Le Morceau : C’est un classique, un morceau fondateur dans la discographie de Kennedy. Il relate son histoire de sa naissance et arrive jusqu’à son actualité de l’époque. Rebelote en 2009, sur la suite de ce morceau, « Flashback 2 », Kennedy ré actualise le concept. Ces deux morceaux forment en quelque sorte la colonne vertébrale de la carrière du rappeur du 94. Carrière prometteuse mais jonchée d’embûches… D’ailleurs…
« Certains m’ont encouragé, d’autres m’ont haï, j’ai été trahi / J’suis toujours le même Ali, V-R-A-I » Kennedy – Flashback
Il faut comprendre qu’à la fin Kennedy prononce « vé-érr-a-i », il épelle le mot.
Le sens : Parfois, et même souvent, la force d’une Punchline ne réside pas plus dans son contenu caché ou dans la subtilité de sa tournure que dans le sentiment qu’elle évoque à l’écoute. Ici, c’est les deux.
Cette phase surgit vers la fin du morceau et résume bien l’enjeu et l’objet de ce titre. Dès la première écoute, l’emploi de mots puissants et finement utilisés donne un caractère épique à la phrase. Ali (puisque c’est son prénom) sait manier les mots, mais il sait surtout lesquels manier.
En effet dans la première phase on a trois termes forts, de plus en plus forts même, on passe d’encouragements à haine, et de haine à Trahison. On croirait le scénario de Game of Thrones non ?? Bon, en tout cas c’est épique quoi…
Ensuite l’emploi de son propre prénom renforce l’authenticité du terme « vrai », qui le suit directement…
C’est assez fascinant de voir comme l’artiste peut résumer la voie que prend sa vie en seulement deux phases, et surtout à quel point c’est saisissant pour l’auditeur.
Technique : ça ne rime pas ? Faisons en sorte que ça rime ! Rien n’est impossible à qui en est convaincu. Ceci justifie la prononciation de « V-R-A-I » plutôt que « vrai ». Mais lorsque l’on étudie la structure et l’ambition du projet de rime sur cette punchline, on ne peut qu’être saisi par la justesse des termes, une fois de plus.
Car en effet « haï », « trahi », « Ali » et « V-R-A-I », ça rime. Heureux hasard… Ou plutôt non : putain de génie. Car en fait, oui tout cela rime, mais pas de la même manière. Quand « Haï » et « Ali» riment naturellement de par leurs voyelles « a » et « i », les rimes de fin de phases : « été Trahi » et « V-R-A-I » remontent deux syllabes plus haut pour rimer sur quatre syllabes (et non juste deux) avec les sons voyelles « é », « é », « a », « i ». On remarque donc que même si tout rime, les rimes de fin riment « encore plus ».
Aussi, vous remarquerez comme les expressions « encouragé » et « toujours le mêm’ » sont proches en terme d’énonciation. En effet, avec même une syllabe en commun (« our »), les trois syllabes de fin des deux expressions riment presque à l’exception de celle du milieu (« ra » et « le »).
Et oui ! C’est du travail d’orfèvre, et ça passe merveilleusement bien à l’oreille, et de l’oreille ça nous transperce le cerveau, parfois même jusqu’à atteindre notre cœur.
Forme : + + + +
Fond : + + + +
En gros, c’est du lourd !
Bien sûr, tous les avis et interprétations énoncés ici sont subjectifs et tout autre avis peut être pertinent !