Trois an d’absence depuis son dernier album « Where Is L’album de Gradur » puis ce « Zone 59 » qui résonne comme un retour en grâce pour le rappeur du Nord de la France. C’était en 2015, un rappeur inconnu au bataillon, et ancien soldat pour l’Armée de Terre française, remplit les salles de concert, et provoque des ruées de clics sur ses freestyles « Sheguey ». Un intitulé congolais pour une série de freestyles géniaux où le rappeur se démarque avec une énergie débordante, et une façon de faire de la Trap qui est bien à lui. Gradur a aussi amené avec lui l’esprit de camaraderie. Dans son album « L’Homme au Bob« , le rappeur s’associe à Alonzo, Chief Keef, Lacrim et même les patrons de la Trap à Atlanta Migos. C’est la première fois après des années de rivalité entre rappeurs qu’un jeune artiste se mêle aux autres sans mauvaise conscience. Il fera école car aujourd’hui la plupart des artistes de la musique urbaine multiplient le featuring.
« Bah ouais Qu’le Rap ça paie
RSA nique sa mère »
Avec « Zone 59« , le rappeur ne perd pas son état d’esprit et s’associe cette fois-ci avec Heuss L’Enfoiré, Niska, Koba LaD, Dadju, Gims, Alonzo et le grand Ninho. Malgré son jeune âge, le rappeur du 91 écrase toute concurrence dans les tranches les plus jeunes de la population française. Certifié triple platine pour tous ses derniers projets, il réalise avec le dernier d’entre eux « Destin« des chiffres comparables à ceux de PNL. La chaîne de télévision TF1 lui a même consacré un sujet dans son JT de 13 H. Signe d’une époque qui change mais aussi d’un rappeur qui a su trouver sa place avec un verbe minimaliste mais hautement pertinent. C’est avec mots simples, et une poésie bien musicale, que Ninho met à nu le malaise de la rue.
Le visuel du featuring entre les deux artistes vient tout juste de sortir. La production instrumentale a été confiée à Tommy Beatz. C’est une prod Trap dans la plus pure traditions des ancêtres de ce genre musical qui a germé dans le Sud des USA. Car l’ancêtre de la Trap est le Dirty South mouvement qui émerge aux USA dans les années 90′. Fidèle au premières prod un peu angoissante réalisées par les cannoniers de la Trap outre Atlantique, Tommy Beats réveille un style concurrencé aujourd’hui par une Cloud typiquement francilienne, et des titres plus rythmés.
Gradur évolue dans son style avec beaucoup d’énergie et un débit assez conséquent. Chaque sentence de l’artiste frappe comme un coup de marteau sur la production instrumentale. De son côté, Ninho comme bien souvent vient apporter la contradiction avec un chant plus parlé, subtile comme il sait le faire à l’accoutumée.
Nicolas Noël qui a réalisé le clip de « BLH » est resté dans les codes de la rue en mettant en scène une forme de braquage. En revanche il s’est efforcé d’explorer de nouveaux horizons sans employer le lot de caricatures que l’on retrouve toujours dans les clips Trap en France ou aux Etats Unis, le triptyque grosse gamos, vixiens, pitbull enragé. Il prouve qu’il sait toujours trouver la spécificité même sur des visus censés être street.