Les observateurs du monde entier ne manquent pas de superlatifs pour qualifier l’œuvre de Kendrick Lamar. Le rappeur / artiste originaire de Compton comme Dr Dre a réussi à convaincre le milieu avec deux albums sortis coups sur coups « Good Kid, MAAD City » (Aftermath – Interscope Records) et « To Pimp a Butterfly » (Aftermath – Interscope) . Un génie est-il né ?
L’héritier de la génération d’or de la WestCoast ?
La WestCoast a connu sa grande époque au début des années 2000. A l’époque Dr Dre sortait « Chronic 2001« (Aftermath), un album devenu mythique, véritable boite à tubes qui ne comportait aucune faiblesse. Dans le giron du producteur le plus connu de la Côte Ouest des Etats Unis, plusieurs artistes de grandes renommées comme Eminem, 50 Cent, ou Xzibit ont perpétué l’œuvre du maître qui a décidé de prendre du recul avant de sortir « Compton » cette année après presque 15 ans.
Mais quelques années avant la renaissance du Dre, un jeune artiste originaire de Compton lui aussi, répondant au doux pseudonyme de Kendrick Lamar, jetait un pavé dans la marre avec son album « Good Kid, Maad City ». Avec quelques titres phares comme « Swimming Pool » ou « Money Trees« , Kendrick Lamar est le premier artiste depuis les pères fondateurs de NWA à réussir à concilier avec autant de brio l’Entertainment, la musicalité, et le discours revendicateur du rappeur, source du Hip-Hop.
Kendrick Lamar Version 2.0
L’année 2015 devait être celle de la confirmation pour l’héritier des pères fondateurs du Rap. L’album « To Pimp a Butterfly » de Kendrick Lamar tombe à pic. Avant sa sortie de nombreuses affaires impliquant des forces de Police dans la mort de jeunes issus de la communauté afro-américaine ont éclaté aux Etats Unis. Pour un artiste engagé comme Kendrick Lamar, il s’agissait véritablement d’un appel à la révolte.
Dans plusieurs de ses titres extrait de « To Pimp a Butterfly » et plus particulièrement « The Blacker The Berry », on retrouve l’aspiration d’un homme libre enfermé dans les contradictions propres à la communauté afro-américaine. « The Blacker The Berry » est particulièrement révélateur à ce sujet, puisque Kendrick se lance dans un long monologue plein d’antagonisme et de paradoxes.
Mais ce n’est pas le seul titre de Kendrick qui traite de ce sujet. Le très réputé « King Kunta » qui a été diffusé dans toutes les télévisions du monde reprend le nom de « Kunta Kinté » le héros de la série « Racine » qui relate l’histoire d’un héros de l’esclavage. De même, le clip du titre « Allright » tout bonnement à couper le souffle illustre parfaitement ce mouvement qui pousse les principaux représentants de la communauté afro à faire part de leur mal être.
Un album engagé d’une musicalité parfaite !!
La Trap Music n’a pas fait des ravages qu’en France. Depuis Gucci Mane, jusqu’à plus récemment Migos ou Lil Durk la vague « Trap & Thug » a fait des ravages outre-atlantique. Ce n’est pas nouveau dans un pays dans lequel le Rap est né dans de vrais ghettos. Le quartier de Snoop Dogg à Long Beach Island, un autre représentant de la WestCoast, est depuis 20 ans le théâtre d’une guerre sans merci entre les Creeps et les Bloods, deux gangs rivaux.
Mais contrairement à certains artistes qui poussent sur le discours en délaissant la musicalité, Kendrick Lamar n’a pas oublié que son rôle de porte parole ne dépassait pas son rôle d’artiste. Avec une grande facilité il enchaîne les titres dans différents styles avec différents flow lui donnant l’air d’un caméléon du Rap.
Le titre « U » est à ce titre assez révélateur puisqu’il se compose comme le « Dark Side / Gone » de Dre ou le Regretté de Rohff en France par exemple de deux parties bien distinctes. Musicalement, Kendrick Lamar est un génie !!
Un succès énorme au BillBoard !!
Fort d’une première semaine d’exploitation avec plus de 350 000 exemplaires vendus, Kendrick Lamar a cumulé avec son troisième album près de 10 millions de Stream sur Spotify dans les dix premiers jours suivant la sortie. Jamais un artiste n’avait réussi à mêler aussi bien du jazz, du rap old school, du funk et même de la Pop.
En deux albums, Kendrick Lamar est devenu le leader de la nouvelle génération !