A l’origine de la série « Caïd » diffusée sur Netflix, il y a le long métrage autoproduit, créé et réalisé par Ange Basterga et Nicolas Lopez. Le format film a raflé le prix du Meilleur long métrage au Festival du Polar de Cognac en 2017. Avec l’arrivée en puissance la plateforme de streaming américaine, les deux artistes ont décidé d’adapter leur œuvre pour Netflix.
« Caïd » raconte une histoire totalement originale loin du train train quotidien du film de cité. Un réalisateur et son caméraman sont dépêchés auprès d’un artiste de rap par un label pour réaliser son clip vidéo. Malheureusement le rappeur en question se révèle être chef d’un important réseau de drogue. Les deux hommes se trouve pris dans une guerre de gang avec en toile de fond la cité phocéenne.
C’est quoi « Caïd » ? C’est un thriller haletant tenant seulement en une dizaine d’épisode de quelques minutes seulement. Car Ange Basterga et Nicolas Lopez ont senti le vent tourner, et ils ont proposé un format adapté à la plateforme de streaming Netflix. Les épisodes courts, violent et haletants se succèdent à un rythme effréné.
Si certains internautes, un peu trop conformistes ont émis des doutes sur le format. Il est indéniable que cette prise de risque artistique a été saluée par la plupart. Et vue le succès important de la série, elle est aussi à l’origine de son succès sur la plateforme de streaming.
Car Ange Basterga et Nicolas Lopez sont parmi les premiers à prendre en compte la nature de Netflix pour adapter une œuvre destinée au départ au 7 ème art. Canal + s’était lancé il y a quelques années dans le développement du format très court à travers son application Studio + dans lequel figurait un certain « Force et Honneur« . Mais les deux hommes réussissent là où Canal + a un peu péché. La chaîne cryptée était un peu trop avant-gardiste à l’époque aurait dû attendre quelques années.
Les acteurs de la série Caïd ont aussi fait un boulot exceptionnel. C’est d’abord le cas, pour l’acteur principal qui joue le « Caïd » en question. Le monde du rap indépendant le connaît bien sous le pseudonyme de EL K.I.D. Avant de crever le grand écran, l’homme a écumé la scène rap indépendante. On s’en rappelle comme d’un rookie très talentueux. Abdramane Diakité crève l’écran. Côté acteur on retrouve Sébastien Houbani (Tout nous sépare), Idir Azougli (BAC Nord), Mohamed Boudouh ou encore Jean-Toussaint Bernard (la série La Flamme)
Loin de véhiculer les clichés sur les quartiers, le film dévoile une réalité dans le milieu du rap : la proximité de certains réseaux mafieux avec le monde du rap sachant que la musique est toujours le meilleur moyen de blanchir de l’argent pour certains Caïds. Bien entendu, il ne faut absolument pas généraliser la situation, et imaginer que tous les rappeurs sont des gangsters bien que certains le chantent à tut tête avec des égotrips bien gras. L’égotrip fait partie de la culture gangsta rap.
Puis le succès de la série Caïd révèle aussi que le septième art et la série se revigore de plus en plus avec l’univers des quartiers. Et Netflix a ouvert la porte aux quartiers français. On pense par exemple à Kery James qui après des années de stand by a fini par distribuer son long métrage, symphonie des antagonismes des quartiers sur Netflix, mais aussi Nekfeu ou PNL. Canal + pour sa part a connu son plus gros succès l’année dernière avec la série « Validé » de Franck Gastambide. Et on se rappelle aussi de la série « Les Sauvages » avec Sofiane.
« On ne fait pas partie de la solution mais plutôt du problème » criait NTM, peut être pas !