : Omar & Fred, Alain Souchon & Lourent Voulzy, Booba & Kaaris… On peut ajouter à cette liste un duo qui nous procure beaucoup de joie : Vald & Seezy.
Avec 14 titres produits sur les 16 qui composent l’album (sans compter les exclus propres à chaque édition), Seezy est un acteur important de la réussite du projet. Déjà sur Xeu on le retrouvait sur 16 des 17 titres, et surtout sur l’énorme single Désaccordé qui a fait grimper le duo de plusieurs étages.
La diversité des styles dont on parlait plus haut est aussi possible grâce à lui. Il est assez rare qu’un seul producteur puisse tenir tout un album seul sans le rendre monotone et répétitif dans les sonorités, pourtant c’est bien son cas, et ça depuis Agartha. On retrouve de tout sur le projet : des prods assez « aérées » qui laissent de la place pour le débit de Vald comme sur Poches pleines, des mélodies ensoleillées et variées avec Ma Star, Keskivonfer, ou J’pourrai, et d’autres qui imposent une ambiance sombre et puissante sur ASB ou Dernier retrait.
Et que dire de sa performance sur NQNTMQMQMB. On entame le morceau sur une ambiance hardcore, assez métal (son influence première) avec un Vald qui nous sort encore un nouveau flow ultra-rapide qui prend à la gorge. D’un coup tout s’accélère et BOUM. En 2 secondes on passe à une prod avec peu voire pas de mélodie et de gros drums pour accompagner la performance de SuikonBlaz Ad sur laquelle on aura l’occasion de revenir. Ce changement d’instru est une merveille du genre, on ne le voit absolument pas venir et pourtant les deux parties collent parfaitement ensemble alors qu’elles n’ont pas grand-chose à voir, et qu’elles ont même des BPM différents. Très fort.
Un autre morceau un peu « à part » dans son style et toujours aussi réussi : No friends. À part déjà parce que pour la première fois on entend Seezy chanter sur les ponts, ce qui peut surprendre et en même temps ça passe extrêmement bien. L’instru est également un peu différente, elle tape moins, une batterie, un piano, on sent une ambiance calme, assez triste qui rappelle un peu ce que XXXTentacion pouvait faire. Cette composition montre que Seezy est d’abord un musicien avant d’être un beatmaker et ça se retrouve totalement dans ce genre de morceau. C’est également un moyen de faire un peu respirer l’album avant de se reprendre une bonne dose de violence sur ASB.
Et pourtant malgré cette capacité à toujours se diversifier, on peut parler d’une « patte Seezy » commune à la majorité de ses compositions : les drums. En effet, même lorsque le son est un peu plus mélodieux avec des flows chantés on retrouve toujours des kicks qui font vibrer les enceintes et qui apporte un plus. C’est ce qui permet de ne jamais ressentir une certaine monotonie comme ça peut arriver sur d’autres projets.
Les deux artistes se sont donc bien trouvés, et si Vald n’était pas convaincu de l’utilité de Seezy au départ, qu’il prenait pour un enfant qu’on lui collait dans les pattes, ils ont bossé et compris comment ajouter leurs forces pour produire des projets de qualité. Ce monde est cruel en est une belle preuve.
« L’union fait la force comme additionner, viens me rejoindre en zone pavillonnaire » – Dernier retrait 
C’est bien connu, à deux on est plus forts. Enfin parfois, mais pas toujours. En tout cas ça peut en aider certains. Vald lui n’a pas forcément besoin de ça, et s’associe peu sur ses albums : 2 feats sur Agartha, 3 sur Xeu et encore 3 avec ce projet. Ces collabs sont en plus pour la plupart des membres de son équipe (Suikon Blaz Ad, Sirius, Sofiane…) à part pour Damso sur Vitrine. Il a en effet répété à plusieurs reprises ne pas être très à l’aise avec l’idée de proposer des feat aux autres rappeurs. Un peu timide le Valentin.
Pourtant on sait qu’il est aussi très bon en feat, et quand on l’invite il n’hésite pas à répondre présent et donner des collaborations réussies : Heuss l’Enfoiré avec L’Addition, Jul avec J’suis loin ou Lefa avec Bitch
Cette fois il s’est laissé aller à quelques propositions, ce qui nous permet de retrouver deux collaborations inédites : Sch et Maes. Bien sûr il garde son acolyte AD parce que bon, faut pas déconner quand même.
D’ailleurs c’est le featuring qui arrive en premier dans l’album, dès le deuxième morceau. Le titre NQNTMQMQMB est un clin d’œil à un projet sorti 3 ans plus tôt, avec 42 titres et interludes et Suikonprésent sur une dizaine d’entre eux. C’est donc un beau moyen de montrer qu’ils sont ensemble depuis bien longtemps et que ce n’est pas près de s‘arrêter.
On l’a déjà évoqué plus haut en parlant surtout de la prod de Seezy, mais il faut également saluer la performance des deux, qui fusionnent véritablement à chaque fois qu’ils sont ensemble sur un titre. Ad arrive après l’énorme changement d’instru et profite parfaitement de l’impulsion pour lancer le refrain, avant de nous balancer un couplet où il utilise encore plusieurs flows différents. Les deux compères sont plus efficaces dans le son que pour faire des vidéos humoristiques sur Youtube visiblement. Et à en croire Vald, maintenant qu’il a sa propre structure (Échelon) on devrait (enfin) avoir un projet de Suikon Blaz pour 2020. Et c’est une bien bonne nouvelle car ceux qui les suivent depuis longtemps savent bien que c’est un excellent rappeur et que ce projet risque de mettre une bonne gifle a pas mal de monde.
Vient ensuite une collaboration qui était très espérée par de nombreux amateurs de rap : le feat avec SCH. Incroyable. Là encore on est sur une démarche innovante. Sur le morceau Halloween, on retrouve le Marseillais sur le refrain, un peu en surprise. En surprise car il n’est pas mentionné dans les crédits du son, on ne s’attend donc pas à l’entendre débarquer et c’est une bien bonne surprise. D’autant plus qu’on le retrouve sur le morceau d’après pour le « vrai » featuring, Dernier retrait. Un storytelling où ils se placent en tant que braqueurs, Vald qui braque l’industrie et le S dans un braquage de banque très scénarisé, le tout avec un flow rapide et un timbre de voix bien vénère dont il a le secret. L’alchimie entre les deux est parfaite et apporte un vrai plus à l’album. Introduire un featuring sur le morceau d’avant c’est beau, et on aime quand c’est beau. On peut également dire sans trop s’avancer que ce morceau réserve un gros clip, car on retrouve dans le son pas mal d’éléments extérieurs, la voix au début qui dit « Putain décroche » et tous les bruits de sac, de billets et autre pendant le couplet de SCH. Connaissant en plus le talent d’acteur des deux, très amateurs de jeux de rôles dans leurs clips, on risque de se prendre une nouvelle gifle, encore.
Enfin c’est une connexion 100% 93 pour le dernier featuring du projet avec Maes : Aulnay-Sous-Bois d’un côté, Sevran Beaudottes de l’autre. Le morceau est sombre et agressif, avec deux flowsrapides, des voix graves et menaçantes et un refrain répétitif qui rentre bien en tête. Le rappeur de Sevran s’intègre parfaitement dans le thème du morceau et dans l’album, pour nous mettre une bonne gifle, et c’est déjà la troisième.
Que retenir de ça, si ce n’est qu’en 3 featurings on a pris 3 gifles ?
 
« Je sais qu’j’suis pas tout seul fait qu’j’suis serein quand j’suis tout seul » – Keskivonfer
Si dans ses interviews Vald se catégorise souvent comme solitaire, il a bien une équipe autour de lui à laquelle il porte beaucoup d’affection et sans qui, sans rien enlever à son travail, il ne pourrait proposer un tel projet. Et on le ressent beaucoup dans les différentes interviews de promo. Quand il parle de l’album c’est « notre album » et on ressent de plus en plus l’esprit d’équipe qui les anime. Seezy, Suikon, Sirius, Aociz, Merkus chacun d’entre eux apporte quelque chose à la construction de l’album et permet de le rendre si qualitatif. S’ils interviennent tous en tant que conseillers sur les maquettes pour donner leurs avis et ainsi diriger le projet, ils ont chacun un rôle dans cette réussite.
On ne va pas revenir sur Seezy dont on a déjà longuement parlé plus haut, ni sur la performance de Suikon qui, en plus d’être un appui et un ami pour Vald, lui offre toujours d’incroyables couplets sur les feats. Par contre il est important de saluer la prestation de Sirius, qui a réalisé quasiment tout le mix de l’album (quasiment car sur Pourquoi ainsi que sur les bonus c’est Hugo Martinez). Vald le rencontre quand il signe avec Tefa et il était à la base son stagiaire. Présent sur tous ses projets depuis, Sirius apporte un énorme plus aux albums grâce à la qualité de son mix, qui permet de proposer toutes sortes de sons plus différents les uns que les autres en gardant toujours une cohérence et une qualité irréprochable. C’est criant sur cet album sur des morceaux comme NQNTMQMQMB où l’instrumental change au milieu avec deux parties complètement différentes mais qui pourtant donnent un rendu parfait et hyper propre, ou des titres comme Ma StarValdexpérimente pleins de mélodies différentes mais qui fonctionnent toujours. Car ces qualités dont on a parlé plus haut, à savoir la possibilité de varier les mélodies, les interprétations ou les ambiances sont aussi due au travail de Sirius. Pour faire une comparaison un peu nulle, ce serait comme si Vald et Seezy étaient les ingrédients d’un plat, et que Sirius était le cuisiner qui va allier leurs qualités respectives pour donner un plat délicieux. Sirius Bocuse, voilà comment on devrait l’appeler dorénavant.
Aociz, que l’on peut entendre sur l’outro de No friends nous expliquer une théorie sur les algorithmes de la vie, est également un membre important de cette équipe. C’est lui que vous retrouvez aux platines sur toutes les dates de Vald depuis pas mal d’années maintenant. Cela leur a permis de se lier d’amitié et son petit passage sur No friends, en plus d’être assez drôle, traduit aussi une volonté de le mettre sur le projet, et de montrer qu’il fait partie de ce groupe et que son apport est essentiel pour Vald. Derrière sa table pendant les concerts, il peut bien prendre la température et savoir quels morceaux vont être propices au turn-up, ce qui peut lui permettre d’aiguiller certaines compos dans ce sens.
Enfin, on a Merkus, qui est un peu à la baguette de cette belle équipe. Pour filer la métaphore culinaire, on pourrait dire que c’est le chef du restaurant. Producteur confirmé et d’expérience, il accompagne Vald et lui apporte sérieux et rigueur. Avec un avis toujours objectif, parfois dur, il représente ce dont tout artiste a besoin. Son honnêteté et sa discipline poussent le V à faire toujours plus, toujours mieux et ce n’est pas pour rien si l’on en est là aujourd’hui. Dans un documentaire Rapelite sorti il y a quelques jours, on a les regards croisés de Vald et de Merkus sur l’album et sa conception. On a presque l’impression de voir un joueur et son entraîneur, avec le premier content de lui, un peu flemmard mais surtout très talentueux, et le deuxième assez strict, content mais pas trop et déjà en train de prévoir la suite. Et c’est extrêmement précieux pour un artiste comme Vald d’avoir une personne comme ça à ses côtés. C’est également « le cerveau des opérations » comme par exemple pour la campagne de promo au Japon, à New-York et à Dubaï. Merkus a de grandes idées et n’a pas peur d’aller au bout, et c’est une immense qualité.
 
On peut donc retenir que cet album va certainement se placer comme un projet important du rap français, par la recherche de nouvelles sonorités, de nouveaux thèmes, d’instrumentaux, de technique et d’excellents featurings.
On retiendra l’excellente performance de Vald bien sûr, car après tout c’est bien lui l’artisan principal de cette œuvre, mais également le rôle primordial de Seezy, de Suikon, Sirius, Aociz et Merkusdans cette belle réussite qui s’écrit depuis Agartha et qui continuera encore longtemps.
Merci d’avoir pris le temps de lire cette « analyse », en espérant avoir été assez complets sur le contenu.
Et maintenant que l’on sait que ce monde est cruel, et qu’on ne peut rien faire contre ça car c’est tout un système qui est trop loin pour nous, concentrons-nous sur nos proches, nos projets, et devenons géniaux.
On lui laissera le mot de la fin :
« Ce monde est cruel, j’remercie quand même, merci pour tout ».
Merci à toi Valentin.

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