Le 23 avril 2021 est une date importante pour les fans du rap parisien. En effet, c’est à cette date que le tant attendu projet collaboratif Private Club de Jazzy Bazz, Edge et Esso Luxueux nous est parvenu. Un projet qui nous plonge au coeur d’un monde nocturne, où luxure et vice se mêlent aux néons sur un fond de remise en question.
Un vrai projet collaboratif :
Le concept de projet collaboratif est plutôt rare dans le rap français malheureusement. La faute souvent à des problèmes d’organisations et contractuelles. Cependant, Private Club s’affranchit de ces différents problèmes. En effet, les 3 rappeurs sont membres du même collectif (à savoir Grande Ville), ils se connaissent depuis très longtemps et ils sont très souvent ensemble au studio. Cette grâce à cette puissante amitié entre eux que le mot collaboratif prend son sens. Aucun ne se présente comme un leader, chacun amène sa part pour que le projet prenne forme. C’est cette atmosphère détendue, ou l’amusement prime sur la rigueur qui donne à Private Club une dimension d’album à part. Il se situe à la croisée des chemins entre les univers respectifs des 3 rappeurs et prend la forme d’une sorte de projet bonus qui n’a que l’objectif de faire plaisir.
Un univers marqué :
Le thème de la nuit a été très souvent abordée par cette équipe, notamment par Jazzy Bazz qui avait appelé son deuxième album Nuit, et qui suivait le déroulement d’une nuit complète. Cependant, ici la nuit qui est présentée est celle de la « ride » (pour citer Jazzy Bazz lors de l’interview pour Grünt). C’est sur cet aspect que repose une des forces du projet. Une ambiance néon, rappelant les clubs de strip-tease donne à l’album un côté plutôt accessible où les trois rappeurs accueillent l’auditeur pour une soirée mémorable. Cependant, là où l’univers est le plus poussé est sur l’agencement des pistes. La première partie du disque est extrêmement festive et colle avec l’idée de la ride entre potes, tandis que la deuxième partie (amorcé par Mauvais) tend vers une atmosphère plus sombre pour arriver à ce moment dans la soirée où la solitude prend place et que le temps semble s’arrêter. Ce côté plus triste et plus introspectif atteint bien évidemment son paroxysme sur l’outro Hier Encore qui est un incroyable morceau et qui plonge l’auditeur dans un état nostalgique et mélancolique. Ce, grâce à la performance très marquante de EDGE sur le refrain .
De la maîtrise du début à la fin :
En terme de musique pure, Private Club est bien évidemment un excellent projet. Les 3 rappeurs proposent des prestations très convaincantes sur des prods tout aussi qualitatives. Voir Jazzy Bazz alterner entre des couplets très rappés (parfois de manière très académique comme sur Mauvais) et des envolées plus mélodieuses est toujours un plaisir. EDGE maîtrise toujours autant les mélodies, à tel point qu’il semble être né pour ça. Notamment sur Magma où son refrain donne une autre ampleur au morceau. Son statut de « rookie » lui amène une hargne et une arrogance bien placée qui colle parfaitement au projet comme sur Certifié : « Aujourd’hui j’fais des ronds, j’suis toujours bien habillé, J’peux gérer mes humeurs et des derniers comptes certifiés ». Quant à Esso Luxueux, il était peut-être celui que les auditeurs attendait le plus. Premier projet à son nom, il devait être au niveau et il n’a pas manqué à sa mission. Sa voix lente et apaisante, sa nonchalance en toute circonstance donne envie de réécouter ses couplets et ses refrains pour se rendre pleinement compte de son niveau et de la qualité qu’il propose.
Conclusion :
Private Club est un excellent projet qui prend la forme d’un stand-alone dans les discographies de Jazzy Bazz et et de EDGE. Cependant, c’est clairement dans ce registre qu’Esso Luxueux nous expose ses qualités et c’est sur ce point que le projet est à retenir impérativement. C’est le réel commencement pour le rappeur qui n’avait que des apparitions à son actif. Nous vous recommandons bien évidemment d’écouter (ou de réécouter) le projet et de regarder les clips, car il s’agit probablement du projet le plus visuel sorti en 2021 pour l’instant.