A une autre époque, Def Jam Recording France était La Mecque du Gangsta Rap. Retour sur l’histoire du label.
Avec la signature du groupe IAM, figure de proue du Rap en France, et fondateur incontestable du courant dans l’hexagone, les visionnaires annonçaient la couleur d’office. Def Jam a ouvert sa filiale en France il y a 7 ans, IAM était la première signature de la maison. C’est avec le symbole d’un groupe de Rap « censé » presque « conscient », qui a toujours su conservé une technicité irréprochable que la maison de disque a voulu commencé.
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IAM pour tout dire c’est plus de 8 albums studios avec un immense classique « L’Ecole du Micro D’Argent » sorti en 1997 qui selon une édition de l’Express de 2016 est l’album de Rap français le plus vendu en France. On pense que le groupe quitte la scène après la sortie du cinquième opus « Saison 5 », mais le label de Pauline Duarte (Benjamin Chulvanij à l’époque) les renvoie au micro. Ils sortent trois albums chez Def Jam France : « Arts Martiens », « …IAM », et « Révolution ».
Puis en quelques années jusqu’en 2013-2015, le label signe les plus gros calibres du Rap français : Kaaris, Alonzo et même un humoriste Wilaxxx. Au niveau du positionnement la filiale de la maison mère américaine se place clairement dans le gangsta Rap. Certains prétendent que Def Jam représente quelque part la voyoutocratie à l’époque.
Pris de boulimie, la label signe énormément d’artistes sans vraiment prêter attention aux particularités contractuelles. L’exemple le plus flagrant est la signature de Lyna Mahyem. La jeune chanteuse explose après avoir repris le « 92i » de Booba. Signé chez New Times Song, elle passe en coproduction chez Def Jam Recording France.
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Malheureusement pour l’artiste, ses problèmes avec son ancien producteur et ses hommes de main la freineront comme jamais. Lorsque l’artiste de Def Jam sort sa trilogie, son ancien producteur de New Times Song engagé dans des contrats toxiques est jugé pour agression sur un autre homme (un de ses anciens collaborateurs) pour une affaire la concernant. Finalement, Def Jam comme tous les autres labels a été trop gourmands car en signant tous les artistes qui peuvent entrer dans son viseur, le bijou de Duarte a oublié qu’il ne pouvait pas s’occuper de toutes ces signatures.
Il faut savoir qu’au milieu des années 10′, la plupart des maisons de disque signe frénétiquement tous les artistes qui en valent la peine avec ou sans avance. Mais ces dernières années, ou plutôt à partir des années 15′, le label change clairement sa stratégie. Le nouveau créneau de Def Jam Recording c’est de s’entourer des rookies « gangsta Rap » les plus prometteurs et pour l’instant c’est une réussite totale.
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Avec la signature de Remy et son mentor Mac Tyer, de Koba La D, et bien entendu de YL, la maison est prête à affronter l’avenir sereinement. Remy avec son album presque éponyme « C’est Remy », c’est un brin de Rap oldschool (boom bap pour être plus précis) dans la jungle de la Trap Music.
Le rappeur se fait remarquer au Planète Rap de Hornet La Frappe, et de Kaaris. Son freestyle « Reminem » sur une production instrumentale de son frère sprituel Eminen véritable renaissance du Boom Bap le lance dans les bras du label. Il y a quelques jours, le rappeur sortait son dernier clip « Friendzone ». Entraîné des années durant par le Général Tyer, qui a lui a permis d’aiguiser sa plume, le rappeur bénéficie désormais du professionnalisme des équipes de la maison de disque. Véritable métamorphose pour un rappeur talentueux et émouvant pour son amour de la musique et sa sincérité.
La nouveauté chez Def Jam s’appelle aussi Koba La D. Son dernier opus « VII » du nom du bâtiment dans lequel il a grandi a été certifié disque d’or. Koba La D c’est la dernière génération du gangsta Rap. Dans son premier opus, le rappeur alterne d’un style à l’autre. Son répertoire représente tout simplement un éventail de ce qui se fait de mieux dans le Rap aujourd’hui.
YL le marseillais que l’on a connu grâce à une série de freestyle « Confidences » est également l’un des plus espoirs du label. Le marseillais vient tout juste de sortir son premier album solo « Nyx et Erèbe ». Une signature beaucoup plus noire que celle de Remy proche au niveau de la mélancolie d’un PNL, et au niveau du style d’un Lacrim. Artistiquement, bien plus que commercialement, YL est l’une des pièces maîtresses du jeu de Def Jam. Car porté par des beatmakers très talentueux comme l’extraordinaire Noxious, le rappeur est stricto sensu la relève du côté de Marseille.
Def Jam mise désormais sur la jeunesse et tout ceci va faire très mal.