Médine – L’4MOUR / extrait du spectacle LA HAINE

Pour la première fois en France, en 1983, après le bal des Minguettes et la marche pour l’égalité et contre le racisme, la France découvre le visage des descendants d’immigrés. Douze ans plus tard, le film La Haine de Mathieu Kassovitz sort au cinéma. L’hommage est complet. Après quelques tentatives, comme Le thé au harem d’Archimède, le réalisateur français est le premier à donner un visage à une rébellion dans un quartier français, après une bavure judiciaire. Le film est présenté comme une tragédie inéluctable, qui mène à un final odieux où, de la bavure, naît un désastre d’injustice. Kassovitz est primé par le prix de la mise en scène à Cannes, tandis que le drame d’Emir Kusturica remportait la Palme d’or. Dans le film du réalisateur bosniaque, un homme enferme une communauté dans les égouts pendant la Seconde Guerre mondiale et des dizaines d’années après, leur faisant croire que la guerre n’est pas terminée pour les forcer à fabriquer des armes. La Haine de Kassovitz, c’est le contraire : une tension grandissante entre les forces de police et les quartiers français, que personne ne veut voir. Et cette tension se résout parfois dans la violence la plus totale, faisant des victimes des deux côtés.

Kassovitz a ses « enfants » dans le cinéma. On pense, par exemple, à Ladj Ly, qui a réalisé un remake des Misérables de Victor Hugo, au même endroit à Montfermeil, deux cents ans plus tard, tandis que rien n’a changé. On pense aussi à Romain Gavras, lui aussi du collectif Kourtrajmé, qui a réalisé une « tragédie grecque » moderne sur le même sujet.

Il y a quelques mois, Kassovitz a lancé une comédie musicale La Haine, avec une bande originale impressionnante, comportant des artistes à l’envergure extraordinaire comme Benjamine Eps, Médine, Youssoupha, Akhenaton et Oxmo Puccino. Entre la jeune et la vieille garde, ces artistes ont en commun d’être des paroliers fabuleux, représentant hautement la culture hip-hop ramenée au sommet des charts par la nouvelle génération, mais aussi corrompue par le marché et ses exigences, comme n’importe quel produit de haute consommation. Et comme partout, l’exception culturelle, qui nourrissait les lyrics intelligents et poétiques du rap français (répondant à l’héritage de la « Chanson Française »), se perd dans l’influence grandissante du hip-hop américain, avec sa trap, sa drill et sa cloud.

Le visuel de L’4mour de Médine, réalisé par Mathieu Kassovitz lui-même, vient d’être dévoilé. Le choix de Médine n’est pas innocent. L’homme « a une polémique par mois, mais (il) reste jovial » (« Kyll »Booba feat Médine), et la méconnaissance de ses écrits et de son œuvre fait souvent de lui la caricature du rappeur « islamisé » par l’extrême droite.

Médine : « Une polémique par mois, mais je reste jovial ! »

Médine a maintes fois été le sujet du roman national français. Première polémique, et peut-être la plus idiote : le rappeur écrit La saga des enfants du destin. Dans les différents épisodes, il se met dans la peau de personnages ayant, de près ou de loin, été victimes de « grands mouvements historiques ». Il se fait le porte-voix d’une rébellion ou d’un drame. Et tout y passe : de Kunta Kinté à la révolte des « Kannaks », en passant par les deux faces du conflit israélo-palestinien ou encore le Vietnam. Certains journalistes sont partis « piocher » ses lyrics sans prendre en compte le concept de la saga (se mettre dans la peau des personnages) pour en tirer des conclusions hasardeuses.

Dans tous les cas, avec son Don’t Laïk, brûlot contre la laïcité brutale, il devient peu à peu, dans une France à l’identité en crise, la cible de tous les chroniqueurs d’extrême droite, voire de droite. Même la Fête de l’Humanité a eu du mal à l’accueillir sans créer de tollé. Quand il veut se produire au Bataclan, c’est un scandale. Médine est une personnalité clivante. Mais il faut se rappeler que si des chroniqueurs souvent zélés peuvent se permettre d’évoquer sans « filtre » aucune des questions identitaires souvent polémiques, alors un Médine est en droit de leur répondre, tant qu’il respecte les limites de la liberté d’expression. En clair, il n’y aurait pas de Médine sans Éric Zemmour. C’est de ce formidable débat, souvent rugueux entre les uns et les autres, que peut naître le principe de démocratie.

Au milieu des feux, Médine chante L’4mour !

La composition classique, dans tous les sens du terme, de ce titre a été réalisée par Proof et Deymon Beats. De son studio au Havre, Proof est la légende de cette ville qui a abrité le label le plus engagé de France depuis les années 90 : Din Records. Entre le poétique Brav, l’anticonsumériste Tiers Monde, Alivor qui dévore les prods, et Médine, le label du Havre a fait son chemin. Proof est aussi à la base de certains classiques comme Grand Paris de Médine et des rappeurs du Grand Paris, mais il est également le compositeur du dernier titre de Diam’s, Et si c’était le dernier, ou de Post Scriptum de Kery James. Ses choix sont hautement engagés.

Deymon Beats est lui aussi connu pour des titres légendaires comme Monsieur Alexandre de Sofiane ou encore Violence masquée de Keny Arkana. Sofiane avait, par ailleurs, rappelé dans sa Lettre à un jeune rappeur :

« Ne deviens pas ce jeune connard, aucun principe
Qui rajoute des violons, qui pense que sa merde est un classique. »

Mais ici, le rappeur est aussi gradé que le « Général » d’Aubervilliers, et son violon glisse sur sa poésie naturellement, sans entrave.

Médine peut être clivant ou polémique. Mais à l’image du titre L’4Mour, il vient éteindre les braises en suscitant une révolte pacifique. Quand le Rassemblement National était sur le point de remporter les législatives, certains rappeurs s’étaient insurgés pour reprendre le 11’40 contre le racisme. Leur discours avait été incompris, jugé trop violent, et ils avaient été attaqués par toutes les chaînes, y compris France Info, réputée de « gauche ». Mais ici, l’air est à l’apaisement et à la révolte. À la manière d’une grande marche qu’avait accomplie un certain Malcolm X à ses débuts de rebelle, Médine réunit et avance, sans se pencher, sans tomber, mais il n’attise pas les flammes.

On connaît le talent lyrique du storyteller, la rébellion s’écrit en lettres d’or :

« On rend l’pays féérique avec les centres de Demba
Quand on fait la une de L’Équipe, on est des fiertés nationales
Mais, dans les contrôles de routine, on est des ramasseurs de balles. »

Ou encore :

« Tant qu’on aura des nœuds au ventre quand on voit l’origine du coupable
Tant qu’on étalera le casier d’un cadavre encore chaud
Tant qu’on n’arrêtera pas de voir comme un spectacle les talkshows
Tant qu’il y aura des mères qui ferment le couvercle du cercueil. »

Ou :

« On chanterait presque La Marseillaise avec Jul, avec IAM
Le bruit des kops des supporters, ça étouffe toutes les Kalach’
On aime la Garde républicaine quand elle chante avec Aya
On hait les gardiens de la paix quand ils shootent les Kanaks
Quand ils compressent les thorax de Cédric et d’Adama. »

Mathieu Kassovitz réalise la suite de La Haine !

Le visuel tourné par le grand maître commence par un « remake » identique à la fin du film La Haine, dans cette scène où Vinz, interprété par Vincent Cassel, perd la vie dans un coup de feu parti pour rien. Puis Médine sort de l’ombre pour interpréter son discours dans un théâtre bondé, accompagné de certaines personnalités comme le Prince Parolier Youssoupha, que vous reconnaîtrez.

Dans une salle solennelle mais teintée de noir et de blanc, comme le film de Kassovitz, Médine dévoile un discours magistral sur les violences sociales, médiatiques et policières, tandis que la France tente encore de trouver un Premier ministre pour gouverner un pays où plus personne ne s’entend.

ISK feat. La Fouine – Jules Koundé

Le 6 décembre dernier, ISK a dévoilé le projet « Hannibal Part. 2 », accompagné de featurings prestigieux tels que RK, Fresh La Douille, La Plaie, La Fouine, YL, Lesram, Kaaris, Mola et KLM. Depuis qu’il a imposé ses « Vérités » à coups de freestyles, l’artiste est respecté pour son flow incisif et la beauté de ses textes, aussi structurés que le rap des années 90. Cependant, cela fait bien longtemps que l’artiste, qui envoyait ses freestyles « Acharné » sur Daymolition, n’est plus un simple « rookie ». Il évoque d’ailleurs sa position sur la question dans le magazine Midi-Minuit, avant la sortie de « L’Art de la guerre » :

« Non, en réalité, je ne me considère pas comme un rookie. J’ai sorti une mixtape et trois albums, ce qui est déjà beaucoup. Il y a des grands noms du rap qui n’ont pas sorti autant de projets, donc je ne peux pas me considérer comme un débutant. »

Après avoir rendu hommage à l’ouvrage majeur de Sun Tzu, il fait référence, dans son nouvel album, au général carthaginois Hannibal, qui combattit l’Empire romain. Babylone ou l’Empire romain ont toujours été associés au « pouvoir » et à « l’empire », tant dans le rap que dans le reggae. ISK vient de dévoiler le visuel de son featuring avec La Fouine.

ISK et La Fouine la jouent comme Jules Koundé !

La composition instrumentale du titre est signée par Neits, Lesko et 7ster. Neits a placé plusieurs prods dans « Hannibal Part. 1 & 2 », notamment « À long terme » et « N’aie pas peur ». Il a également collaboré avec Hornet La Frappe et L2B. Quant à 7ster, il a travaillé sur la production de « N’aie pas peur » d’ISK. Ces deux artistes offrent une prod taillée sur mesure pour permettre aux rappeurs de kicker, une discipline qu’ils maîtrisent à la perfection.

Le rappeur du 77 enchaîne les punchlines percutantes :

« L’ancien, tu peux faire du ski et pas qu’à Chamonix »,

ou encore :

« Perdu entre le bien et le mal, donc on fait les deux. »

De son côté, La Fouine répond avec son flow intemporel, fort de ses 20 ans d’expérience :

« Les grands m’ont prévenu mais j’ai jamais écouté, je peux poser 10 points et voir sa vie t’écourter. »

Le visuel, simple et efficace, met en scène les deux équipes des rappeurs. Réalisé par Kabaw Visu, il s’inscrit dans la continuité du travail qu’il avait déjà effectué pour « Brav-M » (avec ISK, KLM et Mola) ainsi que pour le visuel du freestyle « Vérité 7 ».

Ziak – [ESSONNE HISTORY X] Grabba // Chassé Croisé (Prod. Lowonstage X Sam Tiba)

En 2021, la drill française découvre un nouveau visage avec le projet « Akimbo », comprenant un unique featuring avec Maes. Ziak, l’auteur de cet opus, se présente entièrement masqué, à la manière d’un « Vendredi 13 », sans lueur d’espoir ni lumière au bout du tunnel. Vêtu de noir de la tête aux pieds, il ramène la drill à ses fondamentaux. Depuis Chief Keef et Lil Durk à Chicago, ou encore les London Spartiate, le mouvement drill incarne à tous égards la culture des gangs. Toutefois, avec des artistes comme Pop Smoke, qui a posé les bases d’un immense mouvement drill à New York après sa mort, certains drilleurs ont adouci leur discours sous l’influence du succès commercial et populaire.

Ziak pratique une drill sombre et intense, mais ses clips, tout aussi noirs que l’âme qu’il évoque, sont d’une esthétique ultra-travaillée. Loin d’être une simple « esthétique de l’horreur », ils révèlent une finesse et une élégance singulières. L’artiste intègre également de nombreux samples d’instruments arabes dans ses morceaux, renforçant sa créativité. Ce mélange trouve un écho dans le travail d’ACID Arab, un groupe d’électro reconnu pour son usage de samples orientaux. Ce n’est pas une nouveauté dans le rap français : Rim’k avait déjà ouvert la voie avec le derbouka dans « Tonton du bled », tout comme La Caution avec « Thé à la menthe » (repris dans « Bienvenue chez les Bylkas » de Sinik).

Lors de la promotion de « Akimbo » Ziak annonçait avec une certaine assurance dans son titre « Dans les règles » :

« Deuxième album, top 1, on verra si c’est que d’la chatte. »

Avec « Chrome », il obtient un disque d’or.

« Essonne History X » : Un double projet coup de poing

Ziak vient de dévoiler un projet en deux titres intitulé « ESSONNE HISTORY X ». Simultanément, Kerchak propose un projet similaire. Les deux artistes, habitués à collaborer, s’imposent comme des piliers de la drill française. Le titre « ESSONNE HISTORY X » fait écho au film « American History X », qui raconte l’histoire d’un skinhead repenti luttant pour échapper à un passé odieux.

Ziak bouscule les codes avec « Grabba » et « Chassé Croisé » !

La production instrumentale de ce double single est signée par Lowonstage et Sam Tiba. Originaire de Lille, Lowonstage est un collaborateur régulier de Ziak, ayant travaillé sur des titres tels que « Pistol & Zamal », « Chrome », « Seinen », « Tombraider », ou encore « Vautour » avec Koba La D, et « T’aimerais » en featuring avec Kerchak. Quant à Sam Tiba, Roubaixois d’origine, il a produit plusieurs morceaux pour Ziak, dont « Flocko », « Espace », et « Ronaldo ». Il a également collaboré avec Zola. Comme à leur habitude, leurs productions sont explosives et variées. « Chassé Croisé » est plus entraînant, tandis que « Grabba » joue sur des rythmes plus irréguliers.

Dans ses textes, Ziak peint la vie de rue avec une précision et un sens esthétique saisissants :

« C’est ton problème si j’te retire un gramme à chaque minute, j’suis en bas d’chez toi, gros, fait vite
On a foi en nous, on est patient, on sait qu’la roue tourne sous V8. »

Toujours explicite, il se distingue par des punchlines caustiques :

« Ni pressionnable, ni impressionnable, on a l’sang glacé
Tu f-, tu f-, tu fixais le sol tout du long, arrête d’dire au démon qu’on s’est croisés. »

Un visuel qui traverse les époques

Le clip, à la croisée des époques, place le rappeur dans un univers médiéval. Avec finesse, il mêle les époques et les univers, offrant une dimension artistique unique qui renforce l’impact de son double single. Ziak continue d’imposer son style à la fois brut, esthétique et innovant, confirmant sa place au sommet de la drill française.

Zed feat Green Montana – Fame

Quand Stavo a annoncé que « BLO III n’était pas prévu », les membres de 13Block se sont lancés dans des collaborations et des projets solo à un rythme soutenu. Zed, notamment, a marqué les esprits avec un featuring légendaire aux côtés de Booba sur « Jauné » et la sortie de son propre projet, « Malcolm ». À en croire le titre introductif, ce projet rend hommage à la fois au Malcolm X de Spike Lee et au personnage historique. Cependant, malgré son nom évocateur, le projet, qui inclut des featurings avec Laylow, Zola, Kore, Ziak, Josman, Jolagreen23, Nekfeu et SDM, ne s’oriente pas vers le rap conscient comme on pourrait l’imaginer. Fidèle à l’esprit de 13Block, Zed mise sur une créativité sans égale, que ce soit en solo ou au sein de son groupe. 13Block incarne une vision très américaine de la musique, toujours à la recherche d’un équilibre entre authenticité et innovation.

Le rappeur a récemment dévoilé le titre « Fame » en featuring avec Green Montana. Le morceau, qui partage son nom avec un film culte explorant les sacrifices liés au succès dans l’industrie musicale, revisite ce concept pour une génération actuelle. Si le film avait été porté par la Pop Star Irene Cara, « Fame » version Zed et Green Montana offre une perspective contemporaine et ambitieuse : c’est la « Fame » nouvelle génération.

Zed et Green Montana visent la « Fame » !

La composition instrumentale de « Fame » est signée Training Center, un beatmaker réputé pour ses collaborations avec HD La Relève (« Élastiqué », « C’est le binks », « Somebody »), mais aussi avec des artistes comme ElGrandeToto, le rappeur marocain (« Bling Bling »), ou encore Joé Dwet Filé (« Corazon »). La production de « Fame » se distingue par son élégance et son raffinement, offrant un véritable caviar rap. Le sample, bien que revisité avec des rythmes actuels, semble directement inspiré des morceaux US des années 2000.

Sur cette production royale, Zed et Green Montana mettent en avant leurs talents respectifs avec des egotrips percutants et des gimmicks accrocheurs. Ils rappent avec fluidité, surfant sur cette instrumentale luxueuse :

« C’est comme a-c que j’commence les bails / Le chargeur est blindé, on t’annonce les tailles / La bécane est volée, le casque est Arai (Arai). »

Un clip à la hauteur de l’élégance musicale

Le clip, fidèle à l’atmosphère chic et luxueuse du morceau, met en scène les deux artistes dans une vie de faste. Produit par Digital Nak et réalisé par Ameya et Nadym, le visuel témoigne d’un soin esthétique remarquable. Ameya et Nadym ne sont pas étrangers aux grandes productions, ayant déjà réalisé le clip « Carré Ok » de Gims et Soolking. Par ailleurs, Ameya a également participé à la post-production du visuel « Mon année » de Guy2Bezbar.

Avec « Fame », Zed et Green Montana offrent une nouvelle dimension à leur art, alliant puissance musicale et visuel soigné, et confirment leur place parmi les figures incontournables de la scène rap actuelle.

Maes – RIVOLI

En 2021, Maes sort Réelle Vie 3.0. En prélude, il dévoile une série sur les réseaux sociaux, évoquant son vécu et, surtout, son histoire depuis sa rencontre avec son équipe. Puis, coup de tonnerre : pour une raison ou une autre, Maes et son équipe se séparent dans le feu et le sang. On évoque ici et là des fusillades liées à l’affaire. Dans son dernier titre Rivoli, le rappeur fait peut-être allusion à ces événements de manière voilée :

« C’est pas à l’hôpital, mon pote, que tu vas t’réveiller, on fait parler les matinales de tous les journaux du pays. »

Depuis, l’artiste originaire de Sevran s’est exporté à Dubaï. Il dévoile des albums plus sombres et plus « nwar ». Mais aussi différents : si Maes a goûté à la cloud rap avec Pure, il a amorcé des phases plus intenses dès Les derniers salopards et, surtout, Réelle Vie 3.0. Sur Omerta et son dernier projet La vie continue, il développe un style unique, mêlant des touches latino aux productions sans pour autant tomber dans les sonorités club.

L’artiste installé à Dubaï vient de sortir Rivoli, le dernier extrait de La vie continue !

La composition instrumentale de Rivoli est signée Nino Vella, que Maes interpelle directement dans son titre :

« J’te mens pas, on a ramé pour en arriver là, j’écris diamant en cinq minutes sur une prod’ de Nino Vella. »

Le beatmaker a déjà collaboré à plusieurs reprises avec l’artiste de Sevran, notamment sur les titres Fetty Wap et Interpol. Il a également travaillé avec Eddy de Pretto sur Pause, naviguant avec brio entre différents styles. Quelques notes de guitare répétitives et des arpèges subtils viennent souligner le discours sombre de Maes, offrant une ambiance envoûtante.

Toujours aussi sombre, le rappeur évoque son vécu et sa situation avec des punchlines marquantes :

« C’est qu’en haussant l’ton qu’le chien obéit, j’suis interdit d’détention d’armes, j’suis tombé d’dans comme Obélix. »

Il parle également de la célèbre avenue parisienne, siège du BHV et de la Samaritaine :

« On croit en Dieu, ses messagers et c’qu’ils ont révélé, j’ai pas vendu mon âme pour acheter des sapes sur rue Rivoli. »

Le clip, très esthétique et visuellement soigné, est signé par Hypnoz. Ce réalisateur a également créé le visuel de Sans Boussole de Maes, ainsi que celui du freestyle Brother Mouzone Freestyle de Dinos et de Reste Solo de DA Uzi. Le travail d’Hypnoz sublime l’univers sombre et introspectif de Maes, apportant une dimension cinématographique au morceau.

Soprano feat. PLK – Faux paradis

Dans le rap français, on loue souvent la « SACEM de Soprano« . Depuis son opus Cosmopolitanie, celui qui souhaite toujours être qualifié de « rappeur », malgré ses incursions dans la pop musique, enchaîne les disques de diamant. Et pourtant, sa carrière solo a commencé humblement avec le titre Moi j’ai pas, véritable cri de détresse d’une « Jeunesse France » en crise. Soprano, c’est une carrière immense, empreinte d’engagement artistique et politique. Avec Hiro, l’un de ses premiers titres, il réécrit l’histoire de la culture à travers les yeux d’un homme qui croit pouvoir tout changer. De Millionnaire à Everest, le petit gamin des quartiers Nord de Marseille a conquis la France et rempli le Vélodrome sans effort, comme les « gars de l’équipe » que le 3ème Œil honorait dans Hymne à la racaille de France. Et c’est en leader de sa génération qu’il a posé sur 13 Organisé avec un Sous le soleil qui plane comme une ombre sur la ville où veille Notre-Dame de la Garde.

Après des années à dominer les charts, tout en conservant sa bonne humeur et sans jamais céder aux excès du bling, Soprano décide de revenir avec un album plus « rap » que d’habitude : Émancipation. Après tout, les Psy 4 de la Rime avaient fait leur premier hit avec Le son des bandits. Lors de son passage chez Laurent Ruquier, il raconte que son père l’a sévèrement rappelé à l’ordre après son premier succès : « Je me suis sacrifié pour que tu dises aux gens que t’es un bandit ? » Mais loin des commérages sur sa SACEM ou sa vie privée, il reste avant tout le rappeur marseillais qu’il a toujours été. Du rap, il a atteint le sommet avec Everest. Aujourd’hui, il dévoile Faux Paradis en featuring avec PLK.

Sorprano et PLK te parlent des « Faux Paradis » !

La composition instrumentale du morceau est signée par Djaresma, une autre figure incontournable du rap marseillais. Ce beatmaker prolifique compte à son actif des titres comme Mon Everest, Roule, En feu ou encore Mon précieux de Soprano. Habitué à collaborer avec des artistes majeurs comme Alonzo ou BigFlo & Oli, il livre ici une production rap avec un refrain entraînant où Soprano chante. Avec Gims, ils figurent parmi les deux plus grands chanteurs français.

Sans vouloir être trop explicite, le rappeur marseillais semble évoquer une relation passée :

« À chaque fois que j’ai morflé, c’était à cause de tes mots doux / À toutes tes caresses au sens du poil, tes promesses, à tes techniques d’vaudou, hey / T’as fini par m’envoûter, par m’ensorceler, j’avais ton nom, ton visage dans mon cervelet. »

PLK lui répond en écho avec une mélancolie similaire :

« J’reste avec ceux qui m’ont connu à terre, y a du monde derrière moi, [j’suis la d’venture ?] / Toi, ils dégoûtent tes potos, ils cachent des tas d’deux-trois soucis. »

Soprano et PLK livrent un morceau chargé d’émotion, évoquant le poids des relations passées avec sincérité et mélancolie, offrant un moment de vulnérabilité rare dans leurs carrières respectives.

 

DVSN – Baby Boy

Né le 9 septembre 1997 en Seine-et-Marne et d’origine nigériane, DVSN s’affirme comme un artiste à suivre dans le paysage du rap français. Quatrième signature du label Rubson Records, le jeune rappeur a vu sa jeunesse bercée par deux grandes passions : le football et la musique. Si son rêve de devenir footballeur professionnel ne s’est pas concrétisé, il a trouvé dans la musique une vocation tout aussi exigeante, mais infiniment gratifiante.

« J’ai toujours voulu vivre de mes passions : le foot ou la musique. N’ayant pas réussi dans le foot, je me concentre désormais sur la musique. »

Fortement influencé par les icônes du rap français, comme La Fouine et Booba, DVSN s’inspire de leurs parcours pour tracer sa propre route dans l’industrie musicale. En août 2024, son talent lui ouvre les portes de Rubson Records, une opportunité qu’il considère comme un tournant dans sa carrière.

« Je travaille davantage depuis quelque temps. En plus, Rubson Records me donne l’opportunité et les moyens de réaliser cette envie en m’accompagnant sur ce chemin. »

Après un premier single remarqué, DVSN revient avec « Baby Boy », un titre aux influences reggaeton qui dévoile une autre facette de son talent. À l’aise dans toutes les disciplines du rap, il mélange ici rythmes ensoleillés et storytelling, racontant une histoire d’amour qui prend vie dans les rues de la capitale.

Avec son beat chaleureux et accrocheur, « Baby Boy » apporte une touche de légèreté et de douceur aux soirées hivernales. Le clip, tourné dans des décors parisiens, illustre cette romance avec des images vibrantes et authentiques, montrant DVSN plongé dans son idylle.

Entre sa signature avec Rubson Records, ses influences fortes et sa capacité à s’adapter à différents styles, DVSN montre qu’il est prêt à marquer l’industrie musicale. « Baby Boy » n’est qu’un début pour cet artiste ambitieux qui aspire à faire de ses rêves une réalité. Avec sa musique, il compte bien séduire un public toujours plus large et imposer son empreinte dans le rap français.

25G- A5

25G revient sur le devant de la scène avec un nouveau titre percutant, « A5 », qui incarne à lui seul l’essence brute et authentique de son art. Ce morceau solo, dévoilé récemment, s’inscrit dans la lignée de son parcours marqué par une intensité musicale rare et une vision artistique sans compromis. Fidèle à lui-même, le rappeur continue de raconter des récits sincères, nourris par ses expériences et un regard acéré sur le quotidien.

Artiste incontournable de l’underground français, 25G s’est forgé une identité unique en multipliant les collaborations marquantes avec des figures emblématiques du rap français. Parmi elles, Seth Gueko, avec qui il a partagé des titres mémorables tels que « Cabochard » et « Barroudeur », où l’énergie brute des deux artistes explose à chaque mesure. Avec Rim’K, il a signé « Le Bruit du Pépom », une rencontre intergénérationnelle où les sonorités modernes s’entrelacent avec l’héritage du rap français. Alkpote, toujours provocateur, l’a accompagné sur « Y’a Pas d’Heure », tandis que Zekwé a apporté sa puissance à « Kubiak Frappe ». Plus récemment, Gazo et Niro sont venus enrichir l’univers cinématographique et sombre de « Jason Statham », un titre qui a marqué les esprits par son intensité.

Bien qu’il brille aux côtés de ces artistes, 25G reste tout aussi puissant en solo. Son titre « Camionneur », véritable hymne de rue, cumule aujourd’hui plus de 11 millions de vues, témoignant de l’impact de son flow et de son authenticité. Avec « A5 », il renforce cette dynamique, prouvant une fois de plus qu’il maîtrise l’art de captiver son public sans artifice. Chaque morceau qu’il dévoile est le reflet d’une démarche sincère, portée par un style brut et une énergie inépuisable.

Au-delà de ses collaborations, 25G explore des territoires artistiques variés. Sur « La Douche », en featuring avec Swift Guad, il dévoile une facette introspective, tandis que « Neocrime », réalisé avec Billy Joe, plonge dans une ambiance sombre et mélancolique. Les deux volets de « Chevrotine », fruits d’un travail aux côtés de Jason Voriz et Billy Joe, s’imposent comme des pièces maîtresses d’un univers à la fois brutal et cinématographique. Enfin, « Jésus Reviens Nous Vite », où il invite Uzi Bitume, Braboss et Jason Voriz, creuse des thèmes profonds et ancrés dans le quotidien, révélant une richesse d’écriture et de perspectives.

Avec « A5 », 25G poursuit son ascension et confirme son statut de figure incontournable du rap français. Son parcours, marqué par une combinaison de collaborations de prestige et de projets solo percutants, le place parmi les artistes les plus authentiques de sa génération. Ce nouveau morceau n’est pas qu’une simple sortie : c’est une nouvelle preuve de sa capacité à conjuguer puissance et sincérité, tout en continuant à écrire sa propre légende dans l’univers du rap.

Maureen – Lass Palé

Maureen, chanteuse martiniquaise, est devenue l’ambassadrice incontestée du Shatta, un style musical qu’elle a popularisé avec brio. Passionnée par la musique et la danse depuis son enfance, elle excelle d’abord comme danseuse, ce qui enrichit plus tard ses performances scéniques. En 2018, encouragée par ses proches, elle se lance dans la musique. Dès 2019, son titre Flex lui vaut un succès fulgurant, attirant l’attention des médias et des organisateurs d’événements.
Enchaînant les hits, Maureen s’impose avec des morceaux comme Tic en 2020, qui dépasse les frontières et est joué lors d’un défilé Thierry Mugler. En 2022, elle marque l’album Tombolo de Kalash avec Laptop, qui devient single d’or et remporte un trophée aux Flammes 2023. Elle collabore aussi avec des légendes jamaïcaines comme Mr Vegas et Vybz Kartel, un rêve d’enfant devenu réalité.
Forte de ses talents de danseuse et chanteuse, elle brille sur les scènes de festivals prestigieux tels que le Baccha Festival ou Karukera One Love, captivant divers publics avec des shows mémorables. En 2023, portée par ses fans, elle travaille sur un EP, précédé des singles Pum Fat et Tkt pas. La sortie du projet en mars 2024 suscite un engouement médiatique, des plateformes comme Konbini et France Inter s’intéressant à cette artiste chantant majoritairement en créole.

Après un single aux côtés de Bamby et un son où Jyeuhair apparaît en featuring, la jeune artiste est de retour avec « Lass palé », depuis vendredi 13 décembre 2024. Le clip est percutant et terriblement sexy.

Kabbsky – Virus

Kabbsky, jeune rappeur talentueux originaire de Bois-Colombes, vient de marquer un tournant majeur dans sa carrière avec la sortie de son EP « Virus ». Cet opus, qui incarne sa transformation artistique, s’inspire du personnage de Venom dans Spider-Man, symbolisant son passage à un nouveau niveau de créativité et d’énergie. À travers ce projet, Kabbsky déploie une énergie remarquable, portée par des productions puissantes et des placements millimétrés. Chaque morceau de cet EP témoigne d’une intensité rare, affirmant avec force l’identité unique de l’artiste dans le paysage musical actuel.

Dans « Virus », Kabbsky invite des artistes comme Malo, Keeqaid et Skuna, apportant des collaborations qui viennent enrichir l’univers sonore du projet. Ce dernier reflète ses influences variées, allant du rap français au rap US, en passant par des sonorités de Kuduro, Drill, Jersey et Hip-hop. Ayant grandi à Angola avant de s’installer dans le 92, Kabbsky a su fusionner ces différentes influences pour créer un style distinctif et percutant. Depuis ses débuts en 2021 avec le single « Kamabau drill 01 », il n’a cessé de progresser, enchaînant les projets comme « IDYLLIQUE » en décembre 2023, et multipliant les collaborations avec des artistes de renom. Avec « Virus », il démontre une nouvelle fois sa capacité à se renouveler et à se surpasser, se positionnant comme un artiste à suivre de près dans les mois à venir.