Les Poetic Lovers ?
À l’aube des années 90, un groupe composé de Carry Kani (Rudy Desbonnes), Jay Kani (Johan Legiel), Dré (André) et Little T (Rodrigue) tente de surfer sur la vague R’n’B. Bien avant que la pop urbaine de Sexion d’Assaut ne permette au milieu d’accepter autre chose que du rap pur et dur, il était difficile en France de proposer des morceaux doux et chantés.
La vague R’n’B, solidement installée aux États-Unis, a en France suscité de nombreuses critiques. Rohff ne déclarait-il pas dans On fait les choses :
« La vague R’n’B, je la ferais mieux chanter dans sa chambre. »
Matt Houston, dans son morceau R&B 2 Rue, exprimait une idée similaire :
« Dans l’ghetto ghetto, tout le monde dit qu’le R&B n’est pas du Hip-Hop, oh oh
Qu’on kiffe parler de sexe pour faire mouiller les meufs, idiots
Dans l’ghetto ghetto tous les MC’s testent les New Jacks illico oh ! »
Pour les Poetic Lovers, révélés par Graines de Star en 1997, le succès fut immédiat. Leur premier album Amants Poétiques explose dans les charts, notamment avec les titres Prenons notre temps, Qu’il en soit ainsi et Fier d’avoir ton love. Le groupe décroche un disque de platine, à une époque où cela représentait encore un exploit.
Aujourd’hui, deux des membres originels, Rudy et Jay, signent leur retour sous le nom palindrome Poetic. Il s’agit du premier extrait de l’acte I de leur trilogie Aeternam.
Les Poetic livrent un morceau social pour leur grand retour !
La production instrumentale du titre est signée par Rudy Desbonnes, également membre du groupe. Par le passé, il avait notamment composé Éternellement. Cette nouvelle création reprend l’essence du R’n’B à la manière des Poetic Lovers, avec une forte inspiration new-yorkaise. Rudy et Jay y évoquent les blessures de la vie.
Dans un contexte où, selon la Fondation Abbé Pierre, plus de 9,1 millions de personnes vivaient sous le seuil de pauvreté en 2022, où la violence et la frustration explosent, Poetic propose un morceau d’espoir, loin du faste et du bling-bling, loin des rêves inaccessibles et des palaces.
Le clip, réalisé par Brice Lava et Rudy Joseph, mêle des images des deux artistes à des extraits illustrant la misère du quotidien pour une partie de la population. Brice Lava, très actif dans le monde du cinéma, a notamment réalisé le court-métrage Une journée ordinaire. Il milite aussi activement dans les festivals dédiés aux formats courts.
