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Entretien avec Sheng !

A l’occasion de la sortie de son premier EP Enfants Terribles, la jeune artiste Sheng est venue s’entretenir avec notre journaliste Marouane. Ses influences, sa manière de travailler et son projet, tout est évoqué.

R : Tu as trop laissé la musique prendre de l’ampleur sur tes études?

Sheng : Peut être un peu, après il faut connaître ses priorités … Je pense avoir mon année, on verra après.

R : Merci pour avoir accepté l’interview. Peux-tu te présenter tout d’abord? Qui es-tu et d’où tu viens?

Sheng : Je suis Sheng j’ai 22 ans. J’ai grandi entre le 92 et le 94. Du côté de mes origines, ma mère est Chinoise et mon père est Libanais.

R : Tu aimerais parler l’arabe?

Sheng : J’aimerais vraiment parler l’arabe surtout littéraire. Mon désir est de visiter le Liban mais ma priorité est de perfectionner le Chinois.

R : Tu es déjà allée en Chine?

Sheng : Oui totalement ! Lorsque j’étais petite jusqu’à mes 12 ans j’y allais chaque année. J’ai un lien très fort avec ce pays qui me manque beaucoup. Cela fait dix ans que je n’y suis pas retournée.

R : On ressens ce lien avec la Chine à travers ton nom Sheng. Tu interprètes dans pas mal de tes morceaux des passages en chinois. C’est une façon pour toi qu’on comprenne tes propos à l’autre bout du monde?

Sheng : Oui mon objectif est de toucher la Chine. Les membres de ma famille habitant ce pays n’ont pas accès à Youtube, Instagram, Facebook etc… Donc c’est assez compliqué pour eux de suivre mon évolution. Ces derniers temps, j’écris davantage en Chinois. Et cela va en crescendo avec le fait que ce pays me manque de plus en plus. La plupart des artistes en France puisent leur inspiration de rockeurs, rappeurs du pays etc… Moi je ne puise aucune inspiration d’artistes Chinois.

R : Justement, tu viens de me dire que lorsque tu commences, tu n’a pas d’inspiration à faire ce que tu fais aujourd’hui. A quel moment tu as eu ce déclic de te lancer dans la musique?

Sheng : Lorsque j’ai commencé à découvrir la vie sociale, vers 2019, au moment où je suis rentrée à la fac. La fac a été une expérience de fou. Je me suis fait des potes incroyables, j’ai enchaîné les concerts et soirées avec eux. Ils écrivaient et kickaient beaucoup donc je me suis entre autre inspiré de cet environnement.

R : A quel moment tu commences à prendre cela au sérieux?

Sheng : J’ai sorti Vénus en 2019 disponible sur mon EP puis j’ai enchaîné par des freestyles sur 1minute2rap. Au départ, je ne me sentais pas légitime à prendre ça au sérieux. Vers 2020, avec le soutien de mes amis, j’ai commencé à prendre au sérieux la musique. Puis en Décembre, lorsque j’ai signé en label à Syndicate, être entourée de professionnels m’a donné beaucoup de confiance et de force en ce que je fais.

R : Tu me parles de ton label. Comment s’est fait la rencontre entre vous?

Sheng : La rencontre s’est faite avec mes deux managers: Charles et Fredo. Ils ont proposé mes sons au label qui a kiffé. De cela, deux rendez-vous m’ont été donnés sur lesquels j’ai répondu présente. A partir de là, il m’as fallu six mois après ce premier rendez-vous pour signer. Le fait que ce soit le label d’Oboy qui est un artiste que j’écoute beaucoup est, aujourd’hui encore, une grande opportunité pour moi.

R : Oboy c’est une inspiration pour toi?

Sheng : De fou ! Il fait partie des rappeurs que j’ai pas mal saigné. Que ce soit son morceau Nuit où d’autres morceaux, il a une grande patte qui m’inspire fortement.

R : J’aimerai que tu nous parles de ton style musical. Comment peux-tu le définir?

Sheng : Globalement, cela reste du rap à tendance mélancolique saupoudré d’influences de musiques chinoises.

R : Tu as écoutée beaucoup de musiques chinoises?

Sheng : Je n’écoutais pas que ça, mais ma mère écoutait beaucoup de chants bouddhistes. C’est pas mal de chants a cappella avec des voix graves. Et justement, dans Enfants Terribles, j’essaie de restituer cela. Ce sont des influences légères mais présentes.

R : Tu as d’abord ce rapport avec les musiques chinoises quand tu es plus jeune avant le rap?

Sheng : Oui totalement ! J’ai baigné tardivement dans le rap. C’est vraiment au lycée que j’écoutais avec des rappeurs US ( XXXTentacion … ) puis du rap Français par la suite.

R : Comment tes parents voient ton parcours? Sont-ils fiers de voir que tu es signée, que tu as sortie un EP ?

Sheng : Je pense qu’ils sont assez fiers aujourd’hui. Au début mon père était à la fois curieux et inquiet. Du côté de ma mère, elle était beaucoup plus enthousiaste du fait qu’elle souhaitait devenir artiste étant jeune. Lors de mon showcase privé à l’occasion de la sortie de l’EP, ils étaient présents et je suis certaine qu’ils étaient fiers.

R : J’aimerai que l’on parle de cet EP sorti le 24 Juin dernier. Peux-tu me parler de sa conception? Depuis quand l’as-tu fait, depuis quand travailles-tu dessus? Revenir en quelque sorte sur ton premier  » bébé  » dans l’univers de la musique.

Sheng : Ce premier EP montre une sorte d’évolution. Le passage de l’enfance-adolescence à l’âge adulte. Mon premier son Vénus en 2019 va côtoyer Galaxie sorti en 2022. C’est un projet évolutif où les morceaux n’ont pas été produits en même temps. C’est un premier EP témoin de cette période entre désillusion et découverte.

R : As-tu eu peur que l’on voie la différence entre les sons anciens et récents? As-tu essayée de masquer ça?

Sheng : Bien sur j’ai eu peur. Le premier son parle de choses assez intimes. C’est une peur d’être vulnérable. De l’autre côté, c’est une naïveté assez intéressante que j’ai voulu garder. Lorsque j’ai écris Vénus j’ai eu 18-19 ans et je pense que ce morceau peut faire écho à des jeunes de 18-19 ans. Je pense que la différence n’est pas drastique

R : Si je ne dis pas de bêtise, dans cet EP il n’y a pas de feat. Est-ce une volonté de ta part de montrer ta palette et de ne pas être accompagnée d’artistes?

Sheng : Oui totalement, tu as tellement bien expliqué que je ne peux rien dire de mieux ( rires ). En effet, c’est une vraie volonté de montrer ma palette, mes skills, et de prouver que je peux me débrouiller seule. Cela me paraissait assez important de montrer plusieurs facettes de moi-même.

R : Des EP risquent d’arriver dans peu de temps, il y a t’il une date que tu peux nous communiquer?

Sheng : Nous sommes en train de boucler le deuxième EP, je pense qu’il sortira d’ici la rentrée.

R : Comme tu as cette ouverture au monde chinois, nous pourrions envisager des featurings avec des artistes bouddhistes ou Chinois. Je ne sais pas si c’est à l’ordre du jour, mais qu’en penses-tu?

Sheng : De fou, un de mes rêves serait de rendre la musique plus accessible en Chine. C’est clair qu’avoir des connexions avec des artistes en Chine serait un grand objectif. C’est aussi ça la musique. Un partage qui dépasse les clivages politiques.

R : Donc pour les prochains projets, tu auras davantage d’ouverture par rapport à cette culture?

Sheng : Bien sur, on apprend toujours plus en côtoyant les autres et les autres cultures, c’est vraiment formateur.

R : J’ai une dernière question sur ta technique de travail. Es-tu du genre à devoir être dans ta bulle comme en séminaire? Ou davantage à devoir sortir en extérieur pour trouver de l’inspiration? Comment travailles-tu?

Sheng : Je trouve que ma manière d’écrire et topliner se transforme peu à peu. Auparavant j’écrivais dans ma chambre. Depuis, j’écris dans les transports et même en studio, car l’ambiance avec les enceintes me convient. Avant j’étais timide et introvertie, donc la musique était pour moi intime. J’avais peur du jugement du beatmaker. Maintenant je suis entourée de gens de confiance et je suis beaucoup plus heureuse et confiante.

R : Par curiosité, à quel studio travailles-tu?

Sheng : Je bosse surtout chez Medeline, le principal beatmaker qui a fait mon EP. Et également chez Flatline Studio avec Antho, c’est un studio sur Paname. Ces deux ingénieurs du son me guident beaucoup. Ils ont beaucoup d’expérience dans la musique et me fournissent de précieux conseils.

 

 

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