La métamorphose avait déjà commencé avec son album « No Future« . Tiers Monde, rappeur pourfendeur du matérialisme qui gouverne nos sociétés, délaissait son Boom Bap de « Punch » pour se diversifier et s’essayer à un style plus contemporain. Le titre « Babel« , le bucher de nos vanités, était carrément Trap. Avec « Mamadou » son dernier ouvrage, censé être plus intimiste puisqu’il l’a baptisé de son vrai prénom, le rappeur plonge dans les grosses sonorités énervés.
Le titre « Rappeur Blanc » est extrait de ce dernier album, et c’est un véritable hymne à l’universalisme. Sous l’impulsion d’un certain Proof, parrain du beatmaking au Havre, le titre n’est pas consacré aux chantres du Troll Rap contrairement à ce que l’on croît. Tiers Monde porte l’antiracisme jusqu’à dans sa propre communauté. Pour reprendre une formule cher à Shurik’n : « le sang est le même pour tous, seules les couleurs changent, on finit de la même façon, on tend la main aux anges« . Rien que dans son refrain, Tiers écorchent les certitudes : ici je suis un s*.* noir, au bled je suis le meilleur des rappeurs blancs« . Ce relativisme, cet acharnement à combattre tous les stéréotypes, c’est le propre de « Mamadou » : « Aimer les siens, ne veut pas dire détester les autres« .
Le vidéo clip a été réalisé avec un soin tout particulier par Audrey et Wandy. Véritable petit chef d’œuvre du Rap français qui mérite beaucoup plus que ses quelques 50 000 vues.