Qu’adviendra-t-il ? En 2021, Alkpote dévoilait Ogre, un projet largement influencé par les choix de sa maison de disques. L’artiste regrette aujourd’hui les calculs faciles imposés par la major, qui lui ont fait perdre la noirceur et l’ironie caractéristiques de son style. Sur les ondes de Générations FM, il confiait :
« Je l’assume quand même. Chaque rime, c’est moi. Belles, c’est moi, il y a un aspect de moi assez… disons, amusant. J’aime être un divertisseur. Pour Ogre, la maison de disques savait qu’avec mon rap obscur, les chiffres seraient limités. Alors ils m’ont encouragé à prendre une autre direction. Ils ne pensaient qu’aux chiffres. Et au final, ça a fait moins que d’habitude. Ils se sont trompés dans leurs calculs. Ils ont moins de bouteille que moi dans le rap. Ce sont des petits jeunes, ils viennent d’arriver… Là, je suis revenu à ce que je sais faire de mieux. Les instrus que j’aime sont sombres. Je suis quelqu’un de sombre. Je l’ai toujours été. »
En 2023, il sort Le Spectacle Doit Continuer, un album fidèle au style qui a fait son succès, entièrement produit par Tarik Azzouz, bien connu pour ses collaborations avec de nombreux rappeurs américains. Cette fois, le succès est au rendez-vous.
L’artiste prépare actuellement la sortie de Réjouissance, dont un premier extrait avec Pétroville a déjà été dévoilé. L’opus est attendu pour ce vendredi 23 mai. En parallèle, Alkpote fait également parler de lui avec sa participation remarquée à une émission dédiée aux amateurs de CBD.
Alkpote est à « Pétroville » !
La production est assurée par Pandrezz, Pprod et Epektase. Dès l’introduction du morceau, l’artiste prend le temps de remercier toute l’équipe impliquée dans le titre. Une belle attention, surtout en France, où, contrairement aux États-Unis, les beatmakers, réalisateurs et ingénieurs du son sont trop souvent relégués à l’arrière-plan au profit des artistes et des punchlines.
Pandrezz, par exemple, a déjà beaucoup collaboré avec Yamé, notamment sur les titres Bécane (véritable hit en puissance), Ayo Mba, ou encore Call of Vahalla. Sur Bécane, il travaillait déjà en duo avec Epektase. La production de Pétroville est volontairement « basique », presque stéréotypée — mais d’une puissance redoutable. On comprend ici qu’il s’agit d’un exercice de style : Alkpote joue avec les codes du genre, les détourne avec une efficacité qui frôle l’impertinence.
Côté punchlines, l’ironie et le second degré sont, comme toujours, bien présents. Et une fois de plus, ça détonne. Les références sont nombreuses, et loin d’être simplistes :
« J’suis posé dans un yacht, à l’écart comme les provinciaux
Tu aboies comme un chiot, j’suis en symbiose avec le vin bio
C’est ça la vie qu’t’aimes, moi j’demande pardon à mes victimes
Charmé par les sirènes, j’ai voulu goûter leurs cyprines (Splash) »
Et parfois, l’Empereur verse dans le gore, fidèle à sa réputation :
« J’ai dû faire du sale (du sale), comme cette jeunesse escorte (pute)
J’ai dû faire du sale (pute, pute, pute, pute), pour pouvoir être propre »
Le clip est signé Léo Htag, qui livre un visuel mêlant humour et bling dans un savant mélange. Une touche visuelle singulière, en phase avec l’univers de Alkpote, toujours aussi à part dans un rap français de plus en plus homogène. Peu d’artistes osent encore proposer quelque chose de différent.
Léo Htag, de son côté, s’est récemment illustré en réalisant les clips de Demi Portion (Ça parle de, dédié à Marseille), Souffrance et Soprano.