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Napoleon Da Legend oublié par le rap français ?

C’est un artiste que vous connaissez sans vraiment en avoir jamais entendu parler. Le désamour du rap français pour les beatmakers souvent sacralisés par le rap américain s’étend à la carrière extraordinaire de Napoleon Da Legend. Le rappeur est très actif dans le milieu underground à New York. Le titre d’IAM intitulé « La fin de leur monde« , pamphlet sulfureux, et incontestablement le titre le plus engagé du groupe marseillais a été adapté par les deux hommes en langue anglaise. La légende revient en France pour une aventure 100 % bleu blanc rouge et un nouvel album « Le dernier glacier » qui est à la fois à la croisée des mondes et à la fois à la croisée des époques.

La liste des artistes qui ont accepté de faire figurer leur blaze auprès de celui de Napoléon Da Legend est totalement hallucinante. Avec le fidèle Akhénaton, on retrouve aussi Alonzo, le vétéran Mystik aussi, ainsi que le parrain des soirées et des showcase, Frero 110GN toujours aussi engagé et aussi juste. Ce ne sont pas les seuls, on retrouve aussi Dany Dan, Stomy Bugsy et Driver.

Le titre de ces légendes du rap, mais aussi légendes urbaines n’est pas tout à fait old school. Si les compositions instrumentales passent comme un air nostalgique issu du « Jazz Mattaz » de Guru, si les lyrics corrosifs viennent exploser les certitudes, si un effort est mis sur le choix des mots, ce rap quelques fois piano et violon, et quelques fois boom bap parait plus actuel que jamais.

Les titres s’enchaînent comme sur un album des « The Roots » entre les performances de DJ et les performances verbales comme si Napoleon Da Legend avait ramené le rap à sa source, à la poésie dont il est issu, laissant l’égotrip aux oubliettes du rap amer gonflé par des piquouzes de stéroïds.

Sur le titre « La Légende » pourtant le rappeur se laisse aller à aller toucher la Drill Music. Il laisse entendre dans une récente interview à l’abcdr du son que : : « C’est primordial même ! Je rappe depuis longtemps sur plusieurs genres de rythmiques. On écoutait les Bone Thugs-N-Harmony qui posaient déjà sur des temps différents. Je rappais aussi sur des sons dancehall comme beaucoup de rappeurs ne savent peut-être pas faire. Je voulais poser sur de la drill pour voir aussi ce que ça allait donner. ». Dans « Le Mistral » c’est l’inverse, il chante avec une choriste. Alors que le rap game a transformé les choristes en couplet d’autotune que l’artiste réalise lui même avec une voix de synthétiseur. La recherche artistique n’a pas d’époque, la recherche artistique n’a pas de genre musical.

L’album de Napoleon Da Legend comme ce titre infernal avec un Frero 110GN au top de sa forme coule comme une oeuvre, comme un véritable album, et pas comme une suite de punchlines ou une suite de hits hypothétiques. Loin des divisions journalistiques entre le old et la new school, entre la drill, la dance de Jul, et la Cloud de Pnl, l’essentiel d’un projet est d’être écrit comme tel, de représenter et de revendiquer. Qui prétend faire du rap sans prendre position ?

ZeZ XXI
ZeZ XXI
@zez_xxi
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