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Conversation avec DJ DJEL, membre de la Fonky Family et fondateur du Fonky Festival de Mars

Djellali El Ouzeri, plus connu sous le pseudonyme de DJ DJEL est l’un des acteurs majeurs du mouvement hiphop à Marseille, en France et à l’international. Fervent défenseur de la culture locale, il prône haut et fort que Marseille a indéniablement apporté une identité unique à la scène musicale française. Artiste complet de la culture urbaine (de danseur à graffeur, en passant par DJ, producteur, coach scénique ou encore organisateur d’événements), DJ DJEL, membre à part entière de la Fonky Family, revient, aujourd’hui, avec un nouveau projet : le Fonky Festival de Mars.

R : Quand as-tu eu l’idée d’organiser ce festival ? Et pourquoi ? 

D : Je me suis posé la question avec toute l’évolution des réseaux sociaux liés à la musique, je me suis dis qu’il y avait énormément de monde mais peu de date, qu’il y avait beaucoup de sorties sur les plateformes de streaming mais finalement peu de concert. Il y a des concerts d’artistes confirmés tel que Soprano ou SCH mais pas d’artistes en développement. En marge de cette réflexion, il y a également le festival de Demi Portion et celui de la Scred Connexion qui m’avaient intéressé donc je me suis, naturellement, dit qu’il serait profitable d’être la figure de proue d’un projet comme celui-ci et de pouvoir organiser un festival à Marseille. L’idée de base était d’inviter plusieurs rappeurs ou groupes de différentes villes puis je me suis dit qu’à Marseille, nous avions, tout de même, une forte identité et que nous avions pléthore d’artistes très productifs. C’était, finalement, une façon de les « promotionner ». 

R : Donc c’était réellement un choix de ta part de n’inviter que des artistes marseillais ?

D : Oui bien sûr, je pense que l’on a une aura à travers la France et au travers des pays francophones qui est forte, que l’on a une forte identité et qu’il faut en jouer, comme certaines villes aux Etats Unis, Atlanta ou Los Angeles. C’est notre force. Que ce soit au niveau du rap ou de la culture urbaine, au niveau du foot ou de la ville en elle-même. Je pense aussi que c’est un projet qui peut raisonner via les structures de communication de la ville ou des médias pour faire comprendre que l’on peut créer nos propres structures à Marseille, pour Marseille et pour l’extérieur aussi. 

R : Tu es seul sur ce projet ?

D : J’ai un associé, Alphonso, qui a également travaillé sur le Scred Festival. J’ai cette idée en tête depuis quelques temps et lui, avait envie d’organiser un autre événement. Lorsque je lui en ai parlé, il a immédiatement accepté et nous sommes partis dans cette aventure. Cela fait maintenant deux ans que nous travaillons sur ce projet. 

R : Pourquoi avoir choisi Demi Portion comme parrain pour cette première édition ?

D : Il y a beaucoup de raisons. Tout d’abord, ce genre de festival a été mis en avant par Demi Portion lui même  avec le festival qu’il organise tous les ans, dans lequel il invite des rappeurs « de niche ». J’aime sa vision de la culture et du rap. Le Demi Festival est un événement qui me parle beaucoup et auquel j’assiste chaque année. Je connais bien Demi Portion qui a fait sa première date, à l’époque, en première partie de la Fonky Family. Je trouvais que c’était comme si nous lui avions donné sa chance et qu’aujourd’hui, il me rendait la pareille. Un échange avec beaucoup d’amour et de respect. Il n’y pas mieux comme premier parrain autour de la musique indépendante pour une première édition. C’est un homme gentil, loyal et respectueux, ancien breakeur, graffeur, beatmaker, réalisateur, rappeur. C’est un artiste complet qui me parle beaucoup. 

R : Quelle est, pour toi, la finalité de ce festival ? As-tu réussi à trouver des subventions pour t’aider sur ce projet ? 

D : De mettre en avant les artistes. Et cela passe aussi par la rémunération. Tous les artistes auront leur cachet, y compris les DJs. Évidemment, nous n’avons pas de subventions, tout se fera sur la vente des tickets d’entrée. Avec la vente des tickets, nous pourrons payer une partie des frais liés à la salle de concert aussi. C’est pour cette raison que nous travaillons avec le Cabaret Aléatoire, il ne nous loue pas la salle, ils sont partenaires avec nous. Le reste servira à payer les artistes. Mon leitmotiv premier est réellement et sincèrement de valoriser les artistes, en les mettant en avant par la communication que nous avons mise en place. De les valoriser en terme d’image, de communication et de rémunération financière. Mettre en avant les artistes marseillais à l’échelle où ils méritent d’être !

R : En fonction de quels critères as-tu choisi les artistes qui préformeront ? 

D : Cela n’a pas été facile du tout mais je me suis dit qu’il y avait une nouvelle école et une « ancienne école ». Une école « du milieu » et une qui arrive. Par exemple, lorsque que je choisis Rager, je choisis avant tout un artiste indépendant, productif et qui répond à une demande plus underground. Lorsque je choisis Boy (actuellement signé sur le label de Pone et qui a été sélectionné par la Frappe l’an dernier), je retrouve une ambiance plus trap, plus drill de la nouvelle génération, en plein développement et très active. Lansky Namek, également, est une artiste féminine très impliquée au niveau de la culture marseillaise ou bien Soumeya qui sort de Nouvelle Ecole. Ghetto Phénomène, également, qui a son histoire et qui continue à faire parler de lui. Stony Stone, aussi, qui fait énormément parler de lui. Mais aussi Relo, 2Bang, So la Zone ou encore Heythem. Puis des artistes comme 3ème Oeil, Faf la Rage, Puissance Nord, REDK qui ont fait l’histoire et la renommée du rap marseillais. 

Tous ces artistes appartiennent à des styles totalement différents, des couleurs musicales différentes mais tous sont des artistes actifs et productifs et ont surtout besoin qu’on les valorise. 

Pour résumé, si je devais parler de « critères », je dirai : le style, la génération, leur niveau de développement et leur productivité. 

R : Il n’y a pas que le concert lors de ce festival. Tu peux nous en parler ?

D : Exactement, il y a aussi deux contest de danse avec un price money, animée par la compagnie des Sancho. Un contest de rap avec un battle de freestyles avec un price money animé par K-meléon. Un mur sera également peint par des graffeurs durant tout le festival. Il y aura, également, des stands de marchandising comme Criz 2 Nerf. C’était important pour nous de mettre également la culture en avant car aujourd’hui’ nous parlons beaucoup de rap dans la culture urbaine mais il y a aussi des danseurs, des graffeurs et des rappeurs évidemment. J’espère que l’année prochaine, nous pourrons organiser la première compétition de DJ marseillaise. Le but est d’amener des formes artistiques différentes à chaque fois, d’être une plus value pour la culture rap et urbaine marseillaise. 

R : Est ce que le choix du lieu avait une importance pour toi ?

D : Il y a maintenant 30 ans, la Friche de la Belle de Mai a vu le jour et a créé Logik HipHop, le premier festival hiphop à Marseille. J’ai réellement une histoire avec ce lieu : je fais du coaching scénique avec l’AMI pour HipHop Society, j’anime une émission à Radio Grenouille, j’avais mon local à l’époque dans ces locaux, j’expose bientôt un travail mis en oeuvre entre Marseille et Atlanta. J’ai beaucoup de liens avec la Friche et ils me donnent beaucoup de liberté en retour. Concernant le Cabaret Aléatoire, ils ont tout de suite accroché à l’idée et sont directement entrés dans le projet. J’ai trouvé génial qu’ils croient au projet dès le début. 

R : Penses-tu que le statut et l’image que tu as à Marseille et que tu renvoies à aider à la mise en place de ce projet ? 

D : Peut-être et je l’espère en tout cas. C’est pour cette raison que je me mets en avant lorsque je parle de ce festival. Je sais que j’ai un nom et je pense que les gens me font confiance de part mon expérience dans le milieu du rap. Donc c’est cool d’avoir énormément de respect vis à vis de ça. J’essaye de donner de la force comme je peux à Marseille, aux artistes marseillais et d’embellir cette musique qu’est le rap. 

R : Aujourd’hui, quelles sont tes attentes par rapport à ce festival et dans quel état d’esprit es-tu ?

D : Je suis en multi-stress ! J’espère que la salle sera pleine les deux jours, que je puisse payer les artistes, les autres frais, faire la fête et dire, enfin, « ouf, on l’a fait ». La promo me prend du temps et de l’énergie. J’ai beaucoup de soutien dans cette aventure car c’est très important pour le projet et pour les artistes. J’espère, encore plus unifier la ville après cet évènement. Les médias jouent, également, le jeu, l’agence SFTB qui s’occupe de la promo en tant qu’attachés de presse également. Nos partenaires aussi. 

Je suis confiant, la promo ne fait que commencer. Je souhaite avoir l’image d’un gros festival et nous allons le prouver. Je suis fier de mes partenaires, des personnes qui me suivent et qui croient en ce projet. Cette aventure, nous l’aurons fait ensemble. C’est le plus beau de l’histoire. Je n’aurais jamais pu le faire seul. Il faut s’entourer de personnes qui soient professionnelles, qui ont une vision large, neutre et une envie de faire avancer les choses. 

R : Penses-tu déjà à une deuxième édition ? 

D : Oh oui, une deuxième, une troisième, une sixième, une dixième … J’espère même un jour donner les clefs de ce projet à quelqu’un car je sens qu’il ou elle a les épaules pour continuer l’Histoire. Je suis à l’origine de ce projet mais il n’est pas à moi, il est à Marseille. Oui j’espère vraiment organiser une deuxième édition, nous avons déjà des idées à développer dans la ville. Nous avons envie de faire rayonner ce festival, d’avoir de nouveaux parrains, d’avoir des budgets. 

R : Toujours qu’avec des artistes uniquement marseillais ? 

D : Toujours qu’avec des marseillais mais dans l’idée qu’ils invitent les artistes non marseillais avec qui ils ont eu l’occasion de collaborer. Je pense que les marseillais ont la force pour le faire. Il y a tellement d’artistes talentueux dont on ne parle pas assez comme le jeune Missan ou bien d’autres comme Graya, Ligno … Et j’en oublie tellement. Toujours dans l’idée de les mettre en avant. 

 

Lien vers la billetterie : https://shotgun.live/fr/festivals/fonky-festival-de-mars-12-13-avril?fbclid=PAAaavEwh4txj6R1koUZsP0Ic8n4q3JNGXbElamxp0hvzHqZZsabPTN2tgrRs_aem_AXAKr_d23yfUtSsAoJghgz06_H10CcOx_I9nFLwoccKUViFCfFxdyB78fcbCBCauBww 

 

Découvrez le dernier clip de So la Zone, l’un des artistes présents lors du Fonky Festival de Mars en featuring avec Fianso 

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