Bylka est un rappeur originaire de Sartrouville, dans les Yvelines. Il y a quelques mois, il s’est lancé dans la production de son nouveau projet, prévu pour une sortie le 2 mai. Le premier extrait, La Cour des Grands, est une réminiscence du rap des années 90. L’artiste y ravive la foi qui a guidé l’âge d’or du rap français, en rendant hommage à des artistes qu’il reconnaît comme ses modèles.
Parmi ses influences, Bylka cite le groupe Lunatic, composé de Booba et Ali. Leur discours oscillait entre les vers agressifs, pleins de colère légitime et parfois irresponsable de Booba, et les phases plus moralistes de Ali. Vingt ans plus tard, Booba domine les sommets des charts, tandis que Ali écrit Que la paix soit sur vous. Cet antagonisme a inspiré Bylka dans la composition de son titre Anges et Démons, un hommage au rap qui l’a vu grandir.
Bylka se demande si tu es « Anges et Demons » !
Entre La Cour des Grands et Anges et Démons, Bylka a dévoilé le titre Barillo, en collaboration avec un artiste de sa ville, Sartrouville. Ce morceau, plus entraînant qu’à l’accoutumée, est porté par un texte puissant. On peut s’ouvrir sans se réinventer totalement. Le lyricisme, héritage de son influence des années 90, ne quitte jamais Bylka.
La composition instrumentale de Anges et Démons est signée par Lazy Prod, comme à l’accoutumée. Le beatmaker a accompagné l’artiste tout au long de son projet. La production est portée par un sample de voix trafiquée, qui résonne comme un cri dans la nuit, et par un sample de mizmar (ou zamr), un instrument à vent arabe très strident, conférant au morceau des accents apocalyptiques.
Effectivement, à l’instar du Hardcore d’Ideal J, dont la première version clippée aurait pu faire de Kery James un fiché S, ou encore de La Fin de leur Monde d’IAM, le rappeur de Sartrouville a décidé de dénoncer en un morceau toutes les injustices de ce bas monde. Et tout comme Les Misérables de Ladj Ly ont succédé aux Misérables de Victor Hugo à Montfermeil près de deux siècles plus tard, Anges et Démons de Bylka n’est pas plus tendre que Hardcore d’Ideal J ou La Fin de leur Monde d’IAM. En réalité, on pourrait même y retrouver des versets similaires.
Tout y passe : la grande pauvreté, le conflit israélo-palestinien, la guerre russe qui nous guette, et la situation des migrants. Le visuel, signé par V10 FILMS, est truffé d’images tirées de l’actualité. Mais tandis que Bylka écrit son pamphlet contre cette société qui le révolte, une question se pose : avons-nous développé une sensibilité extrême à l’image ? Ces séquences qui émaillent le clip de Bylka sont parfois insoutenables, en France ou ailleurs, mais la raison veut que l’on baisse la tête et que l’on retourne à une activité normale.