Le Morceau : C’est sans aucun doute un des classiques de Dinos . Les deux MC’s y font l’étalage de toute leur ambition et de leurs talents d’écriture. Les punchlines s’enchainent avec une continuité bien travaillée.
«Gars j’t’arrose j’vis dans une tour de fous / On est condamnés à l’échec… #KASPAROV ! » Dinos Punchlinovic (Ft. Nekfeu) – Bouchées triples.
Le sens : Punchlinovic… Le mec fait honneur à son nom. Procédons dans l’ordre.
En fait, vous l’aurez compris, Dinos décrit ici le quartier à l’aide du champ lexical du jeu d’échec pour accomplir sa rime hashtag. C’est un type de rime qui nous provient des Etats-Unis et qui bien sûr, a connu son avènement avec l’arrivée de Twitter. Il est très utilisé par certain rappeurs tels que La Fouine (on se souvient du Hashtag #rapcommeLaFouine).
Ainsi, en commençant par « Gars j’t’arrose », en plus de préparer la rime, le petit prodige de la Punchline dépourvoit sa description du quartier de tout romantisme. Ensuite, par un procédé très habile il parle du quotidien en évoquant les pièces du jeu d’échec « je vis dans une tour de fous » (la tour et le fou pour les novices… Oh ça va je taquine…).
Ensuite il donne une critique sociologique en affirmant que la population des quartiers est condamnée à l’échec, inutile de vous expliquer le double sens de l’expression. Il en profite donc pour placer sa rime en hashtag : « #KASPAROV ! »
Cela dit, la vision de Dinos n’est pas si négative que ça, en effet, quand on se penche sur l’identité de Garri Kasparov, il est difficile de juger qu’il soit « condamné à l’echec » bien qu’il soit champion du monde de la discipline de 1985 jusqu’en 2000 ! C’est même justement pour ça que l’on peut considérer qu’il a réussi. Actuellement engagé en politique contre Vladimir Poutine, le champion n’en est pas à son premier combat.
Mention spéciale pour Dinos qui nous livre là une punchline pure et dure comme à son habitude, pleine de nuances et de sens cachés.
Et c’est pas tout…
Technique : Comme souvent avec les punchliners, on a une structure de rime bien travaillée, et ici, en plus, originale.
En effet, la limite entre les deux phases est assez floue puisque les rimes se trouvent à l’extérieur des vers : au tout début et à la toute fin. Elles sont mises en relief par l’accentuation de la dernière syllabe dans la prononciation, ainsi : « Gars j’t’arrooose » / « Kasparooov ».
Au milieu, les trois « d » de « dans » « de » et « condamné », renforcés par le « t » de « tour » donne du rythme et de la continuité pour mieux créer la rupture nécessaire à la rime en Hastag. Travail d’orfèvre.
Forme : + + + +
Fond : + + + +
En gros, c’est du lourd !
Bien sûr, tous les avis et interprétation énoncés ici sont subjectif et tout autre avis peut être pertinent !